Accueil T-Oinos, la Grèce épurée et rare

T-Oinos, la Grèce épurée et rare

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

13.04.2022

Partager

Si l’île discrète de Tinos volcanique et monastique en face des touristiques Andros et Mykonos est célébré pour son pèlerinage et ses carrières de marbre, elle pourrait bientôt l’être pour ses vins.

Ce morceau de Cyclades au milieu de la mer Égée classé par l’Unesco ne compte encore que quatre domaines viticoles dont celui d’Alexandre Avatangelos baptisé T-Oinos, un jeu de mots avec le vin en grec (oeno). Il est suivi par deux grands noms du vin français, Gérard Margeon, le chef sommelier du groupe Ducasse qui a participé à la naissance du projet en 2002 et depuis le millésime 2017, l’œnologue conseil Stéphane Derenoncourt. "J’ai d’abord été sollicité par Gerard Margeon qui venait régulièrement goûter dans nos dégustations parisiennes, qui était très impliqué dans le vignoble depuis sa création - le premier millésime datait de 2008, mais qui n’était pas complètement satisfait des assemblages", se souvient l’œnologue bordelais qui se rend sur place pour comprendre ce vignoble planté à plus de 400 m d’altitude. Il y rencontre le propriétaire, un businessman courtier en fret, également homéopathe féru de poésie et de philosophie, « un personnage en colère, déroutant mais attachant dont le rêve est avant tout d’incarner ce vignoble ». Il avait déjà créé le vignoble de Sigolas à Santorin avant de découvrir la discrète Tinos, l’île de la vierge. La vigne sous la puissante influence tellurique a été plantée en franc de pied à haute densité 9000 pieds/hectare sur échalas dans un paysage austère et lunaire bénéficiant de fortes amplitudes thermiques et de grosses chaleurs, de peu de pluies et beaucoup de vents. La viticulture y est un véritable défi dans ce rude climat sur ces sols essentiellement granitiques qui donnent des rendements autour de 15 hl/ha pour les blancs, plutôt 12-13 pour les rouges « Il a fallu changer la gestion hydrique en abandonnant l’irrigation, en décompactant les sols avec des petits chevillards et de l’enherbement pour compenser le manque d’azotes et faire plonger les racines en profondeur. L’idée était d’épurer, le style des vins ». Le vignoble du Clos Stegasca, la parcelle principale, est planté en cépages locaux notamment en assyrtiko pour une production majoritairement en blancs à 70%. Les rouges sont à base de mavrotragano, cépage célèbre à Santorin et apparenté à la syrah mais qui était en voie de disparition. Les vins sont vinifiés en levures indigènes. Des vins rares produits à 12000 bouteilles (20 000 à terme) pour les blancs, 2000-2500 pour les rouges. Ils sont vendus entre 75 et 100€ principalement sur de grandes tables étoilées en France, au Japon, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Grèce. La gamme comprend également un Mavrosé essentiellement à base de avgoustiatis, mavrotragano et d’un Malagousia, malvoisie élevé en amphores.

Terre de Vins aime

©F. Hermine

Clos Stegasta blanc 2020  : minéral et floral, sur un léger frisant, des arômes d’immortelle et de fleurs fanées sur de beaux amers, une fraîcheur saline et une finale délicatement épicée

Clos Stegasta rouge : Epicé sur un léger boisé-grillé, des arômes de fruits rouges et noirs, d’olives, une note torréfiée sur des tanins veloutés

Rare blanc : minéral et vertical, d’une grande finesse sur des rôles de fleurs séchées, de zestes de cédrat et des notes empyreumatiques

Rare rouge : Floral sur des arômes de fruits rouges, de cassis, réglisse sur une note de cacao et des tanins poudrés et soyeux tout en longueur.