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[Lyon Tasting] Champagne Prieuré de Viverie : quand la dégustation raconte une histoire !

Auteur

Yves
Tesson

Date

09.10.2022

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Le champagne a l’art de mêler le vin au patrimoine. A Lyon Tasting, nous sommes allés rencontrer Vincent Grandpierre qui nous a fait découvrir la gamme que lui a inspiré la rénovation de son magnifique prieuré bénédictin à Vivier sur Artaut.

Si vous avez l’occasion de visiter l’Aube, cette étape est incontournable, le Prieuré de Viverie, à Vivier sur Artaut, nous rappelle que la Côte des Bar n’était pas le monopole des Cisterciens, les Bénédictins eux aussi y ont laissé leur empreinte.

Cette forteresse vieille de 800 ans qui tombait en ruine, a été restaurée grâce à Vincent Grandpierre qui n’a pas hésité à investir 1,5 millions d’euros pour lui redonner vie.  Ce vigneron passé par l’école d’arts appliqués de Troyes, passionné de peinture, a le sens de l’esthétique. Il a su inscrire le monument dans son temps en ajoutant un geste architectural à travers la construction d’une structure en verre et en bois qui prend la forme d’un fût et relie les deux corps de bâtiment.

Un soin que l’on retrouve dans la manière de cultiver la vigne de Vincent Grandpierre sur son domaine de neuf hectares et demi entièrement centré sur le village. Certifié HVE niveau 3 et n’utilisant plus de désherbants chimiques depuis 11 ans, il a tenté l’année dernière d’entamer une conversion bio, mais les difficultés sur le millésime 2021 où la succession des pluies ont engendré une pression sanitaire inédite, l’ont finalement contraint à abandonner cette voie. « Ce qui m’a dérangé l’année dernière, c’est de devoir sortir aussi souvent l’enjambeur. Avec le bio, on privilégie le sol et la qualité de l’eau, mais on ne prend pas assez en compte les dégagements de CO2. Cette expérience m’a toutefois permis de me faire tout un programme qui me semble plus équilibré, un peu mixte entre l’approche conventionnelle, pour maîtriser davantage le nombre de passages, et l’approche bio qui reste soucieuse de l’environnement ».

Vincent Grandpierre propose deux gammes. La première, « Robert Grandpierre », est la plus accessible et se veut la plus pure expression du terroir. La seconde, « Prieuré de Viverie » nous fait entrer dans le monde de la haute couture tout en s’appuyant sur une sélection parcellaire et en se focalisant sur les têtes de cuvée qui permettent de ne retenir que le cœur de la baie. Centrée sur le chardonnay et le pinot noir, seuls les chardonnays sont élevés sous bois. Les vins ne sortent ensuite qu’après minimum sept ans de cave. « On est vraiment sur des champagnes gastronomiques, avec plus de complexité, d’évolution ».

Cette gamme se raconte de manière originale à travers quatre cuvées. Chacune porte en guise de nom une date clef de l’histoire du Prieuré. La cuvée 1180 (52€) commémore l’édification de la bâtisse par les Bénédictins. Sur cette cuvée 80 % chardonnays, 20 % pinot noir, millésimée 2012 et dosée à 7 g, le vin offre des saveurs légèrement toastées et de beaux agrumes tandis que se dessine en filigrane une trame calcaire et saline. « 1205 » correspond à une date qui symbolise la montée en puissance du Prieuré, lorsque les Cisterciens lui firent don d’une part de leurs terres. De puissance, justement, cette cuvée n’en manque pas grâce à la part belle du pinot noir (80%) (52€)! On appréciera en particulier l’intensité de ces arômes de coing. « 1505 » est la date du passage du prieuré sous la coupe de l’évêque qui en désigne désormais le prieur à la place de l’abbé. Elle symbolise un métissage. On a donc choisi un rosé (56€) qui mêle le principe du rosé d’assemblage et celui du rosé de macération, en associant 35 % de pinot noir travaillés comme un rosé de macération, à 35 % de pinot noir travaillés en blanc de noirs, et 30 % de chardonnay. Enfin, « 1740 » correspond à la date de la reconstruction de la bâtisse sous sa forme actuelle après deux incendies successifs. Il s’agit d’un rosé dosé en extra dry (56€) dont la légère sucrosité vient exalter les fruits rouges. L’erreur serait de l’associer comme on le fait trop souvent à un dessert, au contraire il faut jouer la carte du sucré/salé et parier sur un roquefort par exemple.

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