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Clos Louie : une sélection massale pour retrouver le « goût vrai » du vin

Clos Louie, plantation 2023

Auteur

Henry
Clemens

Date

19.02.2024

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Pour replanter malbec et cabernet franc, Pascal Lucin de Clos Louie, AOP Castillon Côtes de Bordeaux, a eu recourt à la sélection massale. Un investissement non négligeable* mais surtout une remise en cause de la sélection clonale qui selon lui ne répond plus aux exigences de qualité pour faire un grand vin de lieu. L’implantation du vignoble est pour tout vigneron l’étape primordiale dans la réussite de son domaine, Pascal Lucin, le sait.

Utiliser des plants issus de sa propre sélection et les porte-greffes qui correspondent à ses objectifs d’adaptation au sol, il y a longtemps que cette idée fait son chemin chez ce vigneron castillonnais adepte de la biodynamie qui se définit surtout comme un artisan ultraprécis. Il est le propriétaire de presque 5 hectares de vignes sur les beaux plateaux et pentes des Terres Blanches. Des élevages aux petits oignons avec la récente acquisition de foudres et enfin le recours à une sélection massale doivent – condition sine qua none – selon lui, l’aider à produire un vin meilleur. Clos Louie est une pépite de l’AOP dont Pascal Lucin, secondé par sa femme Sophie, tire depuis 2003, des cuvées singulières et fortement marquées par des choix forts de vigneron et des sols de calcaire affleurant. Il plante également des arbres, qui s’ils ne concourent pas directement à produire un grand vin, participe, selon le vigneron, à l’amélioration de l’écosystème et à préserver la biodiversité sur le petit domaine. Il ajoute cependant, que cette recherche constante de l’amélioration gustative du vin va de pair avec la recherche constante d’aménagement paysager et de progression de la biodiversité.

Pascal et Sophie Lucin - Clos Louie

Vive la singularité
« En 2012, je prends la décision d’aller rencontrer le pépiniériste Bérillon, sur les conseils d’un voisin vigneron ». Il est rapidement convaincu par la démarche qui s’appuie sur une profonde connaissance de la vigne et la volonté de partir du vivant. La sélection massale, rappelle-t-il, permet de sélectionner, avec le pépiniériste, des individus différents dans les parcelles. Une méthode largement répandue dans le vignoble français jusqu’aux années 1970 et désormais supplantée par la sélection clonale, soit la reproduction à l’identique d’un même individu. Une sélection clonale qui emporte alors tout sur son passage dans la mesure où elle garantit de meilleurs rendements, une bonne capacité d’accumulation des sucres. Il est surtout convaincu qu’il faut prendre en compte d’autres paramètres, dont le terroir et la complexité gustative d’un vin. Selon Pascal Lucin « On multiplie un même sujet, une même « gueule », une même capacité à produire un raisin qui aura d’un pied à l’autre une configuration identique». La sélection massale évite les standards de production.

Sélection massale, nouveau cépage et densité : trio gagnant ?
L’artisan de Terres Blanches reste persuadé de pouvoir ainsi obtenir des profils gustatifs bien définis. « Je constate que les vins issus de sélection massale ont plus de subtilité, une aromatique différente et, au risque d’utiliser un mot parfois galvaudé, plus d’éclat. » Pascal Lucin décide également de replanter plus serré, à 7300 pieds hectare. Ce qui selon lui favorise le développement des racines en profondeur et produit des vins plus frais, aux tanins plus soyeux. Dans cette quête de qualité et d’identité, il choisit également de replanter du malbec, concourant ainsi à remettre à l’honneur un cépage anciennement très présent dans le libournais. « Le malbec a un profil très identifiable et apporte quelque chose aux vins que je fais. Je trouvais que la proportion 1/3 de malbec pour 2/3 de cabernet franc sur ce type de sol faisait sens. Il ne faut pas se contenter de faire ce que l’appellation demande, il faut chercher d’autres aromatiques et surtout se faire plaisir et proposer des choses différentes aux consommateurs. » ajoute-t-il tout sourire. 

* Le coût d’un plant peut varier de 1,50 € HT à 6€ HT pour un plant de sélection massale.