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Entre baisse et hausse, les vignobles de la Vallée du Rhône gardent le cap

hommes autour d'une table

©Marie-Pierre Delpeuch

Auteur

Marie-Pierre
Delpeuch

Date

07.04.2025

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A l’occasion de Découvertes en Vallée du Rhône, le salon organisé par l’interprofession rhodanienne, la situation économique et les perspectives 2025 ont été présentées. Entre baisse de la production et hausses des certifications, la qualité du millésime 2024 est la note positive.

« Les Vignobles de la Vallée du Rhône représentent en France 45000 emplois, ventilés entre près de 19000 emplois directs, environ 3400 emplois indirects et 23000 emplois induits ». L’introduction de Philippe Pellaton, président d’Inter Rhône, rappelle l’importance de la filière et, dans un contexte économique défavorable, les attentes induites. Si le millésime 2024 s’annonce « d’une qualité remarquable, avec des vins équilibrés et expressifs », les volumes s’avèrent être en forte baisse, par rapport à l’année dernière (-11 % vs 2,43 millions d’hectolitres) et -17% par rapport à la moyenne des cinq récoltes précédentes. Il s’agit historiquement de la plus petite récolte depuis plus de 40 ans. La famille Côtes du Rhône (AOC régionales, Villages et Crus) représente toujours la part la plus importante de la production rhodanienne avec un total de 73%. Le recul concerne les trois couleurs, même si le rouge résiste mieux. Le blanc, nouveau fer de lance de l’interprofession qui s’est donnée un objectif de 300 00 hectolitres à l’horizon 2030, voit les premiers signes favorables, avec 10 % des volumes.

Satisfecit pour l’environnement 

Damien Gilles, le président du Syndicat Général des Côtes du Rhône, constate des sorties de chai chahutées. 2,24 millions d’hectolitres, c’est -7 % sur la campagne 2023-2024. Toutefois, le rebond se fait sentir avec une reprise sur les cinq derniers mois. Il souligne les efforts faits aussi bien en matière de qualité que de respect de l’environnement. La Vallée du Rhône est leader sur les certifications AB et HVE. Le poids du bio est passé de 19% de la production totale en 2023, à 22% en volume en 2024 et la certification HVE a progressé de 33% à 37% (en volume). Pour ce millésime, 60% de la récolte revendiquée en AOC rhodanienne s’inscrit dans une démarche environnementale.

Commercialisation : merci la Belgique !

A l’export, après un recul en 2022-2023, 2024 se maintient. Samuel Montgermont, président de l’UMVR note que les vins de la Vallée du Rhône ont préservé leurs volumes exportés, soit 796 746 hectolitres pour une valeur de 509 millions d’euros (-4% ). Au Top 5, on trouve la Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suède et l’Irlande. Leur progression compense les pertes en Suisse, Danemark et Norvège. L’Amérique du Nord progresse grâce à un excellent mois de décembre 2024 vers les USA et le maintien sur le long terme de la croissance vers le Canada qui atteint un plus haut historique. A l’inverse, les premiers marchés asiatiques que sont la Chine et le Japon sont fortement à la baisse -36% et -23%.  

En valeur, la baisse est de -4% en moyenne pour les principaux marchés. Les USA conservent la première position, devant le Royaume-Uni et la Belgique. 

Les vignerons sont suspendus aux décisions du président Trump. Samuel Montgermont assurant : « si les taxes annoncées sont effectives, ce sera un arrêt pour ces exportations. Il faut regarder vers d’autres pays ». En effets, les USA sont le premier marché en volume et en valeur pour le vignoble rhodanien !

Allez les blancs, retour au pays France

Prudence et efficacité seront les maîtres mots de l’interprofession. Philippe Pellaton justifie « une vision à l’équilibre, une capacité à s’adapter, à redonner de la souplesse aux marchés avec des stratégies poussées et réorientées ». Il rappelle que sur les 20 millions d’euros de budget, 10 sont consacrés à la promotion. La diversification avec des incitations à la production de vin blanc est un élément moteur pour tout le vignoble. Le Syndicat Général a engagé un dossier collectif auprès de l’INAO pour porter l’introduction des cépages blancs dans les aires des AOC Villages nommés. Après Gigondas et Laudun, d’autres crus comme Vinsobres ou Rasteau s’engagent également sur les terroirs du blanc. L’Institut Rhodanien, branche technique d’Inter Rhône, avec d’autres partenaires professionnels comme l’INAO et l’IFV, a engagé un plan dénommé VITILIENCE. Il a pour but de trouver des solutions aux dérèglements climatiques, par exemple avec l’adaptation aux cépages résistants, d’imaginer de nouveaux profils de rouges légers et d’effervescents, de capitaliser la ressource en eau et d’activer la réduction de l’empreinte carbone.

Les grandes campagnes de promotion ont vécu. La stratégie de communication se porte désormais sur les distributeurs, les importateurs et les consommateurs. L’œnotourisme, donnée encore impalpable pour Philippe Pellaton, fera l’objet d’une expertise et d’un développement, afin de proposer « des escales généreuses pour les professionnels et le grand public ».