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ClimaVinea : l’application des fous de Bourgogne

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

30.10.2015

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Lancée il y a quelques semaines, l’application ClimaVinea est une mine d’informations sur les vins de la Côte d’Or et s’avère être un compagnon indispensable, quoique perfectible, pour mieux comprendre la complexité de cette région magique.

Née de la rencontre de l’éditeur Pierre Cohen et de Sylvain Pitiot, ancien régisseur du Clos de Tart et cartographe célèbre, l’application ClimaVinea permet de se plonger au cœur des 1463 climats et lieux-dits de la Côte d’Or, récemment classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Et la liste est longue, du plus pragmatique (« queue de hareng », « redrescul », « pince-vin ») au plus énigmatique (« en gatsulard », « les Heptures »). Avec parfois quelques surprises comme le lieu-dit « les cercueils » à Gevrey-Chambertin où furent trouvés des sarcophages ou celui « ez connardises » sur Savigny-lès-Beaune dont l’origine serait finalement beaucoup moins sensationnelle qu’il n’y paraît. Autant d’anecdotes à découvrir in situ, au cœur des parcelles, grâce à la géolocalisation.

Mais l’application n’est pas un duplicata des livres de cartes des climats de Sylvain Pitiot. Sa force réside dans sa navigation multi-entrées qui permet de surfer d’une information à l’autre et ainsi d’approfondir très facilement ses connaissances. Le zoom sur un climat de la carte, par exemple, va permettre en un clic d’en découvrir la toponymie, la taille, les lieux-dits qui la composent, mais aussi les principaux domaines qui en sont propriétaires. Les créateurs n’ont, en effet, sélectionné que les 132 meilleurs domaines bourguignons sur la base de critiques mondialement reconnues. Un moyen de connaître rapidement qui « produit très bon » dans la région. A cela s’ajoute un glossaire de toutes les informations utiles à la compréhension de la Bourgogne, des différents millésimes aux termes techniques, des maladies de la vigne aux personnages historiques. Un condensé très riche que complètent les descriptifs de chacun des villages de la Côte d’Or. Heureusement, pour se retrouver dans tant d’informations, le moteur de recherche efficace s’avère bien utile.

Un outil exceptionnel mais qui demande encore à être amélioré

A n’en pas douter, cette application bilingue (français et anglais) permet de se perdre avec délectation dans les méandres de la Côte d’or et d’en percer, au moins partiellement, les mystères. Les données collectées ici sont encyclopédiques ce qui justifie le prix de 24, 99€ qu’il faut débourser sur l’App store pour la télécharger et bénéficier à l’avenir de toutes les mises à jour qui maintiendront l’outil à la pointe de l’état des connaissances. D’autant que les créateurs n’imposent aucune publicité et ne se sont associés à aucune marque ou domaine pour garantir une totale indépendance de leurs propos ce qui est parfaitement louable. Mais présente en revanche certains écueils… Le manque de financement inhérent au modèle économique choisi a conduit les créateurs à reporter sine die le développement d’une version Android de l’application. Seule une version IPad devrait bientôt voir le jour. Les (très nombreux) non-utilisateurs d’Apple devront donc patienter. Par ailleurs, l’application s’avère assez figée, manquant nettement de contenus dynamiques en phase avec l’ère du temps. Point de vidéos, peu de photos et d’illustrations. Il aurait été extraordinaire de trouver une vision cadastrale des parcelles permettant d’identifier la localisation des rangs de vigne de chaque propriétaire (information fondamentale, notamment sur de grandes appellations comme Clos de Vougeot). Ces éléments seront progressivement mis à disposition sur le site internet de l’éditeur. Moyennement pratique… On navigue donc ici sur du savoir théorique en regrettant l’absence de témoignages, de reportages sur site qui permettraient une navigation plus chaleureuse et intéresserait plus longuement l’amateur curieux. Ce dernier risque en outre d’être frustré de ne pouvoir naviguer qu’en Côte d’Or. L’application n’intègre ni le chablisien, ni les côtes chalonnaise et mâconnaise. Difficile à comprendre quand on connaît l’intérêt croissant de ces régions auprès des amateurs. Dommage.