Samedi 23 Novembre 2024
La dame-jeanne Martell “édition Laurentine Périlhou” est habillée de fil d’or. La bonbonne ornée d’un diamant, de trois saphirs, de trois pépites et de quarante petits cabochons en chêne tricentenaire. ©MMPJ
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05.03.2024
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Le négociant Martell a confié la création à la passementière Laurentine Périlhou, spécialiste française du macramé. L’œuvre, au firmament du luxe, a été dévoilée à Kuala Lumpur (Malaisie).
Dans l’intimité des chais de Cognac, une dame-jeanne désigne une bonbonne en verre (parfois en grès) recouverte d’une claie d’osier. Reconnaissable à son ventre arrondi et à son court goulot, la dame-jeanne a une contenance moyenne d’une cinquantaine de litres. Elle abrite les eaux-de-vie d’exception, dont le vieillissement en fût de chêne est arrivé à maturité. Les maîtres assembleurs y puisent quelques larmes sublimant leurs plus précieux nectars…
Aujourd’hui, l’objet artisanal est détourné de sa fonction usuelle. Revisité façon œuvre d’art, il devient luxueux. En 2021, le négociant Martell cédait de grands millésimes en petites dames-jeannes. En 2022, la maison Hennessy demandait à une célèbre plumassière française, Nelly Saunier, de parer dix modèles uniques de couleurs vives. Chaque exemplaire fut vendu 600 000 livres (682 000 euros environ) chez Harrod’s à Londres.
Un diamant et trois saphirs
Ce record de cherté devrait bientôt tomber : le 1er décembre 2023, Martell a présenté à Kuala Lumpur (Malaisie) une pièce unique estimée à un million d’euros ! Cette dame-jeanne de 11 litres est habillée de fil d’or noué et tressé. La création est ornée d’un diamant, de trois pépites d’or, de trois saphirs synthétiques et de quarante petits cabochons en chêne tricentenaire. Le chef-d’œuvre a demandé 800 heures de travail à la passementière Laurentine Périlhou, la spécialiste française du macramé.
Oubliez la ficelle de chanvre et les nœuds disgracieux : à force de minutie, cette artiste née en Ariège a hissé la « dentelle baba cool » au rang des arts décoratifs. Elle a travaillé avec de grands noms de la mode, Jean-Paul Gauthier et Balmain. Elle a notamment réalisé une extraordinaire robe en macramé pour la chanteuse Beyoncé.
Expo-vente à Hong Kong et Singapour
La création de Laurentine Périlhou pour Martell évoque la vigne, la force de ses racines et la beauté de ses pampres. « Je voulais rendre visible l’invisible, montrer les feuilles tournées vers la lumière », dit-elle. La pièce a été dévoilée en Malaisie puis exposée à Hong Kong et Singapour avant d’être proposée à la vente. L’œuvre, au firmament du luxe, sera livrée avec son présentoir personnalisable et ses accessoires : une pipette pour prélever le cognac, des gants blancs brodés, six verres en cristal de Baccarat et six flacons décorés à l’or fin. À ce prix, ces six « recharges » de 50 cl sont pleines et l’heureux et fortuné acquéreur sera convié à un séjour de trois jours en France, à Paris et à Cognac.
« Remarquable harmonie »
L’écrin est si somptueux qu’on oublierait presque d’évoquer le cognac : un assemblage de deux eaux-de-vie hors d’âge de Grande Champagne, sélectionnées pour leur complémentarité par le maître de chai Christophe Valtaud. Les deux ont vieilli au domaine du Port-du-Lys (acquisition de la maison Martell à Salignac-sur-Charente en 1779) puis dans le chai dit du Fondateur dans le quartier de Gâtebourse à Cognac. L’une serait « tendue, puissante et très longue en bouche, avec des notes de cèdre » ; l’autre serait « fraîche et vibrante », mêlant « miel, fleurs blanches et fruits confits » ; leur mariage témoignerait d’une « remarquable harmonie ». Ces notes de dégustation sont celles du négociant : nous n’avons pas goûté.
La dame-jeanne Martell « édition Laurentine Périlhou » est la première création d’une collection intitulée « Les Remarquables de Martell ». La production sera limitée à une pièce annuelle.
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