Samedi 23 Novembre 2024
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04.03.2014
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Le salon Vinisud était l’occasion pour les vignerons de Saint-Georges-d’Orques, terroir situé à 5 km à l’ouest de Montpellier, de défendre leur reconnaissance en nom propre par l’INAO. Dégustation et… Histoire à l’appui.
Château Claud Bellevue, Château de Fourques, Château de l’Engarran, Domaine de la Marfée, Domaine de la Prose, Domaine de Saumarez, Domaine Guizard, Domaine Henry, Domaine Belles Pierres, Le Clos d’Isidore, Mas de la Rime, les Vignerons de Saint-Georges-d’Orques. Ils étaient douze, onze domaines et une cave coopérative, sur la vingtaine d’acteurs répartis entre les cinq communes et 600 hectares de l’aire de production de Saint-Georges-d’Orques (Saint-Georges-d’Orques, Lavérune, Pignan, Murviel, Juvignac, Murviel-lès-Montpellier, toutes situées à une poignée de kilomètres à l’ouest de Montpellier), à se mobiliser durant le salon Vinisud pour mieux faire connaître leur terroir et défendre leur reconnaissance en nom propre auprès de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) : une démarche entamée en 2012 et qui devrait aboutir, ils l’espèrent, d’ici 2018.
Depuis Thomas Jefferson
Il faut dire qu’au sein des Coteaux-du-Languedoc, le nom de « Saint-Georges-d’Orques » jouit d’une réputation et d’une reconnaissance fort ancienne. Qui remonte au moins au XVIIIème siècle et à un certain… Thomas Jefferson. Alors qu’il était ambassadeur en France, le futur président des États-Unis avait arpenté le vignoble hexagonal, et était particulièrement friand des vins de Saint-Georges-d’Orques, qu’il faisait expédier de l’autre côté de l’Atlantique en les exemptant de frais douaniers.
Deux siècles plus tard, les vignerons du syndicat de promotion du cru Saint-Georges-d’Orques se serrent les coudes pour faire reconnaître cet héritage, comme le souligne leur président Jérôme Vidal : « Saint-Georges-d’Orques est distingué comme un vignoble de premier plan depuis fort longtemps. La cave coopérative a été créée en 1948, nous avons été reconnus VDQS en 1983, puis l’AOC Coteaux-du-Languedoc-Saint-Georges-d’Orques a été reconnue en 1985. Le syndicat de promotion du cru a été créé en 1993, et nous avons enfin entamé, en 2012, la délimitation parcellaire indispensable avant tout dépôt de dossier de reconnaissance en nom propre auprès de l’INAO. Nous espérons le voir aboutir avant 2020. Pour cela, nous défendons la personnalité de notre terroir composé de cailloutis calcaires, de marnes, de silex et d’oxyde de fer, si original qu’il exprime des nuances passionnantes en fonction des cépages, des expositions, de la patte des vignerons. Nous nous employons tous à hisser la qualité de nos vins, à harmoniser notre travail collectif, environnemental, économique, pour faire reconnaître notre terroir ».
Signatures de vignerons
Pour donner « leur » signature du terroir de Saint-Georges-d’Orques, les vignerons peuvent bien sûr suivre des chemins différents. Il y a ceux qui, comme Edith Bez et Joël Antherieu du Clos d’Isidore (cuvée « Les Sentiers Pourpres » 2010), associent 50% de syrah en macération carbonique et 50% de mourvèdre en vinification traditionnelle, suivi d’un élevage de 12 mois en barrique. Notes de fruits confits, de torréfaction, de chocolat… Il y a ceux aussi qui, comme Pierre de Boisgelin du château Claud Bellevue, ont également recours à la macération carbonique puis à 15 mois d’éevage en foudre pour signer une cuvée L’Âme 2010 (syrah, grenache, carignan) très « confiture de fruits rouges » et réglissé.
Il y a ensuite, Thierry Hasard du Domaine de la Marfée, qui travaille en biodynamie et cherche à donner une signature quasi-bourguignonne à ses vins du Sud. Une démarche que l’on constate dans son blanc « Frissons d’Ombelles » 2010 (Vin de Pays de l’Hérault), 70% roussanne et 30% chardonnay, à la touche presque murisaltienne… Mais aussi dans ses deux cuvées en Saint-Georges-d’Orques, « Della Francesca » 2011, un mourvèdre « qui pinote », tout en finesse et en perspective, et « Les Champs Murmurés » 2010, assemblage de vieilles vignes de syrah et mourvèdre, parfait équilibre de matière et de fraîcheur. A noter également, du même vigneron, la cuvée 100% carignan « Les Vignes qu’on abat » (Vin de Pays de l’Hérault) dont Michel Smith nous parlait déjà à l’occasion de Millésime Bio.
Les aventuriers du Domaine Henry
Il y a, enfin, les inlassables explorateurs, les défricheurs, à l’image de François et Laurence Henry, du domaine Henry. Installés depuis 1992, ils n’ont de cesse depuis plus de vingt ans, de redonner tout son lustre au terroir de Saint-Georges-d’Orques. Ou plutôt, aux terroirs, puisqu’ils ont la chance d’avoir des vignes sur les trois types de sols de l’aire de production. Travaillant « en agriculture naturelle depuis toujours » et en fin de conversion bio, ils cherchent dans tous leurs vins à exprimer le caractère de leur terroir, la tension, la minéralité, le fruit. Si l’on aime leur blanc des Collines de la Moure, leur « vin de copains » Le Coteau 2011 ou leur « vin de très bons copains » Paradines 2011, c’est particulièrement vrai sur leur cuvée « Saint-Georges-d’Orques » 2010 : un cru Villages « à la bourguignonne », tout en élégance, en droiture, issu de vieilles vignes de grenache, syrah, mourvèdre et cinsault, élevé de 18 à 24 mois en cuve. Que dire ensuite de la cuvée VillaFranchien : très vieilles vignes de grenache, sur sols de galets roulets à composante argilo-siliceuse (une géologie à la Châteauneuf-du-Pape), élevé 15 mois en cuve. Du velours, de la longueur…
Il y a enfin, et surtout, l’extraordinaire aventure en bouteille de Laurence et Françoise Henry : leur cuvée « Le Mailhol » 2009. Après de longues années de recherche et de documentation, le couple a reconstitué, à la fin des années 90, le vin de Saint-Georges-d’Orques, tel qu’il était fait au XVIIIème siècle, avec des cépages pré-phylloxériques, complantés, récoltés et vinifiés en même temps. Un vin ovni, résolument sur la finesse, fleuri, doté d’une superbe densité de fruit. A goûter absolument, comme tous les vins du domaine (ne manquez pas non plus leur étonnant rouge passerillé) ! Le terroir de Saint-Georges-d’Orques pouvait-il rêver de plus fringants ambassadeurs ?
Mathieu Doumenge
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