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Le Brouilly lieu-dit Pierreux de Nicolas Boudeau, meilleur gamay du monde

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

24.01.2022

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La 12ème édition du Concours International du Gamay a eu lieu à la Cité Internationale de Lyon samedi 15 janvier dernier. 738 échantillons venant du monde entier et issus du cépage gamay, ont été dégustés par un jury de 150 dégustateurs professionnels et amateurs avertis.

À l’issue de la dégustation, un « super jury » composé de différents experts (trois sommeliers, un œnologue et un journaliste spécialisé) a décerné à l’aveugle, parmi les vins présélectionnés, le trophée du « Meilleur Gamay du Monde » 2022. Nous avons posé 5 questions au lauréat, Nicolas Boudeau.

Comment préparez-vous le concours international du gamay qui a lieu chaque année à Lyon ?

Je participe depuis 2013. J’ai obtenu plusieurs médailles, la première dès 2013, grâce à une cuvée vieilles vignes, et tous les ans je mets quelques échantillons, je choisis les cuvées en fonction de celles que je souhaite développer commercialement, par exemple. Cette année j’ai mis mon rosé qui a obtenu la médaille d’argent. Mais ce sont surtout des cuvées de Brouilly car j’en ai trois sur trois lieux-dits, et c’est souvent Garanges qui vient en tête, même si cette année c’est Pierreux qui a gagné !

Salon vous, pourquoi votre vin a gagné ?

On a un lieu-dit exceptionnel sur Pierreux, avec une richesse de sol incroyable, et le millésime 2020 a connu une maturité exceptionnelle, sans compter que je fais des contrôles de maturité très fréquent afin de définir une date optimum de récolte. C’était une année très solaire, donc les vieilles vignes qui ont entre 60 et 80 ans ont moins souffert de la sécheresse puisqu’elle sont profondément enracinées sur des sols granitiques très profonds, malgré de petits rendements (de l’ordre de 20/25 hL/ha).

Cela a donné un vin complexe, très concentré, avec de la profondeur, de la longueur en bouche. On retrouve bien les fruits du gamay mais version fruits noirs, cela créée une belle harmonie ! L’effet millésime joue beaucoup sur le profil de nos vins. Là on a pu garder notre identité beaujolaise tout en étant complexe et profond.

Comment avez-vous vinifié cette cuvée et comment conduisez-vous votre domaine en général ?

On travaille beaucoup sur la vinification, trois semaines en cuves, on égrappe à 50%, on fait deux remontages par jour, on fait des pigeages, des délestages, et on travaille beaucoup l’extraction des tanins.

Ensuite le vin est élevé jusqu’en mai où il est mis en bouteille, puis il y vieillit pendant un an, ce qui lui laisse le temps de se bonifier. On travaille beaucoup les sols, on fait partie de « groupe de biodiversité » donc on plante des haies, je suis en HVE 3 et on a commencé la démarche en bio sur une partie de l’exploitation, car on s’aperçoit que sur les gobelets, c’est pas simple de faire passer le tracteur !

Que représente cette victoire pour vous ?

Ce qui me touche le plus, c’est la reconnaissance du travail accompli. De toutes ses heures qu’on ne compte pas, de notre souci de veiller à toutes les choses possibles qui peuvent rendre le vin meilleur, à notre investissement.

On s’est donné du mal, et ça paye. En Beaujolais il y a énormément de travail, c’est long pour tailler, l’ébourgeonnage prend du temps, on travaille le sol avec des charrues, le palissage de la vigne….

Et puis commercialement l’effet est très net, et cela va m’aider à développer ma notoriété. Avant il fallait que j’aille pousser les portes, mais grâce à cette médaille c’est beaucoup plus simple, j’ai déjà des appels de restaurateurs, de cavistes, qui sont intéressés pour la cuvée mais aussi pour toute la gamme. Ca me permettra aussi de continuer à travailler sur mes lieux-dits, pour monter en gamme.

C’est un bon signe pour la reconnaissance des Brouilly en premiers crus ?

Oui, c’est un super signal et ce genre de reconnaissance peut aider à faire avancer le dossier. Le parcellaire de Pierreux revient depuis plusieurs années sur la reconnaissance des lieux-dits.

Je fais partie de la commission et on se voit une fois par mois pour déguster chaque lieu-dit, mais on sait que ça va prendre beaucoup de temps, on compte environ dix ans en tout, donc à l’horizon 2030 maximum, si tout va bien.