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Concours étudiant SPIT : Les grandes écoles sur le terrain de l’œnologie

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

02.04.2017

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Le concours de dégustation SPIT (Sciences Po International Tasting) a confronté ce samedi 12 universités internationales. Il démontre l’incroyable dynamisme des associations d’œnologie dans les grandes écoles. Cornell (USA) remporte pour la première fois cette épreuve de haut vol.

La tête bien pleine et la tête bien faite, c’est aussi avoir un bon palais ! C’est ce que vient de démontrer une fois de plus le SPIT (Sciences Po International Tasting) qui pour sa 9e édition a rassemblé les clubs de dégustation de 12 écoles et universités, réunies ce samedi 1er avril chez la maison de champagne Bollinger pour s’affronter sur le terrain de l’œnologie.

Comment ne pas se réjouir d’un tel attrait du vin chez les élites de demain, et d’une présence de clubs et associations de dégustation dans autant de grandes écoles ? Ces associations œnologiques sont devenues des organisations à part entière pilotant souvent 1 à 2 dégustations par semaine, des repas, un voyage dans le vignoble, des présentations par les vignerons ! L’ESSEC pilote près de 350 membres dans son association de dégustation. A l’EM Lyon, on fait appel au coaching d’un sommelier pour l’apprentissage de la dégustation. Un caviste intervient à l’Université d’Assas pour les bases de géographie viticole et d’œnologie. Quant à L’ENSou Polytechniques, ils organisent même des mini-salons où sont invités plusieurs producteurs !

L’enthousiasme, l’énergie, les moyens même qu’ils consacrent au vin dans un modeste budget d’étudiants laissent pantois. En particulier à l’étranger. A l’Université de St-Andrew (Écosse), pas de sponsoring ou de parrainage possible sous forme d’envoi d’échantillons par des vignerons, et ce sont 80 à 90 £ que les étudiants consacrent aux dégustations hebdomadaires. Le budget d’achat d’Oxford (avec des prix pourtant bien négociés) dépasse les 3000 £ ! A la « Wine Society » de la Chinese University of Hong Kong, chaque bouteille (3 par dégustation) coûte entre 30 et 50 £. Héroïque !

Des pros de l’œno

A ce niveau d’implication, correspond, on s’en doute un niveau œnologique de haute volée.
Comme chaque année, le concours commence par des questions théoriques implacables, qui scannent aussi bien des connaissances techniques, géographiques, historiques, que de la culture générale : Combien de bulles il y-a-t-il dans une flûte de 10 cl de champagne ? Quel vin a atteint l’année dernière la cote la plus élevée aux ventes aux enchères d’Ideal Wine ? Quel est le nom du second vin de Cos d’Estournel ? Dans quel pays trouve-t-on la Yara Valley ? Quel est le nom du cépage importé d’Anjou le plus planté en Afrique du Sud ?

Suivent des dégustations à l’aveugle sur des vins d’exception (voir liste en fin), avec, là aussi, des questions qui n’ont rien à envier aux plus grands concours de sommellerie !

L’épreuve reine sur les 4 équipes finalistes est une dégustation commentée de deux vins mystère. Cette année, un Bollinger Grande Année Rosé 1995 et un Porto Single Harvest 1972 de Symington. Même Gérard Basset, Meilleur sommelier du Monde 2010 et président du jury est sidéré, comme nous l’étions tous au jury, par la haute volée des commentaires de dégustation et les accords mets-vins.

Au final, deux universités françaises (Essec et EM Lyon) et deux universités anglo-saxonnes (Oxford et Cornell) montent sur le podium, mais c’est Cornell qui réalise la performance la plus éblouissante, avec un descriptif somptueux du Bollinger rosé Grande Année rosé 1995 (robe saumon aux fins reflets oxydatifs, nez de fraise séchée, de cranberries et groseilles, une délicatesse veloutée de texture et fraîcheur à la fois) ; un porto Single Harvest 1972 à la teinte tourbée unique porté par des notes balsamiques, à la bouche d’amandes caramélisées, grains de café torréfiés, une finale dynamisée par ses petits amers et une fine sucrosité. Des accords mets-vins pertinents et bien expliqués (fin saumon poché, sauce béarnaise pour le premier, tiramisu pour le second). Last but not least, leur proposition sur les vins (Bollinger Grande Année Rosé 1996 et Madeire 1975) n’était pas loin de la réalité. Respect !