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Roquefort, d’un vigneron du Sud à un néovigneron du Nord

Château de Roquefort ©DR

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

29.04.2024

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Cédric Menet est désormais aux commandes du château de Roquefort dans les Bouches-du-Rhône succédant à Raimond de Villeneuve à qui il a racheté ce domaine provençal près de Cassis.

Le château de Roquefort, pas coté fromage en Aveyron, mais dans les Bouches-du-Rhône, non loin de Cassis, a changé de mains. Longtemps annoncé à la vente, il a été pendant deux siècles la propriété des Villeneuve et entre les mains de Raimond pendant un quart de siècle. L’excentrique et brillant vigneron, dernier représentant de la famille et pionnier de la biodynamie sur la région, avait hissé les vins à un haut niveau qualitatif. Cédric Menet venu de l’autre bout de la France, préside désormais aux destinées du domaine d’une trentaine d’hectares. Il n’est pas vigneron à l’origine. Cet entrepreneur d’espaces verts de 57 ans, appartenant à une grande famille du Nord plutôt connu dans la grande distribution, a vendu sa société « après 23 ans dans le métier et une envie d’autre chose, d’un tournant vers l’agriculture, car j’ai toujours aimé ça, mais je n’y avais travaillé que pendant les vacances quand j’étais jeune. J’ai commencé à regarder les offres sur Internet et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de vignes à vendre et la viticulture, c’est de l’agriculture ». 

Cédric et Violaine Menet ©DR

Un projet de seconde vie
Cédric Menet définit un cahier des charges avec sa femme Violaine pour préciser leurs attentes : un lieu plutôt au sud, travaillé en bio avec déjà une notoriété « pour ne pas repartir de zéro à la fois pour la culture et pour le commerce, et nous cherchions également un bâtiment à rénover » (la femme de Cédric travaille dans la décoration). Ils visitent six domaines dans la région. Le néo-vigneron avoue que Roquefort n’a pas été de suite un coup de cœur. « En arrivant dans le chemin, nous nous sommes arrêté de parler pour échanger avec l’endroit, et nous sommes revenus trois fois pour comprendre les lieux. Raimond nous a accueillis à bras ouvert et je lui ai dit d’emblée que je voulais d’abord apprendre le métier avec lui ». Pendant deux ans, l’entrepreneur se familiarise avec le sécateur pour l’entretien, la taille, l’ébourgeonnage, le greffage, les vendanges, dort avec les ouvriers agricoles qui travaillent dans ces vignes depuis 20 ans. « Raymond m’a beaucoup testé, mais j’ai tenu bon, car je voulais comprendre et apprendre ». 

Le développement du réceptif 
Depuis l’année dernière, le nouveau propriétaire pilote seul le domaine (en bio certifié depuis 2006) avec toujours Daniel Abrial comme œnologue conseil. Il produit 60% de rosés, 20% de blancs et 20% de rouges [il a longtemps produit deux tiers de rouges]. En 2024, il prévoit de surgreffer de la clairette sur du cinsault pour augmenter la part de blancs. Une nouvelle cave dont le chantier devrait démarrer cet automne a été confiée à l’architecte designer provençal, Jean Bosc. La bastide a été rénovée et abrite trois logements pour les clients de passage ou le personnel. Le château, entre le massif de la Sainte Baume et les calanques, devrait être réaménagé autour du bien-être et des séminaires. Un nouveau caveau est prévu avec une salle de dégustation et un chai gravitaire. « L’objectif est de pouvoir accueillir à terme une vingtaine de personnes dans deux bâtiments, en plus du château où l’on habitera ». Côté vins, Cédric Menet a légèrement modifié l’étiquette avec une écriture à la française, plus lisible, remplaçant les caractères gothiques. Le domaine dispose également de trois parcelles en jachère, plantées en blé animalier remplacé au printemps par du petit épeautre, en contrat avec un boulanger local. Quelques hectares de forêts devaient être arrachés pour agrandir le vignoble à une quarantaine d’hectares. Roquefort produit également un peu d’huile d’olive, une activité en cours de développement. De quoi occuper les Menet dans leur nouvelle vie.