Samedi 28 Décembre 2024
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23.03.2017
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Créée en 1846, la marque Champagne Veuve A. Devaux a connu pas moins de trois veuves avant d’arriver dans les mains de l’Union Auboise. Récit.
Les veuves sont nombreuses dans l’imaginaire collectif champenois, portées par quelques noms célèbres. Si, aujourd’hui, un grand nombre de ces marques correspondent à des créations purement marketing, historiquement elles étaient bien fréquentes en Champagne, cette région de France théâtre de multiples conflits armés.
Au XIXe siècle, c’est même le titre de veuve qui positionnait l’épouse comme la « continuation juridique » de son mari. A ce titre, elle pouvait signer des chèques, tenir une comptabilité et être chef d’entreprise, ce qui n’aurait pas été possible pour une femme autrement.
Créée en 1846, Veuve A. Devaux fait partie de ces marques historiques, qui a transité par les mains non pas d’une mais de trois veuves déterminées, avant que Jean-Pol Auguste Devaux, dernier de la lignée, transmit en 1987 la marque à l’Union Auboise. S’appuyant sur plus de 100 ha dont une cinquantaine en sélection parcellaire, A. Devaux c’est aujourd’hui une gamme d’une dizaine de champagnes différents pour environ 700 00 bouteilles.
Claude-Josephte et Maria-Augusta
Mais revenons à l’histoire de cette marque pluri-centenaire. En 1843, Auguste Devaux fonde une activité de champagne mais décède très peu de temps après. Il laisse son épouse Claude-Josephte veuve à 39 ans. Elle dépose en 1846 la marque Veuve A. Devaux et poursuit courageusement l’affaire avec son fils François-Auguste, probablement jusqu’à ce que celui-ci soit en âge de reprendre l’activité. C’est la première Veuve Devaux.
Les archives, ensuite, se montrent peu loquaces. On sait seulement que François-Auguste épouse Maria-Augusta Herbin, et qu’il décède en 1879. Voici la deuxième veuve Devaux, entourée de mystère, et qui pourtant géra brillamment la marque. Au début du XXe siècle, la marque Veuve A.Devaux était florissante, exportée à 75% vers les pays Anglo-saxons, l’Allemagne et la Russie.
C’est en référence à son nom que l’Union Auboise lance aujourd’hui « Augusta », un champagne 70% pinot noir, 30% chardonnay à l’étiquette inspirée des illustrations du milieu du XIXe siècle. Ce champagne aux arômes ronds et suaves de mirabelle est destiné aux cavistes et aux magasins Monoprix (23,90 €) où il vient compléter un champagne rosé d’antan baptisé Œil de Perdrix.
Marguerite – Marie-Louise
Augusta-Maria mena avec succès l’affaire jusqu’en 1895, où elle transmit les rênes à son fils Charles-Auguste. Mais la saga se poursuit avec un nouveau coup du sort. En 1907, Charles-Auguste décède et son épouse Marguerite Marie-Louise reprend le flambeau, devenant la troisième veuve Devaux de cette incroyable saga familiale. Elle régna jusqu’à son décès à l’âge de 80 ans. Ses deux fils prirent la succession en 1951.
Et voici le chapitre actuel de la marque Veuve A. Devaux. Dernier du nom et sans descendance, Jean-Pol Auguste confia en 1987 la marque à l’Union Auboise, qui lui fournissait alors des raisins. Depuis, l’histoire se poursuit. Si l’initiale A. Devaux réfère à la descendance masculine (Auguste, François-Auguste, Charles-Auguste , Jean-Pol Auguste), la particule Veuve rend hommage aux femmes courageuses qui ont su perpétrer l’histoire de cette marque.
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