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[Cocktails mythiques] Bloody Mary, Americano & Manhattan

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

28.01.2022

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La fascination durable qu’exercent les cocktails mythiques tient autant à l’équilibre subtil de leurs ingrédients qu’aux lieux et circonstances qui ont présidé à leur naissance. Qui les a inventés ? À quelle date ? Dans quel bar, dans quel club, dans quelle ville ? Coup de projecteur sur trois cocktails de légende, extraits de notre hors-série Spiritueux.

Bloody Mary
Paris, Harry’s Bar, 1921
Pousser la porte du Harry’s Bar à Paris, c’est voyager dans le temps, se plonger dans un décor presque inchangé depuis 1911 – date à laquelle cet établissement fut créé, ou plutôt « déplacé » de la 7e Avenue de Manhattan à la rue Daunou, à Paris. C’est dans ce décor d’acajou que le barman Ferdinand « Pete » Petiot inventa le Bloody Mary en 1921. Les origines de son inspiration diffèrent : certains soutiennent que Petiot aurait inventé le cocktail pour le comédien Roy Barton, d’autres qu’il l’aurait inventé pour Ernest Hemingway, la combinaison de tomates et d’épices permettant de masquer l’haleine alcoolisée. Le nom « Bloody Mary » fait référence à la souveraine sanguinaire Marie Ire d’Angleterre, fille d’Henri VIII.
• Recette :
– 4 cl de vodka
– 12 cl de jus de tomate
– 1 cl de jus de citron jaune pressé
– 1 pincée de sel de céleri
– Facultatif : Tabasco, sauce worcestershire

 

Americano (MiTo)
Milan, Camparino, 1861
À l’origine de l’Americano, il y a le MiTo, ou « Milano-Torino », en hommage à l’origine de ses deux ingrédients phares : le vermouth rouge de Turin et l’amaro (bitter) de Milan. Et pas n’importe quel amaro : le Campari de Gaspare Campari, issu de l’infusion d’herbes amères et de plantes aromatiques. En 1861, Gaspare invente ce cocktail à la délicieuse amertume, qui va devenir l’emblème de son Caffè Campari à Milan – qui deviendra le Camparino avec son fils Davide en 1915. C’est après la Première Guerre mondiale, sous l’influence de soldats américains présents sur le territoire italien, que le MiTo s’allonge d’eau gazeuse et se voit baptisé « Americano », un terme qui avait déjà circulé vers 1907 dans la presse italo-américaine mais qui va pleinement s’implanter à partir des années 1920. De nos jours, la tradition de l’Americano est toujours célébrée au Camparino in Galleria, à Milan.
• Recette :
– 5 cl de vermouth rouge
– 5 cl de bitter
– 5 cl de club soda
– Tranche d’orange

 

Manhattan
New York, Manhattan Club, 1874
Il ne surprendra personne d’apprendre que le Manhattan est né à New York, et précisément dans le plus célèbre « borough » de la Grosse Pomme. Tout le monde s’accorde autour d’une date de naissance dans les années 1870-1880. La version la plus communément admise est que le cocktail serait né en 1874 au Manhattan Club, peut-être sous l’impulsion de lady Randolph Churchill, qui avait accueilli, au sein du club, un banquet en l’honneur d’un candidat à l’élection présidentielle, Samuel Jones Tilden. Toutefois, la première réelle mention du Manhattan date de 1882, dans un article de « The Olean » à New York, et sa recette précise est publiée par O.H. Byron dans « The Modern Bartenders’ Guide » en 1884.
• Recette
– 4 cl de rye whiskey ou bourbon
– 2 cl de vermouth rouge
– 1 trait de bitter Angostura
– 1 cerise amarena
– Facultatif : un trait de liqueur marasquin