Vendredi 22 Novembre 2024
(photo Sud-Ouest)
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03.06.2016
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La Chine a annoncé jeudi avoir reconnu 45 appellations de vins de Bordeaux, une décision qui devrait permettre, selon les professionnels du secteur, de mieux combattre les contrefaçons endémiques sur un marché chinois crucial.
Un an après avoir reconnu l’indication géographique viticole « Bordeaux », Pékin a officialisé la reconnaissance des 45 appellations qui y sont rattachées, dont le prestigieux saint-émilion.
Le bordeaux est le vin français le plus connu en Chine mais il pâtit de son succès : des vins médiocres déguisés en crus authentiques à l’aide d’étiquettes fantaisistes sont légion dans le pays, et les consommateurs souvent peu avertis.
Or, pour Fabien Bova, directeur général du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), ce « signal fort » offrira de meilleures armes pour combattre les « détournements de notoriété ».
« La reconnaissance officielle (…) signifie des moyens supplémentaires pour défendre ces indications et appellations devant la justice chinoise », a abondé le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll, à Pékin jeudi, en route pour Xian (nord) pour le G20.
La Chine est le premier marché pour les vins de Bordeaux, la région y réalisant un quart de ses exportations – environ 500.000 hectolitres par an pour un chiffre d’affaires avoisinant 300 millions d’euros, selon le CIVB.
Après avoir reculé en 2014, les exportations de bordeaux rouge vers la Chine ont progressé de 34% en volume l’an dernier, selon le ministère français de l’Agriculture.
Pour lutter contre la contrefaçon, une centaine de policiers chinois avaient été récemment formés à les détecter avant un salon viticole à Chengdu (sud-ouest), avec l’appui de professionnels bordelais.
« Plus qu’un préjudice économique » difficile à évaluer, « le danger, c’est une crise sanitaire » qui plomberait la réputation des crus français, a averti Bernard Farges, président du CIVB.
« On observe une convergence entre la Chine et la France sur le concept d’indications géographiques protégées » de produits agricoles, s’est réjoui M. Le Foll.
La Chine a déjà reconnu fin 2009 l’appellation cognac, suivie du champagne.
Dix indications géographiques chinoises – dont la pêche de Pinggu et le thé Longjing – ont été reconnues par l’UE, en échange de l’enregistrement par Pékin de dix appellations européennes – dont le comté, le roquefort et le jambon de Parme.
En revanche, aucune avancée ne semble esquissée sur les droits de douanes chinois imposés aux vins européens – fixés à 14% et auxquels s’ajoutent des taxes locales à la consommation – face à des concurrents chiliens et bientôt australiens qui, eux, en sont exemptés.
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