Accueil Gel en Gironde : l’heure du premier bilan

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

06.05.2017

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Une réunion de crise s’est tenue hier après-midi à la Chambre d’Agriculture de la Gironde pour dresser une évaluation des dégâts et envisager les mesures à adopter.

Deux mots d’ordre : réactivité et solidarité. Une semaine après le gel qui a largement frappé le vignoble bordelais, l’heure était ce vendredi à une appréhension plus précise des dommages et à la proposition d’un éventail de solutions rapidement mobilisables. Face à l’ampleur du sinistre, les acteurs girondins ont joué la carte de la concertation. Services de l’État, collectivités, CIVB, Fédération des Grands Vins de Bordeaux, syndicats viticoles et agricoles (FDSEA, confédération paysanne, coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs), MSA, Groupama, banques et autres partenaires ont tous répondu à l’invitation de la Chambre d’Agriculture.

Si l’évaluation de l’étendue des dégâts est encore partielle, fruit des recensements menés par la Chambre d’Agriculture, corroborés par les enquêtes des syndicats viticoles notamment, elle tend à confirmer les premières estimations selon lesquelles près de la moitié du vignoble bordelais est touché. Selon les déclarations à l’AFP de Yann Le Goaster, directeur de la Fédération des grands Vins de Bordeaux, la perte atteindra au minimum celle enregistrée en 2013. « Cela fait plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires potentiel perdu en deux nuits. On mesure l’impact pour l’économie. C’est évidemment la filière viticole et tous les fournisseurs de la filière » qui sont concernés, a-t-il estimé.

Cartographie des zones gelées

« Il n’y a pas une zone de Gironde qui n’ait pas été touchée », a souligné Yann Le Goaster. La rive droite apparaît très impactée de façon globale, avec une majorité des parcelles dont la récolte a été endommagée de 50 et 100%. Le Libournais a été lourdement touché en vallée de Dordogne et dans sa partie nord, mais aussi dans les parties basses de Saint-Emilion, des satellites, du Fronsadais, avec de nombreuses zones impactées à plus de 80%. Les Blayais-Bourgeais-Nord Gironde paient aussi un lourd tribut avec plus de 50% du vignoble fortement impacté sur toute la zone. En Entre-Deux-Mers, plus de 50% des parcelles sont très fortement atteintes, mais de façon très hétérogène dans la même commune et la même exploitation, avec notamment des plateaux et des côtes épargnés.

Rive gauche, Pessac-Léognan, Graves et Sauternes sont très fortement touchés. Dans le Médoc, les effets du gel ont été plus hétérogènes. Les zones intérieures ont été sévèrement touchées jusqu’à 80-100% sur de grandes surfaces (notamment le sud Médoc et particulièrement Margaux), alors que le nord Médoc et les vignobles sur l’estuaire ont été relativement épargnés, sauf dans leurs parties basses.

Quelles mesures?

La concertation des différents acteurs lors de cette réunion exceptionnelle a permis de mettre à jour un éventail de mesures variées. Au premier rang de celles-ci, les assurances multirisques et gel, qui restent « le principal moyen de se prémunir de lourdes conséquences pour les exploitations. »

Malheureusement, « la plupart des agriculteurs n’est pas assurée pour les sinistres climatiques. » Autre mesure : la procédure des calamités agricoles réservée aux cultures non-assurables et aux pertes de fonds (en cas des pertes occasionnées par des événements météorologiques d’importance exceptionnelle contre lesquels aucune protection suffisante n’a pu être mise en œuvre.) Du côté des mesures financières, ont été évoquées des mesures fiscales (fiscalité des indemnités d’assurance, dégrèvement de la taxe sur le foncier non-bâti, mobilisation de la Déduction Pour Aléas (DPA)), des reports de cotisations ou prises en charge de cotisations sociales, ainsi que la mise en place du chômage partiel pour la main d’œuvre. Ont également été mentionnés la prise en charge d’intérêts des prêts (Fonds d’Aménagement des Charges (FAC), mais aussi d’autres mesures telles que les prêts de trésorerie, le report d’annuités, ou l’aménagement de l’endettement.

Côté production, ont été citées les autorisations d’achat de vendanges, les Conventions de Mise à Dispositions (CMD) de parcelles de vigne entre viticulteurs, la mobilisation du Volume Complémentaire Individuel (VCI) pour compenser une partie de la perte de récolte, mais aussi la restructuration du vignoble (possibilité de reporter d’une année les plantations initialement prévues). Des aides du Conseil Régional et du Conseil Départemental sont aussi escomptées.

Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine doit également tenir une réunion le mardi 9 mai, avec les professionnels des filières concernées, pour évaluer plus précisément l’ampleur des dégâts, non seulement pour les vignes mais aussi les vergers.