Accueil Dégustation Nous avons dégusté les vins du château de Chambord 

Nous avons dégusté les vins du château de Chambord 

Trois bouteilles de vins du château de Chambord 2022

Les trois vins du château de Chambord 2022

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

04.07.2024

Partager

Le domaine national de Chambord a décidé de renouer avec son activité viticole il y a une dizaine d’années. La production a atteint en 2023 son rythme de croisière. Nous avons pu déguster toute la gamme et le résultat est très encourageant.

Il faut avoir de bons yeux pour pouvoir apercevoir le vignoble depuis les célèbres terrasses du château de Chambord. Tout juste distingue-t-on au loin les bâtiments du domaine situé à environ 2 kilomètres de la bâtisse. Les 14 hectares de vignes sont un confetti dans l’immensité des 5440 hectares du parc mais leur présence n’est pas totalement fortuite. Il faut avoir en tête que le cépage romorantin est arrivé dans la région lorsque François 1er décida de faire planter un vignoble près de la demeure de sa mère, Louise de Savoie, dans la ville de Romorantin au début du XVIème siècle. La présence de vignes est même attestée au XVIIIème siècle dans l’enceinte du domaine, là même où ce projet de replantation a été initié en 2015 dans le cadre de la diversification des activités de Chambord. Jusqu’en 2017, ce sont 5 cépages différents qui ont été plantés sur une parcelle d’un seul tenant, romorantin, sauvignon, gamay, pinot noir et orbois, un très vieux cépage local. Une part non négligeable des ceps sont même francs de pied, une possibilité offerte par les sols partiellement sableux. La production, entièrement en bio depuis l’origine, est progressivement montée en puissance, passant de 17 000 bouteilles en 2021 à 65 000 en 2022 pour atteindre l’an dernier 80 000 bouteilles. 

Des vins élégants à Chambord

Si la gamme devrait prochainement accueillir un nouveau vin effervescent en méthode traditionnelle, elle ne se compose actuellement que de 3 vins, un 100% romorantin élevé en cuve, un Cheverny blanc (sauvignon) ainsi qu’un Cheverny rouge (pinot noir et gamay). Tous s’inscrivent dans une tarification assez similaire (18 à 19€) et offrent déjà un intéressant niveau qualitatif. Le romorantin 2022 « cuvée du roy » en IGP Val de Loire s’avère très délicat, doté d’une aromatique très citronnée et légèrement exotique. En bouche, la matière veloutée et déliée s’accompagne d’une allonge correcte. Un vin qui joue la gourmandise et le plaisir immédiat. Ce 2022 est encore conditionné dans son ancienne bouteille, très lourde, qui a été fortement allégée pour le 2023. Autre blanc, le Cheverny blanc 2022 est un assemblage de 60% de sauvignon et 40% d’orbois. Il se révèle très charmeur dès le nez avec ses notes de fleurs blanches et exotiques mêlées. La bouche, longiligne, est aimablement guidée par une trame acide précise. Un vin équilibré et très digeste. Côté rouge, le Cheverny a connu une évolution entre le millésime 2022 et 2023. Initialement élevé 100% en cuve inox, les équipes techniques ont décidé de lui apporter une touche d’élevage en fûts pour lui donner davantage de patine et de fond. Une initiative bienvenue bien que le Cheverny 2022 (84% pinot noir, 16% gamay) soit d’un fruité (framboise, cerise) et d’un floral très réjouissants, lui donnant un profil guilleret et très accessible.  Le Cheverny 2023 en revanche a été élevé pour moitié en fûts de chêne. Si l’ensemble pinote bien au nez, avec des notes de cerise très franches, c’est surtout le milieu de bouche qui y a gagné un surcroît de chair, une présence et un velouté accrus. Le tout évoluant vers de fines notes épicées, démontrant tout le potentiel de ces vins qui n’ont pas à rougir. Une cuvée de rouge élevée à 100% en fûts est même annoncée. L’histoire ne fait que commencer et sera très intéressante à suivre.