Vendredi 22 Novembre 2024
©Anne Lacaud
Auteur
Date
23.06.2023
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Léo Bujeaud, jeune viticulteur charentais, a pris la direction d’une des premières exploitations certifiées CEC au pays du cognac. Il s’essaye aujourd’hui à la vitiforesterie
La vigne est une liane. Il y a longtemps, très longtemps, elle habitait les bois, où elle grimpait et s’accrochait. L’homme l’a domptée et appelée Vitis vinifera. Et l’on se dit que la plante doit toujours aimer la compagnie des arbres…
Au pays du cognac, des négociants et viticulteurs émettent cette hypothèse. Hennessy, par exemple, a fait le pari de l’agroforesterie (encore appelée vitiforesterie) sur les 40 hectares de son domaine expérimental de La Bataille à Saint-Preuil (16). Léo Bujeaud, 24 ans, jeune viticulteur à Foussignac, près de Jarnac, se lance lui aussi dans l’aventure. De façon plus modeste, certes, mais avec autant de détermination ! Cet hiver, il a planté un millier d’arbres et d’arbustes sur une prairie de 4,30 ha au lieu dit Beurlac, face au siège social de son exploitation, la SCEA du Mas de Pierre Blanche.
Demain, un îlot de fraîcheur
« Il y a des prunus et des amandiers, des figuiers et des noisetiers qui ceintureront bientôt toute la parcelle », témoigne-t-il. Mais ce n’est pas tout. Au milieu du terrain, 110 sujets de plus haute tige, dont de nombreux fruitiers, délimiteront des allées, des tournières et des sous-parcelles. La vigne sera plantée l’an prochain, sur 2,80 ha. « J’ai privilégié l’ugni blanc, le cépage le plus répandu dans la région, mais aussi la folle-blanche, plus difficile à cultiver, mais dont les anciens vantent la saveur », ajoute-t-il. Dans ce champ écrasé de soleil, survolé par une ligne électrique et traversé par des conduites souterraines de gaz, il faut fermer les yeux et imaginer ce qui sera demain, après-demain, un océan de verdure et un îlot de fraîcheur. « La vitiforesterie, j’en ai eu l’idée lors du relevage des vignes, lors des premières chaleurs du printemps. À midi, au moment de la pause, je ne trouvais pas assez d’ombre pour casser la croûte », rigole Léo Bujeaud. Ah ! Le bon sens paysan, assurément ! Dans son projet, le viticulteur a tenu à solliciter lui-même toutes les aides possibles, auprès de la Chambre d’agriculture, des collectivités locales et des services de l’État. « Question de principe et d’indépendance, souligne-t-il. Ici, je veux mener ma propre expérience, éprouver toutes les techniques de culture raisonnée et pourquoi pas essayer le bio, sans pour autant remplacer le tracteur par des chevaux ! »
« Trouver la bonne balance »
Léo Bujeaud ne s’interdit rien. C’est un viticulteur engagé, passionné, conscient des enjeux de la préservation de la nature et des impératifs de production. « Produire mieux et plus avec moins de chimie, à nous de trouver la bonne balance », dit celui qui a eu la chance de prendre en janvier 2022 les rênes d’une exploitation familiale de 35 hectares déjà pionnière. La SCEA du Mas de la Pierre Blanche fut parmi les premières, dès 2018, à décrocher la Certification environnementale Cognac (CEC).
« Aujourd’hui, j’aimerais passer au zéro herbicide. La moitié du vignoble n’est plus du tout désherbée chimiquement », poursuit Léo Bujeaud. Dans certaines parcelles aux adventices tenaces, c’est plus compliqué.
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