Jeudi 26 Décembre 2024
©F. Hermine
Auteur
Date
23.06.2022
Partager
Les spiritueux avaient doucement retrouvé des couleurs en 2021 après la réouverture des Cafés Hotels Restaurants (CHR), et le lent redémarrage des ventes en grandes surfaces et la reprise des exportations, en particulier en Amérique du Nord et en Asie. Mais la situation se fragilise à nouveau en 2022 avec une consommation atone dans l’Hexagone et surtout une forte tension sur les matières premières et les matières sèches.
L’horizon n’est pas tout rose pour les spiritueux. Alors que les exportations avaient bien repris notamment en Amérique du Nord (44% des ventes) et en Asie (29%) en 2021, elles semblent marquer un coup d’arrêt depuis quelques semaines tout comme les ventes en GD qui ralentissent surtout depuis le début de l’année (227 M l.), en particulier les whiskies et les anisés. En 2021, les spiritueux étaient en recul de 2% en volume, plutôt stables en valeur (-0,2%) mais les prix de vente sont à la baisse (en moyenne de 2,5 % en un an), la faute au pouvoir d’achat en berne, tandis que les coûts de production ne cessent d’augmenter. "Nous rencontrons des difficultés d’approvisionnement de matières premières comme de matières sèches, de prix, de délais et de gestion des stocks" rappelle Thomas Gauthier, directeur de la FFS. Et de rappeler la tension sur les céréales mais également sur les fruits et les raisins à cause des aléas climatiques, et sur les matières sèches, bouchons, étiquettes, cartons… Le verre a enregistré des hausses tarifaires jusqu’à 60%, le blé a augmenté de 50 %,le papier-carton de plus de 30%, l’électricité de 55%, le gaz de plus de 50 %,… ce qui pourrait devenir problématique notamment pour les IG (Indications Géographiques) comme le cognac et l’armagnac pour la prochaine campagne de distillation. L’augmentation des prix avec l’inflation pourrait également aggraver la situation notamment à l’export.
Les gagnants sont les rhums, les alcools blancs et les liqueurs de fruits
En France, la progression des diverses catégories apparait très hétéroclite selon les circuits : en GD, le whisky caracole toujours en tête des ventes (44,2 % des volumes) devant les anisés en recul mais ce sont les alcools blancs (gin, vodka, tequila), les rhums et les liqueurs de fruits qui accaparent les meilleures progressions ; en CHR, ces trois catégories sont plébiscitées avec un retour à la normale sans toutefois retrouvé la situation de 2019. Tandis que l’aromatisation tous spiritueux (et en particulier les rhums arrangés) tend à se développer, le bio et le sans alcool ne semblent guère remporter les suffrages en magasin, à l’exception d’une demande de produits très locaux pour le bio. Pour les no-alcool qui ne peuvent afficher « spiritueux » sur leurs bouteilles (la règlementation européenne impose un degré minimum de 15% vol), les résultats sont encore difficilement mesurables mais le président de la FFS, Jean-Pierre Cointreau, estime qu’avec 0,8 % des ventes en GD et plutôt en baisse, il n’y a pas d’inquiétude à avoir : « Il y a régulièrement une émergence ponctuelle des ce type de boissons à bas degrés souvent en lien avec la défiscalisation mais ils sont souvent très chers. On constate davantage une tendance au boire moins mais mieux ».
L’enquête menée au Salon de l’agriculture en février dernier auprès des visiteurs du stand initié pour la première fois par la Fédération Française des Spiritueux a démontré un manque de connaissance flagrant du terme Spiritueux. Néanmoins, elle a aussi mis en avant une belle côte de sympathie pour les différentes familles qui les composent (rhum, gin, vodka whisky…). « Elles sont plutôt associées à la convivialité et nos visiteurs déclaraient en consommer régulièrement, seuls ou en cocktails, se félicite Jean-Pierre Cointreau. La premiumisation s’est clairement accentuée depuis la crise sanitaire, avec une consommation plus haut de gamme à domicile ».
Davantage d’actions de prévention et formation
La FFS qui a enregistré dix nouveaux adhérents en 2021, deux en 2022 (La Fédération du Whisky de France et le Syndicat des Distillateurs Indépendants) poursuit ses actions en particulier dans le cadre de la campagne Prévention & Modération en aidant le financement des opérations de la Prévention routière, de sensibilisation au zéro alcool pour les femmes enceintes par la SAF France, de formations des professionnels avec la FCD et l’UMIH (sur l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs), de formation des bénévoles des banques alimentaires.… 5 M€ ont ainsi été investis en trois ans. Les comportements à risque ont déjà fortement baissé (10% de consommateurs quotidiens contre 20% il y a 20 ans, - 25% de binge drinking des plus jeunes et - 30% de consommation régulière à 17 ans entre 2014 et 2018). La Fédération poursuit également son engagement en matière de e-labeling des bouteilles pour davantage d’informations via les QR Codes (valeur énergétique, ingrédients…) avec un objectif de 66 % des volumes produits et mis en vente sur le marché européen à fin 2022 (déjà la moitié en 2021). Des négociations sont en cours sur le réemploi des bouteilles dans le cadre des règles européennes.
Articles liés