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Rencontre à Lyon entre l’association des Rosés de Terroirs et prescripteurs

DCIM100GOPRO

Auteur

Pauline
Gonnet

Date

29.06.2023

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Sur le thème « qu’en pense la nouvelle génération ? », l’Association Internationale des Rosés de Terroirs (AIRT), créée en 2020 à l’initiative du cru Tavel et présidée aujourd’hui par Philippe Guigal, fédérant 42 vignerons, a réuni à Lyon des prescripteurs (cavistes, agents, sommeliers) pour une dégustation de cuvées illustrant la particularité de ce segment et son immense potentiel.

Caractérisation d’un vin rosé et d’un terroir
Que reste-t-il du rosé, dès lors qu’il n’est plus question de rosé piscine, de rosé pamplemousse, ou de rosé de Provence ultra-clair ? La quintessence du rosé, c’est-à-dire un vin, qui au même titre qu’un grand blanc ou rouge, a la capacité de traduire son terroir, de présenter un fort potentiel de garde et une capacité d’accords gastronomiques d’une amplitude et d’une qualité prononcées.
Pour Etienne Portalis, vigneron au Château Pradeaux (AOC Bandol), l’idée est de « montrer que le rosé c’est du vin. Qui dit vin dit vigneron, qui dit vigneron dit terroir. Comme les autres, il y a des effets millésimes, parfois le vin nous plaît, parfois moins, parfois on le boit trop jeune… Les gens le comprennent sur un rouge, mais pas sur un rosé. Or on peut exprimer le terroir par toutes les couleurs de vin. C’est cela que l’on veut mettre en lumière, qu’il y a des rosés non standardisés, au potentiel incroyable. Quant à la différence entre rosé de terroir et rosé de gastronomie, elle est assez simple : le vin de terroir vient avant tout de la vigne. Le rosé de gastronomie peut être retravaillé lors de la vinification. »
Des vignerons aux prescripteurs, en passant par les formateurs, tout le monde est d'accord : les vins rosés représentent un levier de discours différent sur le vin, doté d’un fort enjeu de développement et de reconnaissance, fondé sur un potentiel évident, souligne Géraldine Gossot, directrice de l’Université du vin de Suze-la-Rousse.

Pouvoir et obligations des prescripteurs
Agents, cavistes et sommeliers s’accordent sur la responsabilité qu’ils ont en matière d’éducation et de sensibilisation auprès du grand public.
Yannick Benas, agent chez Maisons et Domaines, représentant notamment le Château de Pibarnon et Miraval, ou encore Frédéric Schaaf, caviste, sont convaincus de l’importance de la formation et de la sensibilisation, tant sur la notion de terroir que sur la diversité du rosé.
Même son de cloche chez les sommeliers, notamment chez Gaëtan Bouvier, meilleur sommelier de France 2016, et chez Antoine Petrus, MOF Sommelier. Gaëtan rappelle que le potentiel des rosés ne date pas d’aujourd’hui, en témoigne ses initiatives précédentes, comme par exemple la carte des rosés de Provence et la carte des rosés de sommelier créées au Majestic à Cannes, au début de sa carrière, couronnées de succès. Mais surtout, il apprécie cette démarche qui « remet le sommelier en humilité face au vin. C’est un produit très connoté mass market, alors que c’est un des vins les plus difficiles à vinifier, et qui nous oblige ou nous permet de revenir à la compréhension technique du vin, c’est hyper intéressant ».

De son côté, Antoine Petrus part du postulat que « le marqueur de tout grand vin, c’est le terroir, et qu’en termes de prescription, on peut tout faire. Un jour, aux Etats-Unis, on me propose un accord extraordinaire entre du rouget et un rosé âgé. Le sommelier en parlait comme d’un Montrachet de la Romanée-Conti. C’est là que nous avons un rôle à jouer : sur le rosé, on a un boulevard. Encore accessible, avec une grande diversité de cépages et une identité propre à chaque terroir : un rosé de Loire sera forcément différenciant d’un rosé italien ou de Bandol. Alors pourquoi pas des cartes de rosés par terroir, villages, comme pour les vins de Champagne ? C’est uniquement notre passivité qui dessert le rosé. Qu’il soit pâle ou foncé, c’est le vin, avec le champagne, qui peut tenir tout un repas, dans tous ses extrêmes. Arrêtons les clichés de la saisonnalité, de la couleur soi-disant attendue. Le rosé doit être le vin de demain. »