Samedi 23 Novembre 2024
©Willy Kiezer
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Date
17.10.2023
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Ce mois-ci, en parallèle du magazine Terre de vins consacré au développement durable, nous vous proposons des focus sur cinq domaines du Languedoc engagés dans une viticulture durable et en pleine transition agroécologique. Aujourd’hui, zoom sur le domaine de Mortiès, un écrin de douceur au pied du majestueux Pic Saint-Loup.
Situé dans le hameau du même nom, une combe entre Saint-Jean-de-Cuculles et Cazevieille, le domaine est abrité dans un vieux mas du XVIIIème siècle entouré de son vignoble de 14 hectares. La monoculture de la vigne a remplacé cette ancienne ferme où la polyculture a longtemps régné (bergerie, céréale, potager). Un ancien fonctionnement agricole rare dans le paysage viticole français, un idéal à atteindre pour Pascale et Richard Moustiès, les actuels propriétaires de Mortiès.
Arrivé en 2008, le couple a immédiatement entrepris une conversion à l’agriculture biologique, “On souhaitait s’installer dans ce lieu entouré de nature alors cela avait du sens de cultiver sans produits dangereux pour l’environnement” nous a confié Pascale Moustiès. Certifié bio en 2011, le domaine continue sa transformation vers des pratiques toujours plus durables, notamment sur la gestion du sol. Moins de labours, moins d'horizons retournés et moins de griffages, les travaux du sol sont aujourd’hui réfléchis et pensés pour préserver la vie qui s’y trouve. Que ce soit dans les parcelles en plaine où celles nichées dans les hauteurs en pleine garrigue, la couverture végétale s’accentue au fil des années.
La biodynamie et la biodiversité
Dans le prolongement de l’agriculture biologique et sous l’impulsion de Blandine Chauchat et Pierre Jequier du Mas Foulaquier, Mortiès s’est lancé au milieu des années 2010 dans la biodynamie. Certifié par Demeter en 2019, il rejoint donc Foulaquier, La Roque, Inebriati, Lascaux et d’autres domaines certifiés dans le secteur du Pic Saint-Loup.
Une démarche pratique mais également philosophique, qui amène Pascale Moustiès a plus d’observation et de réflexion sur son environnement. Pour la vigneronne, la biodynamie c’est pousser un domaine vers le global, la ferme étant un idéal. C’est dans cette démarche que deux ânes et quelques vaches arrivent sur les terres de Mortiès. Loin d’être totalement une ferme, ces animaux amènent du vivant, en plus d’un fumier intéressant pour amender les sols. N’oublions pas que dans les valeurs de la biodynamie, la fertilité du sol est une priorité, inscrite dans le cahier des charges de Demeter.
Émerveillée par son environnement immédiat, Pascale Moustiès est constamment abreuvée par de nouvelles connaissances sur les plantes et la faune et flore. Des informations qui lui permettent depuis quelques années de pouvoir inscrire son domaine dans la protection des écosystèmes méditerranéens. “Avec mon équipe, on remodèle nos forêts, notamment en arrachant des pins qui pullulent afin d’y laisser se développer des essences locales comme l’arbousier, le ciste ou le chêne vert”. Une gestion qui a pour but d’apporter toujours plus de biodiversité à Mortiès.
Après plus d’une décennie de travail acharné, Pascale et Richard Moustiès ont monté en gamme dans la production de leurs vins. Des vinifications devenues moins interventionnistes, “nos fermentations sont réalisées sans adjonction de levures exogènes”, et plus douces pour l’élaboration de vins de plus en plus reconnus par la profession. “Cette montée en gamme s’accompagne d’un travail sur le développement des ventes aux cavistes indépendants, des personnes capables de comprendre nos vins et de les vendre à leurs clientèles”. Une démarche complémentaire à la belle part de ventes réalisées au domaine, notamment pendant la période estivale. La vente locale et au domaine, une pratique agroécologique à fort impact et peu développée encore de nos jours…
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Cuvée Pic Saint Loup 2021 - AOC Pic Saint-Loup (21,50€)
Frais et digeste, ce Pic Saint-Loup est une bombe de fruits et de garrigue. Le millésime 2021 est ancré dans le jus, visible par la fraîcheur et la qualité du fruit, certainement mieux dessiné que les autres années.
Article rédigé par Ni bu ni connu pour Terre de vins
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