Jeudi 19 Décembre 2024
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16.12.2022
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En ce début de semaine, la Maison Gobineau accueillait une assemblée générale du CIVB particulièrement attendue. Une semaine plus tôt, un millier de viticulteurs manifestaient au cœur de la cité girondine pour faire part de leur désarroi face au contexte actuel.
Les chiffres avancés par Allan Sichel parlent d’eux-mêmes : “Il y a un excédent de 500.000 hectolitres sur les 3.8 millions produits à Bordeaux en 2022 : 300 000 de surplus et 200 000 vendus à un prix non rémunérateur, [...] cela correspond à 10 000 hectares de trop”. L'hypothèse d’un arrachage primé ne questionne plus quant à son bien-fondé - “la seule solution”, selon le Président Sichel - mais plutôt par sa réalisation. Le financement de la mesure, à hauteur de 10 000 €/ha, a ainsi occupé une large place dans les débats de ce début de semaine. Les belligérants de cette partie d’échecs réglementaire continuent de se renvoyer la balle, sans - pour l’instant - avoir le dernier mot. Dos au mur, chacun s’accorde sur la nécessité d’un plan social sans pour autant trouver les outils permettant sa résolution matérielle.
La fin, sans les moyens
A titre d’illustration, le Ministre de l’Agriculture proposait récemment un cofinancement de l’arrachage avec le FEADER - Fonds européen agricole pour le développement rural - dont la gestion est confiée aux instances régionales. Faisant suite à la suggestion de Marc Fesneau, Alain Rousset pointait l’impossibilité réglementaire de l’intégration dudit plan dans le cadre de ce fonds. Idem, selon Fabien Bova, directeur général de l’interprofession, pour les cotisations volontaires obligatoires (CVO) qui constituent une majorité des ressources du CIVB. “Leur utilisation doit correspondre à un objet pour lequel elle a été étendue”, ce qui n’est actuellement pas le cas pour l’arrachage des surfaces évoquées.
Dominique Techer, vigneron de Pomerol et secrétaire départemental de la Confédération paysanne, proposait quant à lui - non sans une pointe d’ironie provocatrice - de s’appuyer sur les 22 millions d’euros de réserves de l’interprofession pour financer la mesure.
En conclusion de ces discussions, Renaud Laheurte, le directeur de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de Gironde (DDTM), s’en remettait à un constat d’échec : “Les conditions nationales et européennes ne sont pas remplies à ce jour pour permettre ce financement. Le cadre réglementaire n’existe pas”. Affaire à suivre.
Bilans et projections
En 2023, le CIVB pourra compter sur un budget de 28,7 millions d’euros (-17 %) composé des cotisations volontaires obligatoires de ses membres à hauteur de 22,44 millions (-11 %) et de 5 millions d’euros de subventions européennes (-35 %).
Dans ce contexte morose, Allan Sichel a ciblé différentes pistes visant à contrer la “crise structurelle” dont est victime le vignoble bordelais. L’inventivité des acteurs et la diversification des produits font figures de mot d’ordre pour le président du CIVB : “Il faut explorer une réorientation de la production vers davantage de blancs, de rosés et de crémants, vers des vins sans indication géographique [...] étudier d’autres types de cultures afin de répondre aux attentes du marché”.
L’aspect promotionnel des vins a également fait l’objet d’un large volet présenté par Florence Bossard, fixant le “moins mais mieux” comme ligne directrice. La Tournée des Vins de Bordeaux, organisée les 9, 10 et 11 mars, sera l’un des temps forts de l’année 2023. Pendant ces trois jours, 2 000 acteurs de la filière seront mobilisés pour aller à la rencontre des consommateurs sur l’ensemble du territoire français. D’autres évènements sont également prévus, avec entre autres “Frais et Bordelais” autour des blancs secs, rosés et clairets, ou encore “Du rouge de toutes les couleurs”, mettant en valeur les différents profils existants de cette gamme. L’annualisation de Bordeaux fête le vin correspond également à une manifestation de poids, reconduite en 2023. Au total, 1 500 animations sont prévues lors de l’année qui vient. Pour la partie RSE, l’interprofession comptait 56 entreprises labellisées “Bordeaux Cultivons demain” pour l’année 2022.
“Ne trouvez-vous pas insolent le fait de parler de RSE lorsque le prix du tonneau se négocie parfois autour de 600 euros ?” relevait Dominique Techer au terme de l’exposé, symbole d’un malaise partagé par une filière en quête de solutions.
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