Samedi 23 Novembre 2024
Jean-Noël Boidron, propriétaire du château Corbin-Michotte (photo archive Sud-Ouest).
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22.12.2015
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Au moins deux châteaux de Saint-Émilion ont annoncé samedi leur intention de faire appel de la validation par la justice administrative du classement décennal des grands crus de l’appellation, révisé en 2012 et qu’ils contestaient après avoir été déclassés.
Ce classement décennal créé en 1955, véritable enjeu commercial et financier pour les propriétés viticoles, est révisé tous les dix ans par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), dépendant du ministère de l’Agriculture.
En 2006, pour la première fois, il avait été annulé par la justice, saisie par huit propriétés déclassées. Le classement de 2012 devait le remplacer. Au total, 96 candidats avaient déposé des dossiers pour figurer dans la liste des prestigieux « grands crus classés » et « premiers grands crus classés » de Saint-Émilion, 82 avaient été retenus.
Trois domaines, Croque-Michotte – grand cru classé jusqu’en 1996 puis éconduit et déjà à l’origine de la demande d’annulation en 2006 – Corbin-Michotte et La Tour du Pin Figeac avaient décidé de saisir la justice. Ils contestent notamment le fait que la note de dégustation ne soit pas le critère prépondérant pour l’entrée dans le prestigieux classement et fustigent la prise en compte de critères, à leurs yeux accessoires, tels que la nécessité d’avoir une salle de réception dans le domaine et du personnel d’accueil multilingue. Une audience s’était tenue devant le Tribunal administratif de Bordeaux le 8 décembre.
Après le jugement du 17 décembre, au moins deux d’entre eux, Croque-Michotte et Corbin-Michotte ont annoncé leur intention de faire appel : « On ne va pas baisser les bras maintenant. Le premier round nous est défavorable, mais sur le fond tous les arguments de l’INAO et du rapporteur public sont faux. Nous allons le démontrer », a réagi auprès de l’AFP Pierre Carle, associé et gérant de Croque-Michotte.
« On a été ‘grand cru classé’ pendant 40 ans et, du jour au lendemain, on est déclassé en nous disant que notre terroir n’est plus bon, alors que nous sommes cernés par des grands crus classés Saint-Émilion, dont Cheval Blanc », a-t-il ajouté. « C’est tellement honteux, qu’on ira en appel ! C’est une injustice flagrante », s’insurge Jean-Noël Boidron, propriétaire de Corbin-Michotte. « Nos arguments ont été balayés d’un revers de main. La justice sait être expéditive quand elle veut ! », a-t-il dénoncé.
L’appellation Saint-Émilion est la seule à remettre en cause tous les dix ans son classement de grands crus. Les deux autres classements des grands vins de Bordeaux, celui de 1855 pour les Médoc et Sauternes (plus Château Haut-Brion) et celui de 1959 pour les vins de Graves, sont figés depuis leur création.
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