Mercredi 18 Décembre 2024
©F. Hermine
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Date
17.12.2024
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Conversions, volumes et ventes du bio sont toujours à la hausse, mais plus modérée, tandis que les surfaces en production marquent le pas. Les producteurs conservent néanmoins un bel optimisme à long terme.
« Même si les aléas climatiques (sécheresses, inondations) ont impacté fortement les rendements de cette année, le bio continue de susciter un engouement chez les viticulteurs, affirme Nicolas Richarme, président de Sudvinbio. En 2023, nous avions enregistré 298 producteurs supplémentaires, la moitié en installations, l'autre en conversion. Ce qui semble confirmer que le bio est un véritable facteur d'attractivité chez les jeunes ». Selon l’Agence Bio, les conversions sont toujours en croissance (+ 1,6 % en 2023), mais plus faiblement qu'entre 2017 et 2021. « Tous les vignerons n'ont pas forcément envie d'être en bio, ce qui nécessite des compétences techniques, de la trésorerie et un accompagnement. Et le potentiel de vignes se réduit aussi mathématiquement ».
Si la conversion reste dynamique, les surfaces en production ont baissé pour la première fois en 2023 (-1,92 %). La part du vignoble en bio atteint désormais 21,7 % du vignoble contre 6,2 % en 2010. « Le développement de la filière ayant toujours fonctionné par paliers d'accélération et de ralentissement afin d'équilibrer l'offre et la demande, il y a toujours un décalage entre la production et la mise en marché. Mais la viticulture reste le bon élève de la filière bio qui stagne au global en France. » Contrairement aux ventes qui continuent de progresser en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Suisse, aux États-Unis… pourtant dans un contexte de décroissance.
Le chiffre d'affaires (1,57 Mds € pour 2,67 Mhl en 2023) continue néanmoins d’augmenter de 7 % en valeur, 6 % en volume et dans tous les circuits, excepté la grande distribution (qui ne représente que 8 % des ventes). « Si le vin bio semble résister, c'est aussi grâce à la part importante de ventes directes (plus de 31 % vs 11 % pour les vins conventionnels) et chez les cavistes (11,4 %), respectivement en progression de 14,3 et 12,4 %. La situation est plus difficile pour le négoce et les coopératives, davantage présents en grande distribution car ils ont besoin d'écouler des volumes. »
Une enquête en ligne inédite réalisée cet automne par Millésime bio auprès de 1 250 exposants du salon (200 réponses de caves particulières) a permis d'évaluer l'état d'esprit et le ressenti des professionnels à l'orée d'une année difficile. Le choix du bio semble toujours motivé par la préservation de la santé humaine (86 %), juste devant celle de la biodiversité (84 %) et des ressources naturelles (78,5 %). « C'est une prise de conscience surtout personnelle et militante du vigneron qui se promène dans ses vignes, estime Jeanne Fabre, présidente de la commission Millésime bio. La qualité des vins (56,5 %) et la recherche de nouvelles opportunités (pour à peine un tiers) n'arrivent qu'après mais si elles ne sont pas prioritaires, elles restent une motivation réelle ».
Il est également intéressant de constater que les espoirs et les attentes des producteurs sont validés après conversion, la santé et la biodiversité allant au-delà de leurs attentes. La différence de perception la plus notable est finalement l'amélioration de la qualité des vins et des retombées. « Les vignerons convertis par éthique se rendent compte que le marché est porteur et que le bio les aide à conquérir de nouveaux marchés et d'autres clients. Il ne s'agit pas d'un optimisme échevelé, mais le climat est au beau fixe : nous sommes conscients des difficultés climatiques et des réalités économiques mais on croit en l'avenir et le bio renforce la confiance à long terme. »
Les vignerons se déclarent néanmoins plus optimistes dans l'avenir des vins bio qu'en général, et davantage sur le long terme, avec un indice de confiance de 5,8 vs 4,6 en général car ils voient des débouchés pour leur production. Sans délaisser le circuit en direct, l'export (37,8 % des ventes à + 5 %) semble porteur d'espoir à trois ans avec des attentes plus fortes de l’Europe du Nord et du Canada, notamment grâce aux monopoles qui mentionnent dans les appels d'offres des labels mieux-disants pour l'environnement, la bio étant même parfois obligatoire.
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