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Gigondas montre sa patte blanche

Sélection Terre de vins de cuvées en appellation Gigondas blanc

Sélection Terre de vins de cuvées en appellation Gigondas blanc

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

16.01.2025

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Le premier millésime d’une jeune AOC est aussi attendue qu’un nouveau-né. Surtout quand son frère aîné fait partie des célèbres crus des côtes-du-rhône vauclusiens. Il manquait le blanc dans la fratrie des Gigondas (dans laquelle le rosé se fait plus discret à hauteur de 1 %), le voici avec toute sa légitimité.

Pour la petite histoire, en 1954, lors du premier dossier de demande d’accession en cru, le baron Le Roy de Boiseaumarié, président de l’INAO, retoque la demande. Pourtant, les cépages blancs représentaient alors 17 % sur les 700 hectares plantés. En 1970, avec l’accession en appellation locale et l’explosion du vignoble, ils sont arrachés au profit des cépages rouges. Toutefois, quelques propriétaires les conservent pour satisfaire leur clientèle. Grâce à la clairvoyance et à la ténacité des vignerons et du président de l’ODG Louis Barruol, le passage est acté. Aujourd’hui, 25 hectares sont plantés ou surgreffés – soit 9 % de surface revendiquée –, dont 19 en clairette. C’est le cépage qui marque l’identité du nouveau cru. Le cahier des charges l’exige à hauteur de 70 % dans l’assemblage, voire en monocépage. Bourboulenc, marsanne, picpoul, roussanne, grenache blanc et gris, clairette rose sont complémentaires dans la limite de 5 %. La clairette n’est pas une étrangère ici, par le passé elle participait à l’assemblage des rouges ou à l’élaboration de blancs secs oxydés. Elle qui aime les coteaux calcaires, elle peut largement s’y épanouir aux pieds des Dentelles de Montmirail. 

La sélection de Terre de vins

Grandes Serres - Pope Culture 2023 (22€)

Le négociant châteauneuvois prend un coup de jeune. À la technique et à la commercialisation, il courtise les jeunes consommateurs avec des étiquettes signées de dessinateurs de comics. La forme est belle, le fond tout autant, et toute la gamme est bio. La clairette (70 %) s’acoquine avec la marsanne, la roussanne et le viognier dans un savant mélange d’abricot, de fleurs capiteuses, de mangue, d’un trait citronné. Acidité franche et belle tension en bouche. Idéal avec des fruits de mer.

Domaine de la Mavette 2023 (20€)

Jean-François Lambert a repris le petit domaine familial de 9 hectares. Il a fait le pari de planter 0,06 hectare de clairette. Comme le viognier, elle a été vinifiée et élevée en fûts, achetés au domaine Pichon, à Condrieu. Soutirés, les vins ont été mis en bouteilles fin juin. Cet assemblage offre un abricot doré généreux et gourmand dans une bouche aux saveurs exotiques. Le plaisir est souligné et accru par une petite tension et des amers finement posés. Converti, le vigneron va surgreffer des syrahs. D’ici là, il faudra se contenter de 300 bouteilles.

Domaine Pierre Amadieu - Grand Romane 2023 (24€)

Nous voila transportés dans un jardin de fruits exotiques, mêlés d’agrumes où le citron vert a été pressé avec l’anis. La fraîcheur est là, sur toute la longueur, avec cette petite tension structurante, dans une harmonie et un équilibre parfaits. Issue d’une parcelle historique de clairette (complantée avec 5 % de grenache et de picpoul) vinifiée et élevée 9 mois sur lies fines, en foudre et fûts neufs. La famille Amadieu, qui signe également la cuvée Romane Machotte au boisé généreux, a su tester patiemment différentes presses et contenants.