Samedi 23 Novembre 2024
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19.09.2023
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Hier soir, au Pavillon Gabriel, le jury du trophée Gosset a dévoilé le lauréat de sa 28ème édition. Il s'agit de Nicolas Truelle, président de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, à l’initiative du projet d’insertion professionnelle SKOLA-les métiers de la vigne. Quant au prix d’honneur, il a été décerné à l’Osmothèque, représentée par son directeur Thomas Fontaine.
Le nouveau lauréat du trophée Gosset, Nicolas Truelle, qui sortait d’une réunion à Matignon où il était consulté par le gouvernement dans le cadre de la mise en place d’un nouveau plan de lutte contre la pauvreté baptisé « pacte des solidarités », a souligné toute l’importance qu’il accordait à ce prix. « Vous représentez le très bon, le très beau, l’excellence. En consultant la liste de ceux qui ont reçu ce trophée, je n’ai vu que des noms qui faisaient briller les yeux. Nous accompagnons des jeunes éloignés de tout, qui vivent des situations familiales et personnelles souvent dramatiques. Pour eux, recevoir ce prix est juste impensable. Il y a un monde qui les sépare. Aujourd’hui, en le leur attribuant, vous faites un pas vers eux. Cela leur permet de penser qu’eux aussi sont beaux, bons et excellents. »
Nicolas Truelle a ensuite rappelé la genèse du projet SKOLA-les métiers de la vigne. « Il y a quelques années, alors que certaines filières étaient en tension pour recruter, des entrepreneurs sont venus nous trouver en nous disant : "nous savons former à nos métiers, nous pouvons vous proposer des contrats de professionnalisation, de votre côté, vous avez ce savoir-faire éducatif qui consiste à prendre des jeunes en difficulté et à leur permettre de rentrer dans des parcours exigeants." Et nous avons commencé à travailler comme cela dans des secteurs variés. Une rencontre s’est ainsi faite dans le Médoc en 2018 avec une dizaine d’exploitants. Comme dans le champagne, ce projet repose sur un succès d’assemblage, où chacun doit jouer sa partie en respectant les justes proportions. » Un vrai défi et un accompagnement de tous les instants : « Ces jeunes sont ce que l’on appelle des décrocheurs. Ils ont tellement peur de ne pas réussir, qu’ils préfèrent rater, de cette façon, pensent-ils, ils ne décevront personne. Il faut presque les prendre par surprise. » Une initiative très fructueuse qui pourrait intéresser la filière champenoise, elle aussi touchée par une pénurie de personnel qualifié. Il semble d’ailleurs qu’un projet d’essaimage dans l’appellation soit déjà sur la table.
Quant au prix spécial attribué à l’Osmothèque, il ouvre une passerelle et un dialogue qui ne peuvent qu’être enrichissants entre le monde du champagne et celui de la parfumerie. L’objet de cette association est en effet de créer un conservatoire de tous les parfums afin de préserver ce patrimoine, oh combien volatile, à travers le temps et être à même de le transmettre aux générations suivantes. Les maisons de champagne, comme Gosset qui dévoilait ce soir-là sa cuvée Celebris 2012 (une merveille !), n’ont-elles pas, elles aussi, l’art de conserver le parfum de vendanges vieilles de dix ou vingt ans, pour nous les faire revivre aujourd’hui ? Thomas Fontaine explique : « Le parfum, c’est très important. On l’a vu en 2020 au moment du Covid, où on a découvert avec les symptômes d’anosmie, toute la place des odeurs dans nos vies. Elles déterminent à la fois notre relation aux autres tout en étant une façon de se sentir soi-même. On s’est alors rendu compte qu’il existait un patrimoine autour des parfums. Une idée que l’association l’Osmothèque avait devancée depuis longtemps. On parle souvent de ces parfums disparus parce qu'ils ne sont plus sur le marché et que l’on ne peut donc plus les sentir. Qui n’aimerait pas savoir à quoi ressemblait les parfums de nos arrières grands-parents ? Jen Kerléo et un groupe de parfumeurs ont créé cette association pour retrouver les formules des parfums d’antan et les repenser. Nous les conservons dans des conditions très particulières, au frais et dans l’obscurité comme les vins, tout en évitant tout contact avec l’oxygène. Nous savons aussi que les parfums d’aujourd’hui sont les parfums disparus de demain. Nous avons donc entrepris un travail de collecte auprès des maisons actuelles. Enfin, et on entre là davantage dans un travail de réinterprétation, nous avons tenté de recréer des parfums de l’Antiquité en travaillant sur l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, avec un archéologue, un botaniste. »
Une recherche qui n’a rien d’anecdotique pour l’appréhension de ces civilisations disparues. « Les parfums sont le reflet d’une société. Ils évoluent en même temps qu’elle. Reconstituer l’environnement olfactif d’une période permet ainsi de mieux la comprendre. » Enfin, le but de l’association est aussi de transmettre. « Nous organisons des conférences olfactives où l’on parle de thèmes très spécifiques illustrés olfactivement. Elles s’adressent aux professionnels, qui ne disposent pas de toutes les ressources que nous avons, mais aussi au grand public. Nous intervenons dans les EHPAD, les écoles, les prisons… »
Terre de vins aime : Celebris 2012 (234 € avec son coffret bois). Un champagne vif, aux notes éclatantes de mandarine et de poire, relevé d'une touche de vanille.
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