Vendredi 22 Novembre 2024
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08.09.2014
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Après trois ans de lourds travaux qui ont fait suite au grand incendie destructeur du 18 juillet 2011, le Château de France, cru classé de Pessac-Léognan dans les Graves, écrit une nouvelle page de son histoire grâce à des installations toutes neuves, prêtes à accueillir la nouvelle vendange, qui ne saurait tarder.
Amis, voisins vignerons, assureurs, banquiers… Ils étaient venus nombreux, jeudi soir, pour la soirée d’inauguration des nouveaux chais du château de France, organisée par la famille Thomassin, les propriétaires. « Nous sommes de nouveau chez nous, et au bout de trois ans, cela fait du bien », sourit Arnaud Thomassin, directeur général depuis 1995. Non sans émotion, Arnaud Thomassin, a souhaité remercier ses équipes et ses amis, pour le soutien apporté pendant cette période de reconstruction. « Nous nous souvenons encore de ce 18 juillet 2011 à 19h, des premiers bruits d’éclatements et des signes de fumée. Heureusement que les équipes ont pu revenir sur place et que nos amis les pompiers ont su venir à bout du feu. Cela nous a permis de sauver les stocks et notre maison. ».
Avec un départ d’incendie depuis le hangar agricole, attenant aux chais, ce sont près de 1000 m² qui partent en fumée et une partie du millésime 2010 encore en cave, « surtout du vin qui était dédié pour Coquillas, le second vin du château », précise Gilles Rey, directeur technique de Château de France depuis 25 ans. « Il était 19h et je peux encore vous dire où j’étais, sur quel siège j’étais assise lorsque nous avons appris le déclenchement de l’incendie dans la cuverie » se remémore Véronique Thomassin, sœur d’Arnaud et actionnaire du château qui passait ses vacances en famille sur l’île d’Yeu lorsque le feu s’est déclaré. « Un épisode extrêmement traumatisant, aussi pour notre papa qui avait tout reconstruit, qui a vu son travail s’envoler et qui est parti malheureusement trop tôt pour voir toutes ces nouvelles installations ».
Hommage à Bernard Thomassin
Bernard Thomassin, père d’Arnaud, Véronique et Virginie, décédé l’année dernière, était originaire de l’Oise avant de choisir de s’installer sur ces terres de graves pyrénéennes en 1971, sentant le vent tourner pour ses activités de distillerie de betterave avec l’arrivée de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise et une possible expropriation. « L’Etat l’aurait incité à tout brader, il a préféré vendre avant et s’est lancé au Château de France. Lorsqu’il est arrivé, il ne connaissait rien au vin, mais était très pointu en process grâce à sa formation d’ingénieur agro-alimentaire. Il était notamment passionné par le génie industriel, j’ai retrouvé un mémoire dans ses affaires sur ce sujet. Il s’est très vite adapté, et s’est fait aidé sur la propriété mais tout était à faire. Il avait un caractère très fort, pas toujours facile, mais c’est aussi ce qui lui a permis de faire de grandes choses », explique Véronique. Bernard Thomassin, après la nomination de son fils en tant que directeur, avait déjà commencé depuis une dizaine d’années à organiser la transmission de la propriété à ses trois enfants, « ce qui nous a permis de pouvoir s’en occuper et ne pas la vendre », confirment Véronique et Virginie. Propriété aujourd’hui d’une surface avoisinant 40 hectares de vignes, dont 4 hectares en blanc. Une production répartie entre le premier vin Château de France et le second vin Coquillas (50 % de la production), et distribuée à 60 % en Aquitaine, peu fréquent dans le vignoble bordelais.
4 millions d’euros pour reconstruire
Pour reconstruire les installations brûlées, il a fallu convaincre. Véronique Thomassin confie : « le plan de reconstruction se chiffre à 4 millions d’euros.». « Entre les prises en charge des assurances et les emprunts à la banque, les dix prochains millésimes ont intérêt à bien se passer ! Nous n’avons pas du tout le droit à l’erreur » ajoute son frère. Alors que le voisin Haut-Bailly avait accueilli en urgence les blancs – unique fois que ce cru classé de Pessac Léognan a vu du vin blanc en élevage dans ses chais – ce sont dans les chais du château Haut-Gardère (propriété de château de Fieuzal) que les rouges étaient transportés pour la vinification avant d’être ramenés dans les chais épargnés du Château de France pour la période d’élevage. « Des millésimes très compliqués à suivre puisque nous transportions des vins pas finis entre la vinification et l’élevage entre les deux propriétés », raconte Gille Rey, « ce qui nous a permis quand même de réfléchir à la protection par le souffre. Nous recommençons des observations cette année pour voir si nous pouvons baisser les doses de souffre sur les rouges et les blancs, et ceci dans les nouvelles installations, ce sera plus confortable ». Les premiers raisins blancs fouleront ces nouvelles cuves dès la semaine prochaine après les premiers coups de sécateurs du millésime « qui s’annonce très bien, beaucoup mieux que l’année dernière, et heureusement ! » sourit Arnaud Thomassin.
Laure Goy
Photo : De gauche à droite, Virginie, Arnaud et Véronique Thomassin
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