De Castelnau : attention, champagne de connaisseurs

Marque phare de la CRVC (Coopérative Régionale des Vins de Champagne) le champagne de Castelnau suit son bonhomme de chemin chez les cavistes. Voici des champagnes qui jouent la carte de longs élevages et séduisent par leur tempérament riche et généreux.

C’est une jolie marque de champagne que vous avez peut-être croisée chez des cavistes de France et de Navarre, ou sur plusieurs compagnies aériennes. De Castelnau – marque créée en 1916 du nom d’un grand général, est propriété depuis 2003 de la CRVC, une coopérative indépendante qui rassemble 770 viticulteurs sur près de 900 ha. Cette marque, elle la travaille comme un petit bijou, comme carte de visite, avec une croissance maîtrisée sur le circuit traditionnel, et des vins de tempérament.

Aujourd’hui, de Castelnau, ce sont 350 000 cols avec l’objectif d’atteindre le demi-million en 2016, pour le centenaire de la marque, mais étape par étape et sans course au volume. Une marque qui gère son développement avec une forme de  » force tranquille » et un choix méticuleux dans les approvisionnements. « Nos vignerons ont le sens du temps nécessaire pour développer de manière solide et progressive une marque qualitative, observe Louis-Charles Pluot, directeur marketing. De nos jours, il n’y a guère que les maisons familiales et les coopératives comme les nôtres qui réfléchissent à 20 ans sans devoir intégrer de retour sur investissement immédiat.»

L’étiquette de Castelnau rassemble 5 cuvées différentes pilotées par l’œnologue Elisabeth Sarcelet, une des rares « cheffe » de cave au féminin. Les vins se distinguent par une indéniable personnalité de champagnes généreux, en raison notamment d’originaux approvisionnements en chardonnays de Montgueux, du Vitryat et du Sézannais, zones réputées pour leurs blancs riches et corsés. « Nous sommes sur des chardonnays de chair et non de pierre», résume Elisabeth Sarcelet en comparaison avec les chardonnays plus minéraux de la Côte des blancs. De même, les durées d’élevage dépassent largement les minimums légaux, pour des vins tout en maturité d’expression, y compris sur le brut réserve. « C’est l’âme d’un millésimé dans un corps de brut », résume d’un trait Louis-Charles Pluot.

Dégustation

Âme de la maison, de Castelnau brut réserve est en effet construit sur une base majoritaire de vins du millésime 2006, une rareté pour ce type de produit. Composé à 50 % de pinot meunier, 30 % de chardonnay, 20 % de pinot noir, il possède de fait une densité aromatique peu courante sur les bruts sans année. Le chardonnay mûr domine au nez avec des notes confites, des fleurs séchées de tisane, de la viennoiserie. Bouche croquante d’abricots, d’amandes finement grillées, de cire pour une finale fine, bien équilibrée et sans aucune amertume. Une pépite pour 26-27 € qui accompagnera l’apéritif avant de passer sur une poêlée de langoustines, saint-jacques meunières, ou bien un feuilleté de ris de veau.

De Castelnau rosé est obtenu par ajout de 14 % de rouges élaborés suivant un protocole de vinification précis à une base de blanc majoritairement 2008. D’une couleur saumonée, ce rosé rappelle la groseille, la grenadine, les petits fruits des bois et le sucre d’orge. La bouche est à la fois ronde et croquante, et révèle la dominance des pinots (50 % pinot meunier, 15 % de pinot noir) par ses notes de fruit à noyau et kirch. C’est le compagnon attitré des tartes chaudes, des clafoutis, des desserts à base de fruits blancs et rouges.

De Castelnau millésime 2004 est une friandise en soi. D’une belle couleur or, ce champagne (50 % de chardonnay, 35 % de pinot noir, 15 % de pinot meunier) combine au nez les écorces d’agrumes confites, le miel, le caramel. En bouche c’est un festival d’abricot, de vanille, de nougat et en finale de fines touches de tabac blond. Voici le partenaire idéal d’une cuisine exotique de viandes blanches aux épices douces, agrumes confits, abricots ou raisins secs.

Assurément de beaux champagnes qui affirment un vrai tempérament et n’ont pas à rougir face à des marques de plus grande notoriété. Pépite à suivre !

Joëlle W. Boisson