Dimanche 24 Novembre 2024
©Isabelle Bachelard
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Date
02.11.2022
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D’un bout à l’autre de la longue vallée de la Loire, les vignerons sont contents de la qualité du millésime 2022. Seule la quantité n’est pas uniformément au rendez-vous
« Le Chinon 2022 est un très très grand millésime avec des saveurs exceptionnelles, bien au-dessus de la grande année 1989 ! » déclarait avec enthousiasme Fabrice Gasnier, le président du syndicat des vins de Chinon aux premiers jours d’octobre, alors que se terminaient les vendanges dans l’appellation des bords de Vienne. Elle devrait produire environ 40 hl/ha, avec de fortes hétérogénéités, en raison du gel (limité), de la sécheresse et de la chaleur estivale, miraculeusement compensées par la pluie du 2 septembre.
« Le climat n’est plus le même qu’il y a 20 ou 40 ans. Et le raisin ressemble au climat, car le sol, les pieds de vigne et les vignerons eux ne changent pas. Cette année, je ne peux pas comparer le millésime 2022 à un millésime antérieur à Chinon. Même si les dates de vendanges de 2022 sont finalement les mêmes qu’en 2020 et 2003, on n’a vraiment pas le même résultat. Le millésime 2022 est ligérien avec beaucoup de fraîcheur mais la matière et la maturité sont là. Il est donc frais et solaire à la fois, ça peut paraître paradoxal mais c’est ainsi » précise le vigneron de Cravant-les-Coteaux.
Touraine bien mûr
Un peu plus au nord, la constatation est similaire à Saint-Nicolas de Bourgueil où Alexandra Genneteau, directrice du syndicat, apprécie la qualité mais regrette un petit manque quantitatif, dû au stress hydrique qui a parfois bloqué les vignes. Les vendanges se sont étalées du 15 septembre au 6 octobre, un peu moins précoces que prévu en raison du manque d’eau qui a repoussé les maturités. À Bourgueil, les volumes seront amputés sur certains secteurs qui ont subi la grêle. Pour ce qui est des appellations Touraine, le volume est pour le président d’Interloire, vigneron à Oisly « moyen à moyen plus, avec des irrégularités, en raison d’une grosse grêle qui a traversé le Cher et attaqué le vignoble de Pouillé à Oisly ». Il précise que la caractéristique de l’année d’un bout à l’autre de la vallée « c’est un très bel aromatique et la belle maturité des rouges, corollaire des étés chauds ». Du côté des gamays de Touraine, Jean-Sébastien Marionnet, au domaine de la Charmoise, se réjouit d’avoir enfin « une année normale », vendangée du 30 août au 22 septembre. Il espérait un peu plus de volume dans les blancs qui tournent autour de 45 hl/ha, alors que les rouges ont donné normalement autour de 50 hl/ha. Il y a eu des coups de chaud, des brulures, mais les récoltes se sont bien enchainées, avec 20 mm d’eau bienvenues entre les sauvignons et les gamays. Les vins tournent autour de 13 degrés, avec des acidités assez basses. La cuvée qu’il a sélectionné dans sa cave pour faire un primeur est mise en bouteilles le 25 octobre – sans sulfite, comme c’est désormais l’habitude - et sera donc bien prête pour la sortie le 17 novembre.
Vouvray du sec au moelleux
Après deux petites récoltes les vignerons de Vouvray sont heureux de retrouver du volume. Au domaine Huet, les volumes sont acceptables, car il y avait à la base une grosse sortie de raisins. Sarah Hwang, qui dirige la propriété familiale se dit « contente, très contente, on a vendangé presque en continu du 8 septembre au 10 octobre ». Tous les types de vins seront faits cette année, des bulles, du sec, du demi-sec et du moelleux, grâce aux différentes caractéristiques des terroirs de la propriété, Le Mont et le Haut-Lieu. Elle précise qu’il « fallait être stratégique dans les vendanges, car il y a des parcelles qui avaient bloqué. Il fallait être patient, c’était très différent des dernières années ». La politique du domaine n’est pas de se préoccuper du stock, même si l’an dernier le gel et le mildiou avait amputé la récolte de 70 %. « On fait ce que la nature nous donne, 2022 est pour nous une année de passerillage. On vendange en plusieurs passages à la vigne, et on trie sur table. On a fait le choix de ramasser avant la pluie, pour la pureté aromatique » conclut-elle.
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