Dimanche 17 Novembre 2024
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20.03.2023
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Alors que le château pauillacais vient de lancer son grand projet Renaissance, son histoire récente a été émaillée par des étapes fondamentales qui ont accompagné son développement qualitatif et son entrée dans la modernité. Retour sur 4 décennies de changements.
On ne naît pas grand cru, on le devient. Alors oui, il y a le terroir, en l’occurrence ici une magnifique mosaïque de tout ce que l’appellation Pauillac peut offrir comme diversité et complexité du nord au sud. Mais cela ne suffit évidemment pas. Il est toujours question de prise de conscience, d’impulsions et de moyens au cours de l’histoire d’une propriété lui permettant de se hisser toujours plus haut. En 1983, le Château Grand-Puy Ducasse travaillait de manière très traditionnelle. Les vinifications se faisaient notamment dans de grands contenants en foudres en bois, plus compliqués à nettoyer que les cuves inox qui ont marqué une rupture technologique quand elles ont été adoptées par la propriété en 1989. Cela n’empêchait toutefois pas de produire des vins de très belle facture. La dégustation récente du 1983 a montré un vin vivant, présent en bouche avec même quelques notes florales. Une très belle tenue partagée avec le 1989 qui offre aujourd’hui finesse et de très jolis amers. Quelques années plus tard, en 1994, la château a décidé de récolter les raisins entièrement manuellement, avant, deux ans plus tard, d’abandonner définitivement tout désherbage au profit du travail du sol, une décision pas si commune à l’époque. Peu médiatique, le millésime 1994 a livré ici un vin sensuel avec un joli fond.
L’ère CA Grands Crus
Une nouvelle page de l’histoire de Grand-Puy Ducasse s’est écrite lorsque le groupe Crédit Agricole a décidé de racheter cette propriété en 2005. Des moyens nouveaux vont être investis dans un grand plan de restructuration du vignoble ainsi que dans de nouvelles cuves plus petites permettant de mettre en œuvre une approche davantage parcellaire lors des vinifications. Anne Le Naour, devenue depuis Directrice Générale de CA Grands Crus, va alors mener une toute nouvelle équipe technique et inscrire en 2012 le château dans le Système de Management Environnemental (SME) des vins de Bordeaux. Un prélude à la marche vers l’agriculture biologique qui se fait progressivement depuis 2014. Avant de convertir entièrement la propriété, des essais ont ainsi été menés, initialement sur une parcelle de 4,5 hectares. Compte tenu des résultats concluants, ces expérimentations ont été étendues à 60% du vignoble en 2022. La part devrait être de 80% l’an prochain avant une conversion totale, objectif affiché par les équipes. Depuis plusieurs millésimes, les vins ont gagné encore en précision et en définition, à l’image du 2018 suave et dense ou bien encore du 2022 (goûté en primeur) particulièrement bien réussi. Pour accélérer encore ce mouvement, le projet Renaissance a été lancé en 2021. Il permettra au château de disposer d’un tout nouveau cuvier avec 46 cuves inox de 30 à 129 hl contre 29 cuves actuellement de 91 à 250 hl. Avec, normalement en 2024, l’ouverture d’un parcours oenotouristique qui permettra de découvrir les grandes étapes de l’histoire du château au travers de 4 grandes salles. De quoi redécouvrir la propriété et ses vins désormais parés d’un tout nouvel habillage très élégant.
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