Dimanche 24 Novembre 2024
(Photo Rodolphe Escher)
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Date
27.02.2023
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A l’occasion du salon de l’agriculture, les représentants du Comité National des Interprofessions des Vins ont pu rencontrer le Président Emmanuel Macron et lui faire part de leurs doléances, dans un contexte globalement tendu pour la filière, alors que la déconsommation française n’est que partiellement relayée par le développement de l’export.
S’il est un art que la France a toujours su maîtriser à merveille c’est celui de se tirer une balle dans le pied. Alors que la consommation de vin dans l’hexagone ne cesse de décroître, Santé Publique France, en janvier, lançait une campagne dénonçant cette sociabilité joyeuse reposant sur le partage d’un verre d’alcool, en ironisant sur le terme « santé » utilisé pour trinquer, alors que l’alcool, on l’ignorait encore, est néfaste pour celle-ci. Le public l’aura compris, mieux vaut rester chez soi, seul, confiné à l’abri de tous les microbes, à boire de l’eau. La solitude, on l’oublie, elle aussi tue, et l’alcool par son effet désinhibant, aide parfois les plus timides à aller vers les autres. La qualité, la diversité, la complexité des produits, constituent par ailleurs toute une culture qui réunit les Français, et sert de support à de multiples échanges.
Que Santé Publique France mène des campagnes de prévention, quoi de plus légitime ? Mais ne pourrait-elle pas, comme le fait d’ailleurs la filière, prôner simplement la modération, plutôt que de s’attaquer directement à la culture et à la sociabilité qui entourent l’alcool ? Tel était le message qu’ont voulu envoyer les représentants de la filière vin au président Emmanuel Macron hier au Salon de l’agriculture. Et celui-ci, si on en croit le communiqué de presse du CNIV, l’a reçu cinq sur cinq : « La filière vin a également exprimé sa vive inquiétude face aux campagnes de stigmatisation du vin, et notamment la récente campagne de Santé Publique France, soutenue par le ministère de la Santé, intitulée « La Bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». Exprimant sa réserve sur cette campagne, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de voir la filière vin participer à l’élaboration des trois plans de santé prévus pour 2023. Attachée à la notion de modération, la filière vin se tient prête à participer aux travaux en conformité avec la révolution de la prévention souhaitée par le Président. » Emmanuel Macron reste ainsi fidèle à lui-même. On se souvient en effet qu’il avait déjà mis le holà au projet de Dry January envisagé fin 2019.
Le Président a également assuré la filière de son soutien face à la crise que certaines appellations connaissent, citant notamment l’arrachage comme l’une des mesures d’accompagnement ou encore l’attention particulière qu’il a demandé au gouvernement au remboursement des PGE dans les secteurs fragilisés. Le développement d’une diplomatie économique, où agiraient de concert les filières du luxe, de la gastronomie, du vin et des spiritueux, constitue également une piste importante. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par la profession à la fois pour s’adapter au réchauffement climatique et lutter contre son accentuation. Enfin, il a encouragé la filière dans l’élaboration de son plan stratégique collectif annoncé pour l’été. Celui-ci, porté par le CNIV, doit réunir autour de la table toutes les organisations liées au vin, afin d’analyser les nouvelles attentes sociétales, l’évolution de la consommation sur le marché français, les promesses de l’export…
Joignant le geste à la parole, Emmanuel Macron a dégusté une coupe de champagne de Saint-Gall, une marque dont il avait déjà pu apprécier le millésime de sa naissance lors de sa dernière visite à Epernay.
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