Lundi 30 Décembre 2024
Les vendanges sont lancées depuis ce lundi dans le Muscadet ©FVN / Emeline Boileau
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19.09.2024
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Autour de la ville de Nantes, les vendanges de muscadet ont officiellement commencé le lundi 16 septembre. Dans la pratique, un ban administratif avait précédé dès le 7 septembre à cause des disparités entre les différentes zones de vignes. Les équipes profitent d’une semaine ensoleillée pour rentrer un maximum de raisins.
Les années ne se ressemblent pas. En septembre il y a un an, les températures supérieures à 35° obligeaient à réorganiser les horaires pour ne pas épuiser les troupes avant midi. En 2024, on se réjouit du moment qu’il ne pleut pas et qu’il y a du soleil quelques heures par jour. Les différences de maturité et d’état sanitaire varient d’un secteur à l’autre, quand ce n’est pas d’une parcelle à l’autre dans un même domaine.
Comme partout en France, l’année 2024 a présenté une météo compliquée. Pour les vins de Nantes, la pluviométrie de mai et juin a été exceptionnelle, avec parfois deux fois plus d’eau que la moyenne. La première répercussion est un phénomène de « filage », l’avortement des boutons floraux dès avant la floraison, qui donne naissance à des vrilles ramifiées, mais à aucun raisin. En conséquence, le nombre de grappes est réduit et le rendement général des appellations muscadet, gros-plant-du-pays-nantais et des IGP blanches et rouges sera sans doute inférieur à l’année de référence faible, 2021.
Au domaine Morille-Luneau, on prend son temps : « La météo nous guide, on travaille avec la nature, il faut savoir faire avec elle. On commence le jeudi 19. Ce n’est pas spécifique à l’année, on aime mieux attendre » déclare Jean-Michel Morille, à la tête des 70 ha à Divatte-sur-Loire, au nord-est de Nantes. Il vendange avec deux équipes par jour sur des machines qu’il possède et qui lui donnent la souplesse de commencer et de s’arrêter quand il veut. Comme tout le monde en pays nantais, il a eu du filage, surtout sur les terrains les plus froids et humides. Sûr que le volume ne sera pas là, mais « on fournira les marchés, car on a des réserves » précise-t-il, sans vouloir s’avancer sur la qualité « qu’on verra à la fin des vendanges, il y a tant de paramètres qui peuvent encore bouger ».
Au domaine de l’Ecu au Landreau, à l’est de Nantes, on active au maximum la vendange depuis le 16 septembre. « Par rapport à d’autres, on s’en sort pas trop mal, on envisage une demie récolte, autour de 20-25 hl/ha au lieu d’une quarantaine après une année compliquée, la plus pluvieuse depuis 60 ans. On a dû faire 15 passages pour lutter contre ses conséquences » explique Fred Niger. Ce dernier gère avec Claire Niger le domaine qui s’est fait connaître par son précédent propriétaire, le visionnaire Guy Bossard, certifié bio dès 1975.
Le filage a réduit la récolte et en plus, il faut trier à la parcelle et de nouveau au cuvier. Il a réuni une grosse équipe avec 45 coupeurs et 5 aux hottes qui travaillent de 8 h à 18 h. Il a trouvé des vendangeurs plus facilement du fait que les voisins ont aussi moins à ramasser. « On profite du soleil car il est annoncé 20 mm de pluie à l’équinoxe de fin de semaine. On gagne 0,2 à 0,3 degré par jour tout en accélérant, 3 ha par jour au lieu de 1,5 » précise-t-il.
On s’attend à un retour de fraicheur et vivacité dans les vins, des marqueurs classiques du muscadet, après plusieurs années chaudes. Avec la récurrence des aléas climatiques, les domaines ont appris à gérer l’alimentation de leurs circuits de distribution, grâce aux stocks des années précédentes. Les consommateurs ont compris que muscadet n’est plus synonyme de « vin de l’année » et que de nombreuses cuvées non seulement peuvent, mais gagnent à être élevées et attendues.
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