Lundi 23 Décembre 2024
©F. Hermine
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Date
06.10.2023
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Francine Picard à la tête des domaines éponymes bourguignons nous a présenté en avant-première une gamme de Vins de France inédits en « Terres affranchies » de l’AOP pour expérimenter d’autres cépages ou assemblages de Bourgogne.
Francine Picard, sans doute la plus rebelle de la famille selon ses propres dires, réfléchissait à ce concept depuis 4 à 5 ans : expérimenter de nouvelles cuvées à partir de raisins issus des terroirs bourguignons entre la Côte de Beaune et la Côte chalonnaise mais revendiquées en Vin de France « afin d’échapper au carcan administratif, avoue la vigneronne. Pour travailler en toute liberté sur les cépages et se concentrer sur la réflexion technique, il fallait s’affranchir des limites de l’AOP qui n’autorise pas le gamay en monocépage ni les assemblages de raisins blancs et rouges par exemple. Confrontés aux problèmes climatiques, je voulais travailler comme les ingénieurs romains de l’Antiquité qui savaient observer la vigne et tenter de comprendre comment produire encore des vins dans 20 ans en respectant l’environnement tout en pouvant en vivre ».
Sur les coteaux de Bourgogne, elle décide donc d’arracher une trentaine d’hectares de vignes fatiguées (sur les 140 au total de la famille), plantées il y a environ un demi-siècle et comportant beaucoup de manquants (40 %) pour replanter en vignes hautes pinot noir, chardonnay, gamay, aligoté mais également un demi hectare de savagnin, un demi de côt (malbec) et autant d’un cépage résistant, équivalent du pinot noir d’origine italienne, suivi par la Chambre d’Agriculture. Elles sont travaillées en bio comme les autres vignobles de la famille. « Je voulais me projeter en renouant avec l’art de l’assemblage que l’on a perdu depuis le début du XXe siècle ; il est pourtant primordial car il permet de jouer sur les pourcentages et obtenir le meilleur vin possible selon le millésime ». D’un bouquet de cuves est ressortie une première série de quatre vins rouges d’environ 600 bouteilles chacun (21-23 € en circuit cavistes et CHR). La gamme a été baptisée Les Terres Affranchies ; les vins, illustrés d’un des plus beaux ceps du vignoble redessiné pour l’occasion, portent des noms d’agronomes et érudits romains ayant écrit divers traités sur la vigne et la vinification (Palladius, Columelle, Magon, Pline). A terme, ils devraient être édités à 2-3000 bouteilles par cuvée.
Un travail de petit poucet pour l’environnement
Les quatre vins véhiculent aussi la démarche environnementale de la maison certifiée Iso 14001. Ils portent des étiquettes issues à 20% de forêts recyclables françaises (Vosges), à base de pigments naturels sans vernis (notamment à partir de terres végétales et de sarments de vignes broyés) et dont la taille a été optimisée pour limiter les déchets à l’impression. Les bouchons sont en fibre de canne, recyclables comme les cartons et les glassines (support des étiquettes). Les bouteilles ont été allégées de 570 g à 420 g. Les eaux de cave sont filtrées par des bassins de roseaux, la cuverie est isolée par des panneaux en fibre de bois, les eaux pluviales sont récupérées pour le lavage du matériel agricole. Autant de mesures destinées à limiter les émissions de CO2 et la consommation d’eau. « Elles ont généré un surcoût de l’ordre de 40 % mais pour un projet global qui avance avec toutes les équipes dans le but de polluer le moins possible l’environnement » souligne Francine Picard qui est également vice-président de l’Adelphe, organisme national de gestion du recyclage des emballages. Un travail de petit poucet mené par le triumvirat que forme la vigneronne avec l’œnologue Alice Evrard et le nouveau directeur des vignobles Ken Dauvice Kawaguchi.
Nous avons dégusté les quatre premières cuvées :
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