Vendredi 20 Décembre 2024
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24.07.2017
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Bordelais, mais aussi Charentes, Alsace et Jura : les vendanges devraient être lourdement pénalisées cette année par les gels du printemps et les volumes de vin attendus pourraient être « historiquement bas », selon le ministère de l’Agriculture.
« À 37,6 millions d’hectolitres, la récolte 2017 devrait être inférieure de 17% à celle de 2016 et de 16% à la moyenne des cinq dernières années », indique Agreste, le bureau des statistiques du ministère, dans sa dernière parution.
Cette récolte serait alors « historiquement basse et inférieure à celle de 1991, concernée elle aussi par un gel sévère », souligne Agreste.
Tous les bassins viticoles ont été touchés par un gel sévère au printemps. Mais les bassins du Sud-Ouest, notamment du Bordelais et des Charentes, mais aussi ceux d’Alsace et du Jura seraient les plus affectés. Des pertes dues à la grêle sont aussi à prévoir en Bourgogne-Beaujolais, Sud-Ouest, Languedoc et Sud-Est.
Et les vignobles du pourtour méditerranéen sont affectés par un autre phénomène, également lié à un aléa météo, la « coulure », c’est-à-dire la chute des fleurs ou des jeunes baies, due en général à un incident au moment de la floraison et de la fécondation. Ce phénomène touche particulièrement les cépages grenache de la vallée du Rhône.
Dans le détail, les vins pour eaux de vie (comme le cognac) devraient être les plus touchés par la chute de la récolte.
Selon les estimations du ministère, la récolte de vins pour eaux de vie devrait, en effet, chuter de 31% à 5,36 millions d’hectolitres, contre 7,72 millions hl en 2016 et 8,21 millions hl en moyenne entre 2012 et 2016.
« Août fait le raisin, septembre le vin »
Pour les vins AOP (appellation d’origine protégée), le recul devrait atteindre 12%, à 18,45 millions hl contre 20,9 en 2016. La récolte des vins IGP (indication géographique protégée) devrait baisser de 15%, à 10,89 millions hl contre 12,8 l’an passé.
Enfin, pour les vins sans indication géographique, la diminution de production est estimée à 27%, à 2,9 millions hl contre 3,9 millions en 2016.
Pour tenter de dédramatiser, le sommelier Philippe Faure-Brac, qui a remporté le concours de meilleur sommelier du monde en 1992, a rappelé à l’AFP ce dicton de vigneron: « Août fait le raisin, septembre fait le vin. »
« Il est encore trop tôt pour tirer une conclusion sur la qualité du vin de cette année qui dépendra du climat jusqu’aux vendanges, et des conditions de récolte. Pour l’instant, les conditions climatiques ne sont pas mauvaises du tout, mais sur la quantité, ce sera économiquement très tendu, c’est sûr », a-t-il dit à l’AFP.
L’année 1991 fut un « mauvais cru », non seulement en raison du gel, mais aussi de « conditions de récoltes pas terribles », a-t-il rappelé.
Principal espoir de rééquilibrage, les systèmes de « réserves » pratiqués par certains vignobles (par exemple, le chablis ou le champagne), où une partie du vin est gardée d’une année sur l’autre sans être commercialisée, comme assurance. Cela permet de lisser l’incidence des aléas climatiques.
« Comme 2016 était un grand millésime, cela permettra dans certaines régions de réguler les volumes et la qualité », a estimé M. Faure-Brac.
Mais toutes les régions ne pratiquent pas ce système. Et les viticulteurs français sont loin d’être tous assurés contre le gel ou la grêle : seuls 25% d’entre eux le sont.
Certaines propriétés qui ont « peu de stock », « peu de trésorerie », et qui ont déjà subi un gel ou de la grêle l’an passé vont être en situation « difficile », a relevé Bernard Farges, président du comité national des AOP/AOC.
« Nous travaillons avec le ministère pour mettre sur pied des mesures structurelles passant par une amélioration du régime assurantiel et du régime fiscal d’épargne », a-t-il dit.
Ces mesures ne régleront pas le problème de cette année. Et il sera d’autant plus difficile à gérer que l’appel aux fonds solidarité de calamité naturelle n’est pas possible non plus, puisque ces dégâts sont théoriquement assurables.
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