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Vinsobres mise sur les blancs et la syrah

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

10.02.2025

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L’appellation drômoise Vinsobres compte sur la syrah et sur l’extension en blanc pour booster sa notoriété et conquérir les palais.

« Vinsobres se porte plutôt bien avec une commercialisation en année civile à + 2 % à 13 000 hl ; nous sommes d’ailleurs le seul cru du Rhône à maintenir nos volumes de vente, même si nous avons une plus grande marge de progression », avoue Aurélien Aubert du domaine Autrand, à la coprésidence par intérim après la disparition brutale cet automne de Philippe Chaume. La production de 2024 avoisine les 18 000 hl en 2024 pour 35 opérateurs, la coopérative de La Vinsobraise avec une soixantaine de viticulteurs représentant 45 % des volumes.

« La très grande majorité des vignerons sur notre territoire vit de l’appellation Vinsobres. Nous avons aussi l’avantage, contrairement à d’autres crus comme Rasteau ou Beaumes-de-Venise, de pouvoir se replier en Côtes-du-Rhône Villages car à l’obtention du cru il y a 20 ans, nous en commercialisions beaucoup. » Mais Vinsobres espère surtout flirter d’ici 4-5 ans avec les 15 000 hl vendus. Un vrai défi pour une appellation uniquement rouge.

Une vendange en blanc attendue en 2027

Certes, les blancs sont dans les tuyaux. Le dossier, préparé en amont pour éviter d’interminables allers-retours, sera déposé en mars sur le bureau de la commission régionale de l’Inao en espérant décrocher la couleur pour la vendange 2027. À la carte, grenache blanc, roussanne, marsanne, viognier et clairette qui devront représenter au moins 80 % de l’assemblage (seront exemptés de cette règle les vignerons disposant de moins de 1,5 ha). Le potentiel actuel de production en blanc est estimé autour de 35 ha.

« Dans un deuxième temps, nous pourrions l’étendre à la zone Villages et orienter la restructuration et l’extension de Vinsobres sur cette zone qui serait dédiée aux blancs, mais le schéma est encore à l’étude. » Le dossier, suivi en collaboration avec Inter Rhône et le syndicat des Cotes-du-Rhône, a été étoffé par l’étude pédologique du géologue des vignobles, Georges Truc. L’infographiste Pierre Le Hong l’a modélisée en vidéo 3D pour mieux visualiser l’ensemble, en particulier la préservation de cônes boisés qui protège les vignes des gels matinaux. « Nous sommes le seul cru à avoir sauvegardé 12 000 ha en zones classées, interdites à la plantation, rappelle Aurélien Aubert. La zone Vinsobres revendicable est figée. »

Aurélien Aubert ©F. Hermine

Un mariage grenache-syrah gagnant

Autre piste de développement du cru : la « syrahnisation ». « Nous nous sommes rendu compte que depuis 4-5 ans, nous arrivions à capter l’intérêt des prescripteurs avec ce cépage, car notre terroir s’y prête et en bicépage avec le grenache, la composition est idéale apportant de la fraîcheur au grenache en gardant la nervosité de la syrah, parfois complétée de mourvèdre et dans une moindre mesure de carignan, marselan ou cinsault. Nous cherchons ainsi à obtenir davantage de buvabilité. » Car jusqu’à présent, Vinsobres souffrait d’une image de rusticité des vins, avec des tanins plus fermes dans leur jeunesse de par l’altitude, tout en gardant le style du Rhône sud, concentré et chaleureux. 

Développer la notoriété 

Pour mieux se faire connnaitre, Vinsobres entend cibler le circuit on-trade. Les ventes dans l’Hexagone représentent actuellement les trois quarts de la commercialisation dont un tiers de ventes directes (digital, caveau, CHR locaux), 25 % en vrac au négoce et environ 40 % en GMS, « plutôt stable, mais nous ne sommes présents que dans un magasin sur trois, c’est peu comparé à Rasteau ou Cairanne plutôt dans six magasins sur dix », déplore Aurélien Aubert.

La faute au manque de notoriété, mais également « parce que le rayon rétrécit et s’ouvre peu aux nouveaux produits. Mais par voie de conséquence, cela renforce les volumes des principaux opérateurs déjà présents comme la Vinsobraise, Domaine Jaume, Domaine Saint Vincent et Domaine Autran. » Dans le contexte de déconsommation, l’appellation ne peut même pas jouer de son nom qui sonne comme un oxymore, beaucoup de consommateurs pensant encore qu’il s’agit d’une invention marketing. « On peut juste en sourire au détour d’une conversation, mais il serait difficile de l’utiliser en communication. »

Cap vers l’Amérique

L’appellation entend aussi miser l’export qui représente désormais une bouteille sur quatre, principalement en Belgique, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et au Japon. Elle a décidé d’investir sur le marché américain dans un plan triennal jusqu’en 2026. Huit opérateurs ont participé en 2024 à un stand collectif à Vinexpo New York, une opération renouvelée à sept, au printemps sur Vinexpo Miami et en 2026 via les Hospices du Rhône, un événement qui aura lieu dans l’état de Washington et qui devrait être assorti d’un grand séminaire et d’une masterclass. Mais la priorité de la prochaine présidence élue en février, sans doute bicéphale, sera surtout d’organiser les vingt ans du cru l’an prochain.

Terre de vins aime

Domaine du Moulin Charles-Joseph 2021 (HVE)

60 % grenache, 40 % syrah. Une vinification en levures indigènes. Des arômes de maquis, d’épices, de fruits noirs, de graphite sur une rondeur vanillée tout en équilibre (19,50 €)

Domaine Vallot Le Couriançon L’exception 2017 (Demeter) 

70 % grenache, 30 % syrah. Le nez s’ouvre sur des arômes de fruits noirs, le vin est ample aux tanins veloutés, avec quelques notes boisés en finale (24 €).

Château Montplaisir Expressions 2019 (AB)

70 % syrah, 30 % grenache. Épicé, poivré, une note de bois brûlé, des fruits rouges et noirs, ample sur une rondeur harmonieuse, des tanins veloutés enveloppant une belle puissance sur la longueur (17 €).

Domaine Chaume-Arnaud La Cadène 2019 (Demeter)

50 % grenache, 50 % syrah. À ouvrir 1 h avant. Des fruits rouges et noirs, une rondeur épicée, une puissance minérale harmonieuse, encore à fondre. (30 €)

Domaine Le Puy de Maupas 2019 (AB)

60 % syrah, 35 % grenache, 5 % mourvèdre. Des fruits noirs et rouges sur une note graphite, des épices douces, une trame soyeuse sur une structure acidulée sur la longueur. (15 €)