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Bordeaux Tasting | Master Class « La magie des années 2000 » : la preuve par trois

Auteur

Jefferson
Desport

Date

13.12.2015

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A 15 heures, les deux grands grands crus classés 1855 Rauzan-Ségla (Margaux) et Calon-Ségur (Saint-Estèphe) présenteront trois millésimes phares dans le cadre d’une Master Class à Bordeaux Tasting. Présentation avec Nicolas Audebert, le directeur de Rauzan-Ségla.

« La magie des années 2000 » : tel est le thème de cette Master Class qui débutera à 15 heures ce dimanche au Palais de la Bourse. Une Master Class là encore d’exception puisqu’elle permettra de naviguer dans les univers de deux superbes propriétés du Médoc : Calon-Ségur (3ème grand cru classé en 1855 à Saint-Estèphe) et Rauzan-Ségla (2ème grand cru classé en 1855 à Margaux). Un duo qui présentera trois millésimes emblématiques : 2010, 2005 et 2000. Présentation avec Nicolas Audebert, le directeur de Rauzan-Ségla.

Vous allez présenter les millésimes 2010, 2005 et 2000. Ce choix était-il évident ?
Non. Mais ce sont des millésimes qui bordent cette décennies. Ce sont de grandes années, mais pas forcément les plus révélatrices d’un grand terroir ou d’un certain savoir faire. Un grand terroir se révèle dans des conditions presqu’extrêmes et difficiles. Prenez 2001 et 2003, qui sont des années plus compliquées, nous avons fait de grands vins. Il n’empêche 2000, 2005 et 2010 sont trois millésimes exceptionnels. 2010, c’est l’esthète, il a tout pour lui, tout est juste. 2005 est peu plus dans la maturité, charnu, latin. Quant à 2000, il a la magie d’une superbe année.

Doit-on considérer la décennie 2000-2010 comme l’une des plus importantes ? Ou trouve-t-on mieux encore ?
Je me trouverais insupportable si je vous disais qu’on est dans ce qui se fait de mieux. D’abord on n’a pas le recul pour le dire. Et surtout n’oublions pas ceux qui ont fait les 1929, les 1947 et les 1955, des vins extraordinaires. J’espère que dans 80 ans, ceux qui ouvriront les vins que nous avons réalisé diront aussi que c’était bien fait. S’il y a un élément notable : c’est que nous avons plus de maîtrise aujourd’hui, avec une expertise technique et scientifique qui, en plus de l’empirique, nous permet de ne pas trop subir les aléas du climat.

Depuis le millésime 2011, la situation est plus inégale. Est-il urgent de retrouver un très grand millésime ?
Depuis 2011, nous avons eu des variations assez importantes. C’est ce qui est intéressant. Quand les vins se ressemblent tous, ce n’est pas très rigolo. Les 2011 ne se sont pas forcément bien présentés au début : c’est un millésime un peu austère, gentleman anglais. Mais aujourd’hui il commence à sortir de sa tanière, c’est un millésime très précis et élégant. Les 2012 sont à l’opposé, mais ils ont la gourmandise et un vrai côté charmant. Les 2013, pour les gens qui ont bien travaillé, même si c’était compliqué, ont réussi des vins plutôt frais et aériens, à boire plus rapidement. Le 2014 a du jus, c’est un très beau millésime. Et 2015 est parti pour faire de grandes choses.

Contrairement à celui de Saint-Emilion, le classement de 1855 est figé. A priori donc, Rauzan-Ségla ne deviendra pas un premier de 1855. Est-ce « frustrant » ?
Non. Rauzan-Ségla est second depuis 160 ans, c’est une propriété qui a 350 ans d’histoire. Je ne suis pas sûr qu’il faille être premier sur le papier pour être satisfait. Nous nous donnons les moyens de faire les plus grands vins, nous avons un propriétaire, la maison Chanel, qui connaît l’excellence. Je ne suis pas bordelais et vu de l’extérieur, cette machine est assez extraordinaire. Dans un train vous avez besoin d’une locomotive, ce sont les premiers, nous on est juste derrière et on heureux avec ça.

Quel est le millésime le plus ancien de Rauzan-Ségla que vous avez goûté ?
A Rauzan-Ségla, nous avons la chance d’avoir beaucoup de bouteilles dans notre oenothèque. On fait des verticales assez souvent et on peut remonter sur presque cent ans. La dernière bouteille avait d’ailleurs plus de 100 ans. Sur des bouteilles aussi anciennes, nous ne sommes plus forcément dans la grande heure et la précision. En revanche, quand on descend sur des millésimes qui ont 50, 60, 70 ans d’âge, c’est exceptionnel car ils ont été réalisés avec cette vision longtermiste. On fait des vins qui tiennent. Ouvrez un 1983 de Rauzan-Ségla, il est d’une justesse et d’une jeunesse étonnante. C’est ce qu’on aime. Nous n’aimons pas forcément l’opulence. Notre défi, c’est d’être juste et précis.