Lundi 25 Novembre 2024
Nathalie Falmet garde le moral malgré un millésime 2016 catastrophique (presque toutes ses parcelles gelées en avril). "Terre de Vins" continuera de suivre le remarquable travail (cuve inox, terre cuite et fût) de cette vigneronne auboise.
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12.09.2016
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Gel, grêle, pluie, maladies… la galère en 2016 dans les vignes champenoises. A Rouvres-les-Vignes (Aube) Nathalie Falmet n’ouvrira pas son pressoir, faute de raisins… Une première depuis 45 ans !
« Mes parents se sont installés en 1971 et ils n’ont jamais connu une telle année. Et pour la première fois, il n’y aura pas une équipe de vendangeurs dans nos vignes ». Dans l’Aube, à Rouvres-les-Vignes et sur ses 3, 5 ha travaillés, Nathalie Falmet ne peut que constater les dégâts. « Sur les trois cépages pinot noir, pinot meunier et chardonnay, nous estimons le rendement à 500 kg/ha… » Bien loin des 9 700 kilos/hectare que les vignerons seront autorisés à récolter cette année.
« C’est la nature, c’est le métier »
« Dans ces conditions, Impossible de recruter du personnel et d’ouvrir le pressoir… » poursuit Nathalie, qui n’oubliera pas (notamment) la nuit catastrophique du 26 avril, avec ses moins 6 degrés et ce terrible gel destructeur de bourgeons. Le retour du beau, le superbe feuillage et l’absence de mildiou si près des vendanges n’y changeront rien… « C’est la nature, c’est le métier », conclut avec philosophie notre talentueuse vigneronne-œnologue (splendides cuvées Le Val Cornet et Tentation Rosée, notamment). « Ça ne sert à rien de se plaindre sans cesse, il faut avancer. L’année prochaine sera belle. Et puis nous avons une double chance : le stock et la réserve ».
A Rouvres-les-Vignes comme dans beaucoup d’autres villages de la Côte des Bar (le rendement est estimé par exemple entre 3000 et 4000 kg/ha sur Arrentières), la solidarité devrait s’organiser pour ne pas perdre le peu de récolte (les grappes restantes pouvant être de très belle qualité !)
Quantité non, qualité oui
Entre le 18 avril et le 3 mai, les gelées ont touché 8000 hectares en Champagne, dont 4600 détruits à 100% (soit 14% de l’ensemble du vignoble). 87% des 4600 ha détruits à 100 % sont localisés dans l’Aube ! Dans ce département comme sur une partie de l’Aisne, la gestion des vendangeurs sera très compliquée et il faudra « chercher le raisin »… Et si la Marne a mieux résisté face au gel, elle n’est pas épargnée non plus, notamment par le mildiou.
En 2016, les mauvais épisodes climatiques se sont ainsi succédé : gel, grêle, pluies interminables (deux à trois fois supérieures à la moyenne observée depuis 20 ans), maladies, canicule avec échaudage (raisins grillés)… La récolte sera réduite (également pour les vignerons bio, très touchés, ne les oublions pas) et les vendanges plus longues (maturation disparate selon les cépages et secteurs). Heureusement, depuis mi-août, le soleil très présent redonne du baume au cœur des vignerons, stoppant les maladies cryptogamiques.
Bien des vignerons rappellent aussi cette évidence, selon laquelle une récolte de moindre quantité ne signifie pas de moindre qualité (les 2012 se dégustent ainsi très bien). Après un tri pointu à la vendange, tous les espoirs d’un beau millésime restent permis.
Rendement et réserve : le Comité Champagne (interprofession) estime que le potentiel de récolte sera en moyenne de 8000 kilos par hectare. Le rendement commercial 2016 a été fixé à 9 700 kilos par hectare. La réserve (vins issus de récoltes précédentes) pourra être débloquée dès le 1er février 2017 à hauteur de 1 100 kilos par hectare.
Dates des vendanges : elles ont débuté samedi 10 septembre à Villers-Franqueux au Nord de Reims (Massif de Saint-Thierry, cépages pinot noir et meunier). Pour connaître toutes les dates d’ouverture officielle, suivre ce lien.
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