Vendredi 22 Novembre 2024
©Anne Lacaud
Auteur
Date
23.06.2023
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ll y a dix ans, la société Hardy fut parmi les premières PME du négoce à assembler, élever et commercialiser un cognac biologique
Son père, Jacques, adorait les échecs, dont il avait adapté certains préceptes aux affaires. Il disait souvent : « Nous ne sommes rois nulle part, mais cavaliers partout ! »
Toujours entre deux voyages, Bénédicte Hardy a retenu la formule. Celle qui incarne la cinquième génération au sein de l’entreprise familiale tient au rang de la maison de cognac. La PME créée en 1863 galope parmi les chevau-légers du négoce. Elle avance avec les éclaireurs.
Il y a dix ans, Bénédicte Hardy osait s’aventurer en terres inconnues : le cognac bio. À l’époque, seule une poignée de viticulteurs en produisaient. Chez les négociants, il n’y avait guère qu’Olivier Blanc, à la tête de la petite maison Léopold Gourmel, qui s’y intéressait.
« Bio, c’était mieux que Napoléon »
« Olivier avait la passion des cognacs naturels. Il a su me convaincre de l’intérêt d’une référence bio dans ma gamme, où je me préparais à abandonner la qualité Napoléon, vieillissante et démodée. J’ai acquiescé. Bio, c’était mieux que Napoléon, à la condition d’oublier ce mot incompréhensible à l’étranger. Bio, pour un Américain, c’est une biographie ! Alors, va pour l’anglicisme “organic” ! », raconte Bénédicte Hardy dans un éclat de rire.
Les dirigeants d’Unicoop (la coopérative dont Hardy est une filiale) et le maître de chai furent plus circonspects. Où trouver des eaux-de-vie sous label AB ? Comment garantir une qualité constante ? Comment rester fidèle au style maison ?
« Je voulais du fruité, quelque chose de net, droit et précis. Nous n’avons pas trouvé de fournisseurs en Grande Champagne, mais des viticulteurs formidables en Petite Champagne, Fins Bois et Bons Bois, notamment Gary Charre, qui préside aujourd’hui la coopérative. La coupe et son assemblage ont demandé du temps, qui me fut bien utile dans mes efforts de persuasion. On m’a pris pour une originale, une fofolle. On m’a dit que le bio n’était qu’une mode. Je répondais que personne ne peut refuser l’idée d’un produit plus sain. »
Nouvelle gamme cet été
La référence Hardy Organic (sous mention VSOP, soit au moins quatre ans d’âge) est sortie en 2014. Elle a trouvé ses clients en France mais surtout aux États-Unis. Certes, les volumes sont « modestes », de l’aveu même de Bénédicte Hardy. « Mais le segment est appelé à se développer, j’en suis persuadée », ajoute-t-elle.
Aujourd’hui, d’autres petits négociants font le pari du bio : Bache-Gabrielsen, Braastad, Fussigny, Godet, Moisans, Peyrat et Planat (liste non exhaustive). L’élan est timide mais réel. Il est freiné par la rareté de la matière première. Moins de 2 % des vignes du pays du cognac sont cultivées sous label AB.
Cet été, Hardy va rajeunir et embellir sa gamme. Les étuis seront en carton recyclé, les étiquettes en papier certifié FSC et les bouteilles plus légères (moins 150 grammes). Cela économisera 18 tonnes de verre. La référence VSOP Organic est concernée, comme le VS, le VSOP et un XO de facture conventionnelle.
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