Dimanche 24 Novembre 2024
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05.05.2017
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Pierre Lurton, le patron des châteaux Cheval Blanc et Yquem, est aussi propriétaire en Entre-Deux-Mers. Une semaine après le gel qui a fait des ravages sur sa propriété, il n’en garde pas moins un moral d’acier et des idées pour gérer ce coup dur.
« Je ne suis pas un paysan à plaindre. On va trouver des solutions et essayer de se battre! » s’exclame, combatif Pierre Lurton, une semaine après le gel qui a frappé en plein cœur le vignoble bordelais. A Marjosse, sa propriété à Tizac-de-Curton, dans la partie ouest de l’Entre-Deux-Mers, le bilan est rude. Les 10 ha blancs ont été gelés à 60% et les 38 ha en rouge à 65%.
Malgré ce tableau, le propriétaire se refuse à « dramatiser ». Se remémorant le terrible gel de 1991, alors qu’il venait tout juste d’acquérir Marjosse, il se souvient de la belle surprise sur les blancs. « En blanc, on avait finalement fait une belle récolte. Les contre-bourgeons avaient très bien fonctionné. » Honnête, il concède néanmoins que « ça avait été plus compliqué sur les rouges », tout comme ça risque de l’être sur ce 2017. Son alternative ? « Marjosse se construit sur les terroirs de Marjosse, dont peu ont été épargnés, à l’exception du coteau de Marjosse, qui fera du bon vin. Mais rentrent aussi dans la composition de Marjosse des fermages périphériques assez qualitatifs, dont certains n’ont pas été gelés. Cette année, j’aurai peut-être moins de vin dans le cœur de Marjosse, mais plus de vin venant de ces fermages périphériques » prédit-il.
Quelle quantité ?
S’il croit donc encore fermement à la possibilité de « déboucher sur des vins de qualité », Pierre Lurton ne peut en revanche nier que la quantité n’y sera pas. « Cette année, je pense garantir la moitié de la récolte, soit en blanc environ 50 000 bouteilles là où il en sort généralement 80 000, et en rouge 120 000 pour 240 000 une année classique. » Pour absorber ce manque-à-gagner, il compte sur les stocks, fort heureusement abondants sur les deux précédents millésimes. « En 2015 et 2016, on a fait des déclarations de récolte maximums, ce qui nous a permis de sortir beaucoup de bouteilles. 2016 vient tout juste d’être mis sur le marché et on en a gardé pas mal de façon à tamponner un peu. » Et d’ajouter : « j’achète également du vin pour faire des marques. Tout cela va me permettre de compenser. »
Quelles aides extérieures ?
Si le propriétaire a les capacités financières et le stock pour absorber les pertes de ce millésime 2017, il sait bien qu’il est un privilégié. « Globalement, je me serais volontiers passé de ce gel, mais je suis plus inquiet pour les gens qui n’ont que leur 2017 et comptent dessus pour renouveler leur ligne de crédit. Ça risque d’être compliqué pour eux » déplore-t-il. Quelles solutions alors ? « Les assurances existent, mais je n’y compte pas énormément. Il va en revanche falloir que l’État fasse des efforts pour ces paysans-là, car ils vont se trouver dans des situations économiques dramatiques. J’aimerais que les pouvoirs publics nous laissent certaines possibilités, dans les achats de récoltes notamment. Et que les banques jouent leur rôle, au niveau des prêts et remboursements, en permettant de les espacer. » Autant de sujets qui seront très probablement abordés lors de la réunion de crise prévue ce vendredi à la Chambre d’agriculture de la Gironde en présence du préfet, des services de l’État (douanes, impôts…), des assureurs, des banquiers, de la Sécurité sociale agricole (MSA) et des organisations professionnelles.
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