Dimanche 22 Décembre 2024
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27.09.2012
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A l’occasion de la conférence de rentrée du CIVB, le vignoble bordelais a tracé bilan et perspectives dans un paysage en pleine mutation : si les clignotants passent au vert grâce à l’exportation, le marché français continue à décliner.
Georges Haushalter, président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), tenait lundi une conférence de presse de rentrée pour faire le point sur les sujets d’actualité, et, en premier lieu, l’état des ventes. Grâce aux exportations – plus d’un euro sur deux rentrant dans le vignoble girondin provient de l’étranger -, les clignotants repassent globalement au vert.
Sur la campagne allant d’août 2011 à fin juillet 2012, la commercialisation a atteint plus de 5, 6 millions d’hectolitres. Le plus grand département viticole de France retrouve ainsi son niveau de la campagne 2007-2008 ; soit juste avant la crise financière venue des États-Unis, qui a précipité une partie de la filière dans la crise et la mévente.
Chine et Hong Kong leaders
Mais il faut ajouter à ce chiffre – qui ne concerne que les vins d’AOC – les 465 000 hectolitres que la Gironde a commercialisés dans la catégorie des ex-vins de table, désormais appelés Vins de France. C’était la grande nouveauté réglementaire de la campagne passée, dont on ne sait encore si elle connaîtra le même succès cette année. Le département a donc écoulé plus de 6 millions d’hectolitres, soit le niveau des records de la fin des années 1990.
« L’exportation est à la base de ce redressement. C’est aussi les effets du plan anticrise Bordeaux Demain, que toute la filière a mis en place. Le marché s’assainit, même s’il reste des producteurs en difficulté. Le CIVB finance des audits pour trouver partout des solutions dans les exploitations fragiles », détaille le président Haushalter.
Ce renouveau est dû principalement à la Chine et Hong Kong, qui sont devenus les premiers clients à l’exportation (en volume et valeur) du Bordelais. Un mouvement de fond qui ne faiblit pas, même si les grands millésimes 2009 et 2010 (bien vendus) peuvent fausser la portée de ces records.
Si d’autres marchés (Royaume-Uni, Belgique…) reprennent aussi des couleurs à l’étranger, la France, qui reste de loin le premier débouché en volume, souffre et s’érode. D’où une action de communication cet été sur les rosés ou la campagne de publicité générique actuellement déployée, notamment dans la presse. Les liquoreux, également en souffrance, feront aussi l’objet d’un plan spécial.
« Nous faisons tout pour ne pas perdre en France la culture du vin. Vin et Société est notre structure commune à tous les vignobles pour mener cette bataille à Paris et ailleurs », pointe Georges Haushalter. Au niveau girondin, l’École du Vin ou les Cahiers de la Gironde verte (proposés aux écoles) mènent par exemple ce combat.
La bataille des châteaux
Mais une autre bataille fait actuellement irruption dans la sphère bordelaise : la défense du nom « château ». Ce terme très valorisant, comme celui de « clos » en Bourgogne, est protégé par des textes européens. Mais, cette semaine, doit être débattue à Bruxelles une demande des États-Unis qui souhaitent aussi l’utiliser (en français dans le texte) sur leurs étiquettes pour leurs exportations vers l’Union européenne. Un droit qu’ils avaient jusqu’à 2009 et qui leur a été par la suite supprimé.
« C’est un patrimoine à défendre. Les Américains voudraient utiliser le « château » comme simple marque commerciale, y compris avec du raisin ne venant pas de la propriété considérée, voire provenant de l’étranger. C’est de la distorsion de concurrence. Nous sommes opposés à cette banalisation », explique-t-on au CIVB.
En France, et surtout à Bordeaux – où ce terme a pris corps depuis le XIXème siècle -, un château correspond à une propriété précise. Des deux côtés de l’Atlantique, deux façons de voir le monde du vin et la qualité des produits.
César Compadre
Photo Thierry David
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