Dimanche 24 Novembre 2024
Photo : Jean-Bernard Nadeau
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Date
15.11.2021
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Alors que se tiendra du 14 au 16 février 2022 à Paris Expo porte de Versailles le salon Wine Paris & Vinexpo Paris regroupant 2800 exposants, Rodolphe Lameyse, directeur général du groupe Vinexposium a accepté de nous en dire davantage sur les enjeux de cette rencontre qui pourrait dans les années futures supplanter enfin le salon ProWein en Allemagne.
On imagine que le COVID a représenté une période très difficile pour l’industrie des salons…
18 mois sans activité, sans chiffre d’affaires, à faire, défaire, à gérer des problématiques humaines... Cela s’est traduit par un ajustement des effectifs. Nous venions d’annoncer notre rapprochement avec Wine Paris, il a fallu fusionner deux sociétés, deux équipes, dans un contexte où les gens ne pouvaient se voir qu’en visio. Déjà, une intégration, c’est compliqué, mais une intégration sous covid, cela représente un sacré défi. On l’a fait ! En même temps, c’était une opportunité. Cela nous a permis nous, Vinexposium, le nom de la nouvelle entité avec notre salon Wine Paris & Vinexpo Paris qui ne fait plus qu’un, de fédérer toute la filière française des vins et spiritueux : les 13 interprofessions françaises, le CNIV, la CNAOC, la FEVS, la FFS, la FFVA (Fédération française des vins et d’apéritifs). Tout le monde s’est retrouvé derrière le message suivant : on a besoin d’une plateforme privilégiée pour la commercialisation de nos produits à l’export, cette plateforme ne peut plus être en Allemagne, on veut un produit qui nous ressemble, qui nous appartienne et dans lequel on se sente intégré, ce produit c’est Wine Paris Vinexpo Paris et il faut que le gouvernement comprenne que bien que ce soit en France, c’est le premier salon à l’export de la viticulture française.
Nous avons donc envoyé un courrier au mois de mars à l’attention du ministre de l’agriculture, du premier ministre, et du ministre commerce extérieur. La viticulture est rattachée au ministère de l’agriculture, mais son représentant auprès du ministère c’est la FNSEA, si bien qu’elle est traitée parfois en parent pauvre. Nous avons réussi à faire bouger les lignes en faisant en sorte que la viticulture soit en prise directe avec le commerce extérieur, dans la mesure où elle représente le deuxième contributeur dans la balance du commerce extérieur, ce que beaucoup ignorent. Nous avons ensuite eu des relations avec l’Elysée. Le gouvernement a pris acte de cette volonté de se réunir derrière Vinexpo et a félicité les acteurs de la filière de ne plus agir de manière dispersée, s’engageant pour sa part à donner un appui politique fort. Pour une fois, les Français apprennent à chasser en meute.
Jusqu’ici les pouvoirs publics soutenaient ProWein ?
Il existe un paradoxe français sur ce sujet. L’État au travers de Business France subventionne des producteurs français pour aller faire la promotion de leurs vins en Allemagne et du coup la subvention irrigue toute la chaîne économique allemande. En subventionnant les Français pour venir à Paris et en cherchant avec cet argent à faire venir les acheteurs du monde entier, on aide à la fois la viticulture française et le tourisme d’affaires en France qui a particulièrement souffert. Une fois que les acteurs sont là, comme on est à Paris, ils sont à une heure de TGV de Reims, deux heures de la Bourgogne, une heure de la Loire et deux heures de Bordeaux. On ne peut pas faire mieux ! Les salons ont lieu lundi, mardi, mercredi, j’encourage vivement les uns et les autres à partir ensuite sur les vignobles.
En même temps le faire à l’étranger en Allemagne cela a aussi du sens, on est au moins sûr d’avoir une clientèle allemande et étrangère importante, c’est ce qui intéresse les viticulteurs et les vendeurs qui se déplacent…
En effet. C’est pour cette raison que le gros enjeu pour nous est de parvenir à augmenter la part de vignobles étrangers présents sur l’événement. A ce jour, ils représentent 15% ce qui est encore insuffisant. C’est seulement grâce à cet enrichissement de notre offre que nous parviendrons à motiver les acheteurs étrangers à venir. Si on reste trop franco-français, à un moment donné nous serons limitatifs, nous devons être plus ouverts. Lorsque vous voyez un restaurant vide, vous n’osez pas y rentrer, quand il est à moitié plein, vous vous dites que cela ne doit pas être mal et vous tentez. Je me suis donné trois ans pour que la bascule s’opère. Le coût de transfert pour aller de Düsseldorf à Paris est très faible, il est même plutôt avantageux. Lorsque vous êtes à Düsseldorf, la capacité hôtelière est limitée et exorbitante en termes de coûts … Paris est facile d’accès, vous avez une offre hôtelière folle, une offre de sorties en dehors du salon géniale, il n’y a que des atouts. Pour moi, c’est un « no brainer », dans trois ans la bascule sera faite sur Paris.
Est-ce que vous sentez un certain enthousiasme monter pour votre prochain salon de février ?
Le covid a été une opportunité : en février, Paris sera le premier rendez-vous mondial des vins et des spiritueux depuis deux ans. Comme cela arrive après un phénomène de contrainte, les remontées du terrain, qui sont confirmées par les maisons champenoises, bordelaises…, sont unanimes, il y a un sentiment de fête qui se dégage, c’est la Libération, on peut faire du business, mais on va aussi célébrer la joie de se retrouver. Demain, en février, le monde n’aura pas repris ce qu’il était en 2018, est ce qu’on aura les Asiatiques ? Pas forcément… On ne va pas se retrouver avec 300.000 personnes parce qu’il y aura toujours des contraintes de déplacement plus ou moins fortes. Mais je sens une excitation, une envie de tout lâcher, cela dépasse tout ce que j’ai pu voir dans l’industrie des salons, on y va pour faire du business et au-delà, on y va pour se reconnecter dans une filière viticole où l’élément essentiel reste le partage.
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