Jeudi 19 Décembre 2024
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23.06.2023
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La Fédération des spiritueux (FFS) s’inquiète des hausses de coûts de production que n’ont pas pu répercuter les entreprises dans les enseignes de Grande Distribution mais se réjouit du formidable dynamisme du CHR (Cafés, Hotels, Restaurants), tendance cocktails oblige.
Alors que l’année 2022 s’annonçait sous de bons auspices pour les spiritueux qui renouaient avec la croissance, la guerre ukrainienne a stoppé net cet élan, la faute à la flambée du prix des matières premières à commencer par le verre, le gaz, l’électricité, le sucre… Fin 2022, seules 67 % des entreprises de la filière déclaraient un résultat positif (-5 points vs 2021).
« Une année presque blanche »
Il y a donc de quoi s’inquiéter d’autant plus que ces hausses conjuguées à l’inflation n’ont « quasiment pas pu être répercutées auprès des distributeurs - ce qui engendre souvent, pour les consommateurs, des arbitrages dans une même catégorie en privilégiant des produits moins chers, ou le fait de renoncer à l’achat d’une bouteille, analyse Thomas Gauthier, directeur de la Fédération Française des Spiritueux. De plus, les promotions qui concernent aujourd’hui une bouteille sur quatre en grandes et moyennes surfaces ont encore fait un bond de 3 points en un an ». La situation s’est même encore dégradée lors de ce premier semestre 2023 et seules 11 % des entreprises déclarent avoir pu la répercuter complètement auprès de leurs clients, 17 % pas du tout, selon une étude CPME-FFS réalisée en avril dernier. Les spiritueux ont ainsi chuté pour la deuxième année consécutive de 5 % en volume à 263 M l., de 4,4 % en valeur à 5 Mds €, d’où une année « presque blanche » selon la FFS. « Les entreprises de la filière [250 au sein de la FFS dont 90 % de PME] ont pourtant fait preuve de tempérance en limitant les demandes de hausses de leurs tarifs au plus fort de la crise de 2022 mais la séquence commerciale de ce début d’année a été calamiteuse pour notre secteur » regrette le président Jean-Pierre Cointreau qui demande au Gouvernement de faire entendre raison à la grande distribution. La bonne nouvelle dans l’histoire est que les entreprises vont accélérer ou doper leurs efforts en matière de transition écologique pour générer des économies d’énergie et de matières premières. Mais certaines risquent de rester sur le carreau.
Un CHR dynamique
Le CHR ne compense pas non plus la baisse des volumes en GMS. Ce circuit hors domicile, toujours synonyme de convivialité, retrouve néanmoins son niveau de pré-covid avec un bond phénoménal de plus de 50 % notamment grâce à la réouverture de tous les établissements et à une dynamisation de l’offre par les cocktails. Quant à l’export, toujours beau relais de croissance, il a progressé davantage en valeur qu’en volume (+ 11,7 % à 5,4 Mds vs + 2,3% à 468 M l.) avec toutefois l’archi leader cognac en repli de 3,7 % (en fort ralentissement outre Atlantique). Mais il plonge de 20 % en volume sur le premier trimestre 2023. Et ce n’est pas les 3,5 % des marchés russes et ukrainiens qui sont le plus impactant. Les Etats-Unis, la Chine et Singapour maintiennent leur leadership en accaparant 30 % des volumes et les trois quarts de la valeur des exportations mais semblent marquer le pas ou demeurer instables.
Tendance Cocktails
La situation apparaît très hétéroclite selon les familles de produits. Le roi whisky qui régnait en maître dans l’Hexagone depuis plusieurs décennies a marqué le pas en volume tout en maintenant une belle valorisation (43 % du CA des enseignes). Si il demeure le spiritueux le plus acheté par les Français, le recul de ses ventes (surtout des blends entrées de gamme) a fait perdre à la France pour la première fois sa position de premier consommateur historique au monde, doublé par l’Inde. Toutes les familles ont souffert en GD; il n’en est pas de même en CHR où liqueurs, crèmes de fruits, rhums et alcools blancs (63 % des ventes - chiffres CGA) bénéficient plus que les autres de l’engouement pour les cocktails. Mais la France s’inscrit dans une baisse structurelle de la consommation d’alcool, de plus en plus occasionnelle. Elle est passée de deuxième pays consommateur de l’Union Européenne à l’aube du XXIe siècle à 13e en 2022 et de 5 % de jeunes n’ayant jamais bu d’alcool en 2000 à 20% aujourd’hui.
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