Jeudi 19 Décembre 2024
©A. Viller
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Date
27.05.2024
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Pas de Champagne Tasting digne de ce nom sans masterclass de prestige. À ce titre, l’édition 2024 proposait une programmation aussi exigeante que surprenante. Six moments privilégiés, animés par Yves Tesson, rédacteur en chef adjoint de Terre de vins, dont ont pu profiter quelques heureux dégustateurs.
• La Grande Année jéroboam : une porte vers l’œnothèque Bollinger
Pourquoi débuter une journée de master-class avec des bouteilles quand on peut déboucher des jéroboams ? C’est ce qu’ont dû se dire les équipes de Bollinger, représentées par Bérangère Fierfort Caqué, au moment de préparer cette dégustation. En 45 minutes et 5 millésimes – 2015, 2012, 2005, 1999 et 1989 – l’œnologue maison a régalé le public de son savoir et de ses anecdotes, en décortiquant l’une des cuvées totémiques de Bollinger : La Grande Année (LGA pour les intimes). Avec son vieillissement uniquement en fûts de chêne anciens et ses raisins issus de grands et premiers crus, LGA est une ode au pinot noir (entre 60 et 70 % de l’assemblage), le symbole de la face « artisanale » de la maison, qui ne consent à lui donner naissance que lors des millésimes exceptionnels. « C’est notre identité, l’un de nos piliers », insiste Bérangère Fierfort Caqué. Une rigoureuse démonstration de savoir-faire offerte au public de Champagne Tasting et que l’on pourra retrouver (du moins en partie) dans le nouveau parcours œnotouristique que prépare la maison Bollinger dans son fief de Äy.
• Champagne Ayala ou l’expertise du chardonnay
« Chez Ayala, nous avons à cœur d'élaborer des chardonnays qui expriment la quintessence du terroir et révèlent l'âme même de ce cépage noble », déclare avec passion Pauline Mazeau, responsable vignoble & approvisionnements chez Ayala. Fondée en 1860 à Aÿ, au cœur de la Champagne, la Maison Ayala est une maison familiale indépendante qui cultive une passion infaillible pour le chardonnay. Depuis sa création, Ayala s'illustre par son style épuré et élégant, mettant à l'honneur la pureté du fruit et la richesse du terroir champenois. Lors d'une masterclass captivante, cinq cuvées exceptionnelles de la Maison ont été dévoilées aux cinq sens des amateurs présents. Le Brut Majeur, composé à 55 % de chardonnay et 42 % de vins de réserve (2016, 2017, 2018 et 2019), a ouvert le bal. Ce champagne emblématique de la Maison se distingue par ses arômes crémeux de noisette, sa fraîcheur vibrante et ses notes d'agrumes profondes. Le Rosé Majeur, quant à lui, a charmé les papilles par sa gourmandise fruitée, évoquant la groseille et les fruits rouges, parfaite pour un été ensoleillé. Le Blanc de Blancs A/18 2018 a offert une complexité aromatique captivante. Brioché et toasté, il dévoile une bouche sur l'orange sanguine, laissant un souvenir gustatif inoubliable. La quatrième cuvée aurait pu être dégustée en accord parfait avec un comté affiné 18 mois. « Son nez exhale des notes épicées et de bergamote », analyse Pauline Mazo. « En bouche, il explose de saveurs resplendissantes. Un millésime doté d'un potentiel de garde exceptionnel. » La masterclass s'est achevée en apothéose avec le Blanc de Blancs 2008, un millésime d'une pureté et d'une fraîcheur remarquables. La dégustation a révélé un champagne d'une grande finesse, aux notes de citron frais croquant et à une finale crayeuse persistante. À travers ces cinq cuvées d'exception, Ayala a démontré une maîtrise incontestée du chardonnay, offrant aux amateurs un voyage gustatif inoubliable au cœur de l'expression pure du terroir champenois.
• Laurent-Perrier : fraîcheur, élégance et rareté
Fondée en 1812, la Maison Laurent-Perrier est devenue une référence dans le monde du champagne et se distingue par son style unique : fraîcheur, finesse et élégance. La masterclass s'ouvre sur une note pétillante avec la dégustation du Blanc de blancs Brut Nature. Ce champagne, fruit d'un vieillissement de 8 ans (bien au-delà des 13 mois requis par le cahier des charges), dévoile une structure admirable, une tension captivante et une acidité vivifiante. Composé à 60 % de vin de 2014 et 40 % de 2012, il offre une fraîcheur citronnée qui séduit les papilles gustatives des amateurs présents. Le voyage se poursuit avec le Brut millésimé 2012, un assemblage harmonieux de 50 % de chardonnay et 50 % de pinot noir. « Soucieux de préserver son exigence de qualité, Laurent-Perrier ne réserve le millésime qu'aux années les plus prodigieuses, donnant naissance à des champagnes d'une rareté et d'une finesse exceptionnelles, emblèmes du style raffiné de la Maison », explique Constance Delaire, œnologue ambassadrice de la maison. Ce champagne exprime une richesse remarquable tout en conservant une tension élégante. Des notes de noisettes grillées viennent délicatement enrichir la palette aromatique, offrant une expérience gustative complexe et raffinée. La masterclass s'achève en beauté avec la cuvée Grand siècle Itération n°26, décrite comme un véritable « feu d'artifice » par Yves Tesson, rédacteur en chef adjoint de « Terre de vins ». Cette cuvée exceptionnelle, fruit d'une sélection rigoureuse des meilleurs crus, incarne la quête de la perfection chère à la maison. Le Grand Siècle Itération N°26 est un assemblage de 58 % de chardonnay provenant de Le Mesnil-sur-Oger, Oger, Cramant, Avize, et de 42 % de pinot noir provenant de Tours-sur-Marne, Ambonnay, Bouzy, Verzy. Cette combinaison exquise met en valeur les meilleures qualités des deux cépages. Profonde, intense et dotée d'un potentiel de garde exceptionnel, elle incarne l'essence même du champagne d'exception. Comme l'exprime Constance Delaire, « on cherche là, à reconstituer l'année parfaite ».
• La Collection impériale par Moët & Chandon
Selon l’adage, « à chaque seconde, un bouchon de Moët & Chandon saute quelque part dans le monde »… Autant dire que Champagne Tasting n’était pas en reste aujourd’hui, et notamment avec cette cinquième master-class au cours de la quelle Marie-Christine Osselin, responsable expérience vins de la maison, est venue présenter trois cuvées, dont une nouveauté. Tout d’abord, pour bien initier les dégustateurs à l’esprit Moët, quoi de mieux que son BSA, le Moët Imperial ? Considéré comme la « carte de visite » de la maison, c’est un concentré de la diversité des terroirs champenois, avec ses 150 vins. Ou comme le dit joliment Marie-Christine Osselin : « C’est toute la Champagne qui pétille dans un verre. » Vient ensuite un très beau Grand Vintage 2013, année remarquable s’il en est puisque la dernière dite « froide », avec des vendanges en octobre ! « Il a fallu se battre dans les vignes pour trier les pinots noirs... » Au vu du résultat, le combat en valait la peine.
Enfin, le clou du spectacle : la nouvelle cuvée Collection Impériale. Estampillée « Haute œnologie », ce multimillésimé représente vingt ans de développement pour trouver son équilibre. Un assemblage complexe de sept millésimes – « soit sept fois le travail dans les vignes » – pour un instant privilégié, un honneur offert aux dégustateurs de Champagne Tasting
• Best Old Vintage Award : les iconiques
Il est des dégustations qui marquent une vie… Les visiteurs de Champagne Tasting ont eu la chance de savourer trois champagnes d’exception des millésimes 1988 et 1989 lors d'une masterclass consacrée aux trois vainqueurs des Best Old Vintage Award. « Le grand public ne sait pas que le champagne n’est pas seulement un vin de fête, c’est sans doute celui qui vieillit le mieux au monde. Et je pèse mes mots… » C’est ainsi qu’Yves Tesson, rédacteur en chef adjoint de Terre de vins, a lancé la dernière rencontre de la journée. D’ailleurs, le terme de vieillissement en champagne n’est pas exact, précise-t-il : « il mûrit. ». Les amateurs de bulles ont commencé avec la cuvée Belle Époque 1988 de la maison Perrier-Jouët. « 1988 est un millésime iconique », lance Séverine Frerson, cheffe de cave de la maison depuis 2020. « Nous sommes dans l’expression extrême de la floralité. » Un champagne à la belle tension, encore jeune malgré ses 35 ans. Pour le millésime 1989, « on est dans le basculement d’un équilibre », comme le montre la maison Charles Heidsieck avec La Collection Crayères 1989, servie en jéroboam. « J'ai beaucoup de jolis souvenirs avec ce 1989. C’est une année magique, solaire et mature avec néanmoins une fraîcheur bien placée », raconte Willem Pinson, directeur marketing France de la maison. « Ce qui frappe, c'est la vibration et l'attaque qui embrase le palais. Ce champagne est une combinaison de fraîcheur sur des arômes de brioche grillée, de noisettes, d’agrumes et kumquat sur des notes d'épices safranées. Comme une ambiance de Noël ! » La maison Billecart-Salmon a clôturé la trilogie bal avec sa cuvée Nicolas François 1988, présentée par Mathieu-Roland Billecart, représentant de la 8e génération de la famille et actuel directeur général. Créée pour la première fois en 1964, la Cuvée Nicolas François est issue d'un assemblage de chardonnay et de pinot Noir issus des vignobles Grand et Premier Cru de la Côte des Blancs et de la Montagne de Reims. « La fraîcheur est essentielle chez Billecart », et cette cuvée, en est la preuve. Le nez évoque les agrumes confits, les champignons, les sous-bois. En bouche, on trouve de la puissance, de la fermeté, des arômes de cèdre, des notes d'oranges confites, très automnales… On est bien au stade de la « complexité » mais avec encore de la fraîcheur.
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