Vendredi 20 Décembre 2024
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04.05.2017
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Passé le choc du gel, un peu partout dans le vignoble de Loire, l’heure est aux réunions de crise. Il faut gérer le court terme, tout en préparant l’avenir de la filière.
En Touraine, les équipes vont s’appliquer à recenser les situations individuelles particulièrement délicates, « ceux qui sont à plus de 120% de pertes en 2 ans », explique le directeur Guillaume Lapaque.
Pour faire quoi, au juste ? « On n’attend pas beaucoup de secours », préviennent tous les vignerons interrogés. Même s’il est décrété, l’état de catastrophe naturelle « ne changera rien ». « Si c’est encore pour faire 25 réunions et obtenir 1€ d’abattement sur la taxe foncière du non-bâti… » souffle un professionnel. « En 2016, ça a représenté 600000€ d’impôts non perçus par l’Etat. Ce n’est pas négligeable, mais nos pertes ont été évaluées à 150 millions d’euros », relativise Guillaume Lapaque.
Les assurances, pour ceux qui en ont pris, permettront de payer les salariés. Mais elles « ne remplacent pas le vin qu’on n’a pas », explique Jean-Jacques Bonnet, vigneron du Muscadet.
Et si ces « dérèglements climatiques » devenaient la norme ?
Où trouver du raisin ? Dès les premiers jours, les vignerons ont commencé à y réfléchir. Cette option du négoce n’est valable que dans les appellations où le gel a frappé de façon inégale, ou pour les vignerons prêts à sortir de leur AOC ponctuellement. « Ça va être la foire d’empoigne », prédit une vigneronne.
Mais au-delà du millésime entamé et du manque à gagner, le gel à répétition, une rareté historique, tout le monde en convient, vient semer le doute : et si ces « dérèglements climatiques » devenaient la norme ?
Sur son profil Facebook, le vigneron de Cheverny Thierry Puzelat (Clos Tue-Bœuf), frappé sur 90% de son vignoble jeudi matin, fait ainsi les comptes avec colère : « Onze années de gel depuis 91 dont trois gels noirs. Pour mémoire le père Puzelat en a connu 6 ou 7 entre 45 et 89. »
A Quincy, évoque Benoît Roumet (BIVC), les tours antigel ont tourné « 50 heures en 10 jours » (et ça a marché, d’ailleurs), contre « 50 heures en 20 ans » pour les plus anciennes. « Notre modèle économique est basé sur l’idée qu’on peut compter sur 9 millésimes sur 10, résume Guilllaume Lapaque. Si ça devient 7 sur 10, l’économie viticole ne tient plus. »
Court terme et moyen terme, individuel et collectif, le combat contre le gel est loin d’être terminé en Loire, vignoble inquiet pour son avenir… « C’est surtout ça qui nous met le moral dans les chaussettes, souffle un pro… Où va-t-on ?»
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