Décès de Jean-Louis Charmolüe, ancien gérant de Montrose et propriétaire de Château Romanin

« Être visionnaire n’est pas à la portée de tous » aimait à dire Elizabeth Gaskell, romancière britannique, tout en ajoutant que « cela révèle une âme, un être qui n’est pas limité à ses sens ». Cette maxime pourrait parfaitement s’appliquer à Jean-Louis Charmolüe.

Né en 1935, dans une grande famille médocaine, il fut le gérant de Château Montrose, Second Cru Classé en 1855, propriété de sa famille depuis 1896, dont il prit les rênes juste après ses études d’agronomie.

Devant l’ampleur de la tâche (vignoble en mauvais état, outil de production inadapté) il releva les manches et s’attela à repenser, moderniser, ajuster l’ensemble du domaine. Il fut le premier à croire en un cépage venu de la rive droite, le merlot, qui permet d’arrondir les vins et de gommer cette austérité tannique qui pouvait amoindrir les qualités organoleptiques des vins, notamment pendant les dégustations primeurs.

Dans les années 1970, il lutte avec ferveur et courage contre les ravages d’une crise économique mondiale. Face aux difficultés, il garde le niveau qualitatif de Montrose, le hissant même parmi les plus grands vins du Monde.

Mais devant l’ampleur de la tâche, il préfère céder en 2006 la propriété aux frères Bouygues, certain que ses efforts seraient mis en exergue par des moyens qu’il n’avait plus. Ils seront la troisième famille à posséder Château Montrose depuis sa création en 1815.

Amoureux de la Provence, qu’il découvrit dès 1955, il achète Château Romanin avec son épouse Anne-Marie. Cette belle endormie, sur le terroir des Alpilles, en appellation Baux-de-Provence, sera son nouveau terrain de jeu. Là, il continuera l’oeuvre entreprise dès 1988 par une conduite de la vigne en biodynamie et restructurera le vignoble. Il investira, beaucoup, réfléchira, comme toujours, et réalisera un travail extraordinaire. Aujourd’hui, Château Romanin est un domaine majeur en Provence grâce à son travail, à celui de son équipe et aux investissements consentis.

Son âme, son être, ne se limitait pas à ses sens. Jean-Louis Charmolüe avait l’amour de la terre. Il ne faisait qu’un avec elle. Il fut un visionnaire, un vigneron de très grand talent. La viticulture bordelaise, provençale et mondiale lui doit beaucoup.

A son épouse Anne-Marie, ses enfants et à Franck Breau, le directeur d’exploitation ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe de Château Romanin, Terre de Vins présente ses plus sincères condoléances.