Dimanche 24 Novembre 2024
(Photo Archive Sud-Ouest)
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08.10.2017
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Environ 200 personnes ont participé dimanche au cœur du Médoc à une « marche blanche » contre les pesticides, où la sœur d’un ouvrier viticole décédé d’un cancer rare a annoncé son pourvoi en cassation après un arrêt de la Cour d’appel rejetant le lien avec les pesticides.
« Pesticides pulvérisés, enfants exposés, santé menacée = Assez ! », clamait une banderole, derrière laquelle les 200 marcheurs, selon des estimations concordantes, ont traversé le village de Listrac-Médoc, entouré de vignobles prestigieux.
La marche était co-organisée par neuf organisations, au premier rang desquelles Collectif Info Medoc Pesticides, fondée par Marie-Lys Bibeyran, sœur d’un ouvrier viticole décédé en 2009, à 47 ans, d’un cancer contracté dix mois plus tôt, et Alerte aux Toxiques, fondée par Valérie Murat, fille d’un vigneron décédé en 2012 d’un cancer dont le caractère professionnel avait, lui, été reconnu.
Mme Bibeyran a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation contre un arrêt de la Cour d’appel de Bordeaux, qui a rejeté en septembre le lien entre l’utilisation de pesticides et le cancer de son frère. La Cour avait estimé que la famille Bibeyran n’avait pas « rapporté la preuve d’éléments établissant la réalité d’un lien de causalité entre l’exposition aux pesticides » et le cancer, un cholangiocarcinome.
Au-delà du cas de son frère, ce pourvoi « est un devoir pour tous les travailleurs des vignes, pour qui la reconnaissance de maladie professionnelle est un droit, et ne doit pas devenir une faveur », a déclaré Mme Bibeyran à l’AFP.
« Le dossier ne peut pas se refermer comme ça », a-t-elle affirmé, assurant qu’en dépit du revers judiciaire récent, la prise de conscience anti-pesticides s’accroît dans le vignoble et dans le public, qui en a « marre de ce déni, de cette omerta ».
Dominique Techer, représentant de la Confédération paysanne, associée à la marche de Listrac, a affirmé que « les mentalités dans le monde agricole ont beaucoup évolué ». « Depuis un an et demi, deux ans, de plus en plus d’agriculteurs, même en non-bio, veulent faire des programmes sans (substances) cancerogènes, mutagènes ou toxiques ». « Il y a aussi une réelle inquiétude sur l’exposition, le sort des enfants, inquiétude palpable au sein des couples d’agriculteurs », a-t-il expliqué.
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