Lundi 23 Décembre 2024
Manifestation anti-pesticides devant une école de Léognan (33), en juillet 2014 (archives Sud-Ouest, photo L. Theillet)
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02.03.2016
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La préfecture de Gironde a annoncé mardi qu’elle allait prochainement soumettre à la consultation du public un nouvel arrêté destiné à renforcer la protection sanitaire des enfants et personnes vulnérables, en encadrant plus strictement l’épandage des pesticides dans les vignes.
Dans un communiqué, la préfecture indique que « cet arrêté entrera en application pour la campagne de traitement de 2016 », et « permettra d’étendre les mesures de précaution, au-delà des écoles, à d’autres établissements accueillant des enfants (crèches, haltes-garderies, …) ainsi que tout autre établissement pouvant accueillir des personnes vulnérables ».
Le texte, qui doit « traduire concrètement » en Gironde les dispositions de la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, adoptée en septembre 2014, favorisera aussi « l’implantation de dispositifs de protection, notamment la plantation de haies, et encouragera le recours par les viticulteurs à des matériels limitant la dispersion des produits. »
Dès 2014, le préfet de la Gironde avait pris des mesures par arrêté du 23 juin pour encadrer le traitement des vignes aux abords des écoles. Une distance minimale de 50 mètres avait été introduite par précaution, rappelle la préfecture.
Peu auparavant, en mai 2014, un épandage de produits fongicides sur une parcelle située en bordure d’une école à Villeneuve-de-Blaye avait provoqué des malaises et des irritations chez 23 enfants et leur institutrice, qui se trouvaient dans l’école au moment du traitement.
L’enquête administrative avait conclu que « les produits mis en œuvre sont des produits autorisés, régulièrement utilisés contre l’oïdium et le mildiou » (deux principales maladies de la vigne), et à l’absence de « manquement aux obligations réglementaires ». Mais elle avait aussi estimé que « l’épandage des produits à proximité de l’école s’est déroulé dans des conditions inappropriées, sans qu’aient été prises toutes les précautions pour le voisinage ».
Un collectif d’associations et d’élus girondins a remis mardi au préfet Pierre Dartout une pétition de 84 000 signatures demandant le passage en bio de toutes les vignes entourant des établissements accueillant des enfants ou des personnes vulnérables.
Mais le syndicat agricole FDSEA de Gironde a rappelé mardi que l’incident de Villeneuve-de-Blaye avait été précisément provoqué par un épandage de soufre, un fongicide biologique, sur une exploitation vouée à l’agriculture biologique. Preuve, selon le syndicat, que la pétition visant à exclure tout traitement phytosanitaire autre que biologique à proximité des lieux sensibles est « une fausse bonne idée ».
« La FDSEA tient à rappeler que la profession agricole est, depuis de nombreuses années, dans une démarche de progrès constants de ses techniques de production » et « agit année après année pour améliorer l’impact de ses pratiques sur la santé de ceux qui la font et sur l’environnement, dans la limite des connaissances scientifiques et des capacités économiques du secteur », a indiqué le syndicat dans un communiqué.
Quant à la préfecture de Gironde, elle reconnaît que l’exposition à ces produits phytosanitaires « est un sujet de santé publique qui préoccupe les citoyens » mais souligne que « la protection de la vigne constitue un enjeu majeur pour les viticulteurs dans le contexte climatique océanique de la Gironde propice au développement des maladies de la vigne ».
Mardi, l’ONG Générations futures a affirmé que des échantillons de poussière collectés dans des maisons situées à proximité de cultures, dont des vignes, contiennent des résidus de pesticides, dont de nombreux perturbateurs endocriniens.
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