Vendredi 27 Décembre 2024
©Michel Jolyot
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Date
27.05.2022
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Nouveau président de l’Union des Maisons de Champagne, David Chatillon présente la feuille de route des Maisons pour l’appellation dans un contexte très particulier où la demande excède de plus en plus l’offre.
Comment se porte le commerce du champagne depuis le début de l’année ?
Les expéditions sont toujours très dynamiques : à fin avril, sur douze mois glissants, on était à 332,5 millions de bouteilles ! Ce rythme devrait ralentir au second semestre parce que la disponibilité des vins ne peut pas suivre. Par ailleurs, certains marchés ont sans doute anticipé des commandes pour se prémunir contre les difficultés logistiques ou même l’inflation.
Vous venez de prendre la présidence de l’UMC, quelle est votre feuille de route ?
L’objectif est de co-construire le contexte d’un développement durable des Maisons et de la Champagne pour leur permettre de satisfaire les clients et consommateurs les plus exigeants au niveau mondial, afin d’assurer une croissance de leur chiffre d’affaires. Pour cela, il faut renforcer la valeur matériel et immatériel du mot « champagne » via les trois dimensions du développement durable. Parmi les priorités, la première consiste à assurer un volume de production de raisins à la hauteur de la demande des marchés. Notre modèle de fixation du rendement commercialisable est performant mais nous devons améliorer nos outils de régulation pour éviter de nous priver du moindre kilo de raisins de qualité comme en 2020.
La deuxième priorité vise à assurer une production de raisins de très grande qualité. De nombreux outils sont à notre disposition (bon de livraison, tri optique, analyses…) pour continuer de progresser encore et toujours… On ne peut pas croître en valeur, si on ne croît pas en qualité.
La troisième priorité, c’est l’innovation dans le vignoble pour relever le double défi de la réduction des intrants, de l’empreinte carbone et du changement climatique. Dans cette rubrique « innovation », nous devons aussi intégrer la question de la productivité du vignoble dans un contexte où le rendement moyen décennal a baissé ces douze dernières années.
Nous menons actuellement un très gros travail interprofessionnel pour enrichir la feuille de route du Comité Champagne et la hisser au niveau des enjeux qui sont énormes. De premières décisions y compris budgétaires seront prises en juillet.
Dans votre discours à la dernière Assemblée du SGV, vous avez évoqué la question de l’ODG dont toutes les missions devraient être assumées par le Comité Champagne selon vous…
Au départ, l’ODG c’est l’idée d’un ministre qui s’est dit qu’il était intelligent que « tous les opérateurs » (c’est-à-dire les Vignerons et Maisons) se parlent et co-gèrent ensemble leurs appellations. C’est exactement le modèle champenois depuis plus de 100 ans. Par un tour de passe/passe, « tous les opérateurs » sont devenus « les déclarants de récolte » mais uniquement pour les appellations viticoles. C’est absurde : en se privant de l’expertise de ceux qui connaissent les marchés pour fixer les conditions de production, on finit par produire des choses dont personne ne veut plus. Heureusement, en Champagne, l’ODG nous associe à ses travaux sur le cahier des charges mais il serait plus sain et efficace que cette mission soit aussi confiée au Comité Champagne. Ce serait fidèle au modèle qui a contribué à construire le succès de notre appellation. Je le redis : s’il y a 80 ans, nos prédécesseurs n’avaient pas tenu compte de l’évolution du goût des consommateurs pour des vins moins sucrés, nous serions restés un vin de dessert et sans doute morts aujourd’hui.
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