Accueil Une Master Class « sous la robe de Margaux »

Une Master Class « sous la robe de Margaux »

Auteur

La
rédaction

Date

07.06.2014

Partager

La première Master Class de Lille Tasting, qui s’est déroulée hier après-midi à 15h, avait pour thème « Grands vins du Médoc : décennie 2000 ou la grande élégance des margaux ». Trois vins, six millésimes, et un pur moment de grâce.

Giscours, Lascombes, Rauzan-Ségla. Trois grands crus classés 1855, trois grands noms de Margaux, avaient l’honneur d’inaugurer hier les Master Class de cette première édition de Lille Tasting. Et si la vieille analogie qui renvoie encore, parfois, les vins de Margaux à leur image de « vins féminins » peut nous sembler un tantinet caricaturale, la présence de trois femmes pour animer cette Master Class (Laure Bastard pour Giscours, Karine Barbier pour Lascombes, Sandrine Bégaud pour Rauzan-Ségla) était un amusant clin d’œil.

Ces trois châteaux présentent l’avantage d’incarner magnifiquement le style et la singularité des vins margalais dans le paysage médocain. Ils assument aussi, indéniablement, une grande part d’histoire, comme le rappelle Laure Bastard en soulignant que les premières mentions du château Giscours (vaste propriété s’étendant sur 300 hectares, dont 95 de vignes) remontent au moins à 1330. D’histoire, il était encore question lors de cette Master Class, puisque la grande décennie des années 2000 était à l’honneur. Les trois représentantes des châteaux pouvaient compter sur la présence de Gérard Basset, meilleur sommelier du monde 2010, de Sylvie Tonnaire, rédactrice en chef de « Terre de Vins » et experte en accords mets & vins, et de Rodolphe Wartel, directeur du magazine, pour mettre en valeur chaque nuances des six millésimes dégustés.

Château Giscours 2010 : un vin encore dans sa prime jeunesse. Le très grand millésime de ces dernières années à Bordeaux, que Laure Bastard n’hésite pas à comparer « au mythique 1970 à Giscours ». Gérard Basset lui trouve « un nez d’épices, de fruits noirs. En bouche, c’est un coureur de fond, élancé. Il sera à son apogée dans 25 ans, on peut l’attendre plus de 40. » Sylvie Tonnaire préconise de servir « ce vin qui a tout pour lui, doté d’une structure impressionnante, de beaucoup de chair, de matière, avec un tartare de canard au poivre vert. »

Château Lascombes 2009 :
l’autre très grand millésime de ces dernières années à Bordeaux, peut-être aujourd’hui, déjà plus accessible que le 2010, qui doit être attendu. Gérard Basset le trouve « plus riche, avec un nez moka. En bouche, c’est du velours, très rond, très merlot (majoritaire dans l’assemblage) ». Pour Sylvie Tonnaire, ce vin plein de puissance et d’élégance a « un côté terrien qui ira avec du gibier à plumes, par exemple un faisan rôti accompagné de légumes racines ».

Château Lascombes 2007 :
« il faut réconcilier les consommateurs avec ce millésime », annonce Karine Barbier, qui défend ce vin prêt à boire, déjà. Gérard Basset souligne « son classicisme, c’est ce que l’on attend d’un grand bordeaux. C’est un vin plus séduisant et charmeur que puissant ». Sylvie Tonnaire propose de le servir, tout simplement, sur le rosbeef du dimanche. Ou, pourquoi pas, sur un salmis de palombe.

Château Rauzan-Ségla 2005 : racheté par Chanel en 1994, Rauzan-Ségla est l’un des très grands noms de Margaux. Il s’affiche ici dans toute sa splendeur, sur un millésime 2005 en tout point remarquable, et qui a encore de très longues années devant lui. « Un nez très parfumé, avec de la cerise, de la mûre, de la cannelle, et une bouche de soie, une grande finesse, une très belle longueur… Magnifique d’équilibre, on croirait presque être face à la délicatesse d’un pinot noir », s’enthousiasme Gérard Basset. Sylvie Tonnaire préconise un grand plat, à la mesure de toute la palette de ce grand vin. Pourquoi pas un lièvre au cacao ?

Château Giscours 2004 : encore un millésime classique de Bordeaux, déjà bien évolué même si encore jeune. Un vin droit, doté d’un grain de tannin très fin. « On se fait plaisir avec ce vin », précise Laure Bastard. « C’est un très bon vin pour la table, souligne Gérard Basset. Nez de poivre, de prune, en bouche c’est ciselé, léger, digeste ». Sylvie Tonnaire trouve que ce vin est « très facile à accorder, ses notes sanguines et fumées appellent des viandes sanguines et juteuses, comme un magret aux figues, par exemple. Ou pourquoi pas, un tartare de cerf fumé »…

Château Rauzan-Ségla 2001 : on finit en beauté avec ce superbe 2001, « un millésime injustement négligé après 2000 », déplore Sandrine Bégaud. Un vin « encore en pleine forme, il a une robe et un nez déjà évolués mais ce n’est pas trop marqué. Il a beaucoup de temps devant lui », précise Gérard Basset. Au nez, des premières notes de gibier, de cuir, de cigare, mais du fruit, toujours. En bouche, c’est lisse, soyeux, élégant, pur. Très Margaux. Avec ce très beau vin « aux arômes de sous-bois » Sylvie Tonnaire conseille un pigeon.

Mathieu Doumenge