Dimanche 22 Décembre 2024
J. Hauller-Maire & Fils ©F. Hermine
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02.02.2024
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La prochaine Percée du Vin Jaune qui va se dérouler, ce week-end, pour la troisième fois à Arbois est l’occasion de faire un zoom sur la maison emblématique jurassienne Henri Maire devenue Maire & Fils depuis son entrée dans le groupe Boisset.
« Sur les 2000 hectares de vignoble jurassien, près de 800 sont à Arbois, la première appellation en volume. C’est dire si nous sommes au cœur du Jura et c’est ici qu’est née la maison Henri Maire dont la famille était vigneronne depuis le 17ème siècle » raconte Jacques Hauller, le nouveau directeur de l’entreprise rebaptisée Domaine Maire & Fils depuis son intégration dans le groupe bourguignon Boisset en 2015. La maison emblématique d’Arbois a prospéré durant des décennies au XXe siècle, passant de 2,6 hectares hérités en 1939 par Henri Maire à environ 300 au début du XXIe siècle en passant par le développement du négoce. Le visionnaire arboisien avait innové avec des méthodes de vente à domicile et par correspondance qui avaient fait connaître ses vins dans tout l’Hexagone. Après son décès en 2003, la société a été reprise par sa fille Marie-Christine, puis revendue à un fonds d’investissement luxembourgeois avant d’arriver finalement dans l’escarcelle de Boisset en 2015. « Jean-Claude Boisset qui affectionne particulièrement le Jura a toujours été admiratif du parcours d’Henri Maire qu’il estime assez similaire au sien et il est très attentif à l’activité jurassienne du groupe » confie Jacques Hauller aux commandes depuis 2018.
Un vignoble restructuré
Le groupe bourguignon a initié un programme d’investissement de 10 millions d’euros sur cinq ans. Il a d’abord offert à la maison jurassienne une rénovation ambitieuse du bâtiment d’en Bouchailles à l’extérieur d’Arbois avec une nouvelle façade en rouge et gris, des panneaux voltaïques sur le toit qui permettent de couvrir la moitié des besoins, et une nouvelle salle de dégustation des crémants en plus des trois salles actuelles. Le caveau des Deux Tonneaux au centre d’Arbois a bénéficié en parallèle d’un lifting complet. Le vignoble qui comprend cinq domaines (Sorbief, La Croix d’Argis, Montfort, La Grange Grillard et Brégand cultivé en bio) s’étend aujourd’hui sur 234 hectares en production, certifiés HVE depuis le millésime 2020 avec une majorité enherbée, l’aménagement de jachères fleuries, l’utilisation de fumures de moutons dans les sélections parcellaires, la plantation de 350 m. de haies et 500 arbres en collaboration avec la Chambre d’Agriculture et la Fédération de chasse, l’implantation de huit ruches au Sorbief.
Priorité au pinot noir et au chardonnay sans oublier le savagnin
« Arbois a toujours été un joli terroir pour les rouges mais les blancs et les bulles ont fortement augmenté depuis cinq ans » : environ 30% des surfaces en chardonnay et pinot noir sont désormais réservés à l’élaboration du crémant du Jura dont la demande est en hausse (environ 600 000 bouteilles par an sur un total Jura d’environ 2,5 millions de cols). « Au vignoble qui avait été négligé par les derniers acquéreurs, il a fallu restructurer certaines parcelles, remplacer les manquants avec la replantation de 8-10 hectares par an pendant cinq ans. Bien sûr, l’ADN de Boisset est basé sur le négoce mais le foncier est la base du travail ». A terme avec le potentiel qui reste à planter, le vignoble devrait atteindre 260-270 hectares pour un ensemble de 350 en comptant bois et forêts. L’encépagement a été poussé en pinot noir (70 ha sur les 270 que compte la région, d’où une forte identité sur ce cépage) et en chardonnay (90 bientôt 100) mais également en savagnin qui va rapidement grimper de 40 à 45 ha. Poulsard (22 ha) et trousseau (19 ha) n’ont pas été abandonnés « mais sont en léger recul avec une production à petits volumes, plutôt dédiée à des cuvées haut de gamme ».
Le vin jaune, pointe de la pyramide
Maire & Fils a par ailleurs accru le travail parcellaire, notamment pour les vins dits de « spécialité » (Côte de Grillard, Sorbief, La Vigne aux ânes, Combes-Leubet, En Geillon, Château-Chalon). Dans la gamme, on retrouve également le macvin (surtout en blancs, 8 bouteilles vendues sur 10), le vin de paille et évidemment les vins jaunes en Côtes-du-Jura, Arbois, Château-Chalon, L’Etoile. « Le jaune ne pèse pas plus de 3% de notre production avec une quarantaine d’hectares mais il devrait augmenter un peu car nous avons replanté du savagnin pour ça ». Depuis trois ans, une sélection des deux meilleurs fûts (sur le parc de 200 à 300 de vin jaune) permet de proposer une cuvée numérotée à destination d’importateurs pointus et de restaurateurs. « Il ne faut pas délaisser le vin jaune qui est le vin d’élite du Jura, particulièrement à Arbois, avec une forte identité, estime Jacques Hauller. Même si le potentiel de croissance se situe ailleurs, le vin jaune reste la pointe de la pyramide avec une belle notoriété ». On ne risque pas de l’oublier en ce week-end de Percée.
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