Dimanche 24 Novembre 2024
Jessica Litaud et Simon Faure - Domaine Jessica Litaud _ photo Clément L'hôte
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23.03.2022
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[Grands Jours de Bourgogne, jour 3] La nouvelle génération imprime sa marque dans ce vignoble voué au chardonnay. Un vent de fraîcheur que l’on retrouve dans les vins comme dans les syndicats viticoles.
« On voit de plus en plus de jeunes dans le Mâconnais depuis 5 ans. Beaucoup s’installent seuls, créent leur propre entreprise », témoigne Jessica Litaud, 33 ans. La vigneronne de Vergisson sait de quoi elle parle. «Je me suis installée en 2018, à mon nom, à partir de quelques hectares de fermage. Ça a marché plus vite que je ne le pensais, je suis ravie ! ». Même enthousiasme chez Alexis Pollier. À 27 ans, le vigneron de Fuissé est installé depuis 8 ans déjà. Il ne regrette rien. « Mon domaine est voisin de celui de mes parents. On s’entraide. Mais j’avais besoin d’autonomie. D’ajouter ma touche à ce que ma famille m’a transmis. » Grand bien lui en a pris. Dès son premier millésime, la presse internationale repère son Mâcon-Village [voir plus bas]. « J’ai décollé tout de suite ! », se souvient avec émotion le jeune vigneron. Comme lui, ils sont des dizaines à avoir tenté l’aventure à la sortie des études.
Attrait massif pour le bio
Une dynamique rare dans une Bourgogne traditionnelle, familiale et touchée par la spéculation foncière. « Dans le Mâconnais, le prix de la terre reste relativement abordable, ce qui laisse encore une chance de manœuvre aux jeunes», estime Alexis Pollier, qui tempère : « la tendance est à la hausse. Je crains que le prix des parcelles monte encore, avec la reconnaissance des Pouilly-Fuissé en 1er cru notamment, et que les prochains à vouloir s’installer aient plus de difficultés ».
En attendant, la jeunesse est largement aux manettes de ce vignoble. Aurélie Cheveau, 41 ans, préside le syndicat de Pouilly-Fuissé. Kévin Teyssier, 36 ans, celui de Saint-Véran. Et au-delà de l’aspect institutionnel, la nouvelle génération mâconnaise échange beaucoup. «Tout le monde se connaît. On s’entraide, on déguste les vins des autres », apprécie Jessica Litaud. « Cela accélère aussi les changements de pratiques. On est beaucoup ici à viser le bio ». Ce que les derniers chiffres de l’observatoire dédié semblent confirmer. En Saône-et-Loire, département où se situe le Mâconnais, les surfaces certifiées AB devraient plus que doubler dans les trois années à venir.
Nos coups de cœur chez les jeunes vignerons du Mâconnais
Mâcon Village 2020 - Domaine Alexis Pollier (8,5€) : Un chardonnay au profil droit, doté d’une belle tension et d’une salinité intense. La longueur impressionne à ce niveau d’appellation.
Saint-Véran Les Pommards 2020 - Domaine Jessica Litaud : La parcelle, en contrebas de la roche de Solutré, donne un blanc profond, à la texture charnue, et au profil élégant, rappelant les fruits d’automne mûrs et les épices douces.
Saint-Véran Vieilles Vignes 2017 - Domaine Corsin (16€) : Après une carrière dans le milieu de la course automobile, Jérémy Corsin reprend le domaine familial en 2019. Il tient à proposer des vins prêts à boire, comme ce Saint-Véran. Issu de vignes de près de 50 ans, il offre un profil à la fois charnu et frais. La minéralité est prononcée et confère de l’énergie. Fruits d’automne et notes d’agrumes forment la trame aromatique.
Saint-Véran Les Cornillaux 2020 - Domaine Chardigny (20€) : Les trois frères Chardigny, installés en 2013, ont fait des terroirs de Saint-Véran leur spécialité. Sur ce parcellaire, la trame est longue, élégante, avec une texture charnue, ainsi qu’une belle complexité aromatique, distillant des notes de pomme, de fleurs blanches, et une touche vanillée.
Pouilly Fuissé 1er cru En Servy 2020 - Domaine du Château de Vergisson : depuis la création de son domaine en 2012, Pierres Desroches fait partie des meilleurs ambassadeurs des pouilly-fuissé. Ce vin du cœur de l’appellation se distingue par sa matière riche, ses notes de coing et de tilleul, et sa finale saline qui apporte la fraîcheur et l’équilibre.
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