Lundi 25 Novembre 2024
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24.04.2023
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Le Blanc de blancs du champagne Jacquart assemble les chardonnays des grands crus de la Côte des blancs à ceux du tournant de la Montagne. Une palette qui permet de trouver de beaux équilibres sur des millésimes très différents comme le montre cette verticale (2015, 2014, 2013, 2012). Pour ceux qui ne connaitraient pas la Maison, rendez-vous à Champagne Tasting le 13 mai au Palais Brongniart !
2015 : fraîcheur d’Alpage
2015 est l’année chaude par excellence. Les épisodes caniculaires en juillet et en août ont donné des raisins très mûrs, ce qui n’empêche pas ce blanc de blancs d’avoir un aspect raffiné et aérien. Certes, l’acidité est sans doute moins prononcée, mais on va chercher la fraîcheur ailleurs, sur des notes mentholées, de fenouil, de fleur d’oranger et d’herbes d’Alpage. Cela donne un côté moins strict et moins anguleux, des contours moins nets, un vin plus nuancé qui se dessine en clair-obscur, par petites touches… La fin de bouche est tenue par des amers très fins d’albédo qui prolongent la sensation de fraîcheur. (59€)
2014 : le gendre idéal
Alors que se tenait au Brésil la coupe du monde, la météo jouait elle aussi la samba ! Après un printemps chaud, succéda un été pluvieux, tandis qu’en septembre, le retour d’un temps plus continental donna soif aux vendangeurs. A la différence des pinots noirs, les chardonnays n’ont pas été atteints par la mouche suzukii. On a donc pu les laisser mûrir sereinement sans craindre la pourriture. Le résultat est un champagne qui a un peu la tête du gendre idéal : bien sous tous rapports. On pourrait le caractériser comme la définition du blanc de blancs pédagogique : crémeux, charnu tout en restant fin, avec des arômes subtils qui évoquent l’amande, la bruyère des landes, la camomille, la lavande. La patine a commencé à confire un peu les agrumes, tandis qu’apparait une petite pointe de cire d’abeille.
2013 : le diamant brut
La campagne a été froide du début à la fin, et le miracle champenois habituel de septembre ne s’est pas produit. Le raisin a donc continué à mûrir à son train de sénateur jusqu’au mois d’octobre. On a obtenu le contraire exact de 2015, un vin d’une belle acidité lui conférant une sorte de jeunesse éternelle. 2013 a ainsi l’éclat du diamant brut qui ne s’altèrera jamais. Le pendant de cette qualité, c’est ce côté plus angulaire. Si 2015 pouvait évoquer l’architecture de Gaudi, on est là davantage dans celle du Bauhaus, avec quelque chose de très géométrique et des contours parfaitement définis. Les agrumes sont vifs, on pense au yuzu, tandis que la minéralité très marquée s’exprime sur des notes salines d’une grande pureté. Les quelques touches grillées très fines qui s’ajoutent, expression d’une noble réduction, achèvent de donner à ce champagne une allure aristocratique, racée. 2013 est sans doute moins accessible que 2015 mais il ravira les connaisseurs.
2012 : un millésime de consensus
L’hiver a été très froid, le printemps difficile avec des épisodes de gelées dévastatrices, des pluies intenses qui ont généré du mildiou et une chute des températures des plus malvenues au moment de la floraison. L’été caniculaire a rattrapé les choses. Le résultat est magnifique. Le nez s’ouvre sur des notes puissantes d’acacia et de cédrat confit. La bouche tourne au caramel beurre salé et à la marmelade, on songe au « lemon curd » des Anglais. C’est gourmand tout en restant mordant ! Aucun doute, on a affaire à un enjôleur qui saura sans problème rallier tout le monde.
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